Jamais à court de glose, la France s’apprête à entamer un de ces débats qu’elle goûte. Au sortir d’une succession de polémiques qui ont altéré la figure présidentielle, le débat sur l’identité nationale se pressent comme une reprise en main de l’opinion. L’occasion faisant le larron, l’approche d’un scrutin régional ne doit pas être pour rien dans cette entreprise. Ce débat parce que complexe et sulfureux, a un impérieux besoin de sérénité. Est-ce qu’une période électorale est un moment propice pour l’entreprendre ? J’en doute. Un débat comme celui-ci supporterait difficilement l’étroitesse de l’enclos des chicanes politiciennes.
Derrière cette future braderie verbale, il y a un enjeu politique certes. Il dissimule néanmoins plusieurs épouvantails : l’immigré et les ratés de l’intégration. L’Islam est à sa place dans la table de la République. Le voile, la burka et leur intrusion dans l’espace public. La violence endémique des banlieues avec ses escortes de malaises sociaux.
La difficulté d’aborder aujourd’hui la question de l’identité française repose sur une ambiguïté. Sera-t-elle abordée sous l’angle de l’identité nationale ou le sera-t-elle sous celui de l’identité républicaine? Dans l’un des cas comme dans l’autre, on est nécessairement dans une forme de parti-pris. La première option prend le plus souvent le risque d’avoir recours au sang, à la race et à l’histoire éternelle vercingétorixisée. Elle fait partie de l’héritage de la droite et surtout de l’extrême droite. La seconde convoque les lumières, la raison et l’intelligence. Elle est généralement attribuée à la gauche. La première conception évoque mythiquement une dimension immortelle et figée. La seconde intègre les mutations et les changements. Si la seconde fait partie de la vie et du mouvement. La première exhale une odeur de mort qui statufie.
La vérité, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a pas de Français «unidimensionnel» pour reprendre le terme de Marcuse. La France panachée est une évidence intégrée par toutes les dimensions de la société sauf qu’elle continue à indisposer les politiques, toutes tendances confondues. A moins que cela ne les arrange cyniquement. Sur les vingt dernières années, la France bigarrée est devenue un récurrent alibi sur lequel sont transférées toutes les difficultés et les insuffisances. Si non, comment comprendre toute la rhétorique sur la diversité si ce n’est comme simple habillage langagier pour usage démagogique ? Si non, comment concevoir toutes ces figures de la diversité avec Dati, Fadela et Rama Yade si ce n’est comme des totems fétichistes promptes à égayer la galerie?