Chroniques

Label marocanité : Une femme d’avenir

Il y a le marronnier journalistique qui abuse des rétros et qui désigne le ou les personnages de l’année écoulée. Esprit de contradiction oblige, je parlerai, en cette fin d’année, d’une femme française et d’avenir.
Elle a un sourire étourdissant. Elle est belle et délicate, ce qui est rare en politique. A 52 ans, cette fille de militaire et d’une famille de huit enfants, fait bien moins que son âge. Pointue et souvent alerte sur les questions de société, avec parfois un brin de conservatisme, elle n’en a pas moins les airs d’une femme ultra moderne. Mère, elle n’est même pas mariée avec le père de ses quatre enfants, son compagnon depuis 30 ans.
Dans les couples de la République, son ménage constitue une singularité. Lui, son compagnon, c’est lui. Il est le patron et le premier secrétaire du parti socialiste français. Elle, c’est elle. Avec son propre nom, son propre prénom, ses propres  victoires électorales, ses parcours ministériels, sa propre circonscription, sa propre Région où elle accéda à la présidence en se payant le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
Lui, c’est Hollande, François Hollande. Elle, elle s’appelle Royal, Ségolène Royal. Un nom monarchique dans une République régicide et orpheline de monarque. Elle n’hésite pas à faire un usage balistique de son nom contre ses adversaires politiques. Elle eut cette phrase subtile et cinglante «je n’ai pas de particule, mais je suis Royal». Je lui ai posé la question à qui elle pensait avec cette formule. Elle me répondit « à De Villepin»
Si d’aventure les socialistes n’ont pas de projet pour 2007, Ségolène pourrait être leur atout maître. Ne serait-ce que parce qu’ils auront innové. Ne serait-ce que parce que c’est une femme. Et s’il devait y avoir une vraie rupture, mot cher à Sarkozy, l’élection d’une femme comme Présidente saurait parfaitement l’incarner. Quand elle chuchota, dans Paris-Match, ne pas exclure de se présenter à la candidature suprême, les railleries et lazzis les plus rudes ne sont pas venus de la droite, mais de son propre camp. On retiendra, dans l’assortiment des javelots, quelques phrases qui vont de la plus gentille «Plus on est des fous, plus on rit», à la plus misogyne et donc obscène dans la bouche d’un homme de gauche «Mais qui va garder les enfants?» jusqu’à la plus insultante et grossière «Ça sera comme pour la mère Merkel, pan dans le popotin». C’est le sénateur Michel Charasse, ancien proche, très proche collaborateur de François Mitterrand qui a proféré cette ânerie erronée. On a vu ce qu’est devenue Angela Merkel.
Ses amis l’appellent la «zapatera». C’est un prédicat inventé par Hollande, réputé pour sa vélocité linguistique et son humour. Ses adversaires la qualifient de «zapaterreur» tellement elle peut être dure dans le combat politique.
On prenait sa sortie, dans Paris-Match, pour un caprice. Un sondage d’un grand institut l’a placée devant tous les autres socialistes. Elle est ainsi rentrée, comme par effraction, dans le carré, un rien petit, des présidentiables.
En très peu de temps, Ségolène est devenue la reine Royal…Sans «e» s’il vous plaît.

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