Chroniques

Label marocanité : une réunion indigne

Car, il n’y a pas de doute. Il sera candidat. Il sait, lui, que la peur est un vecteur de mobilisation irrationnelle. Et qu’à force d’agiter la peur, surtout la peur de l’autre grimé en danger potentiel, on peut même aboutir à ce que les gens abandonnent des parcelles de leurs libertés individuelles, voire d’accepter l’inacceptable pour protéger le «modèle de société», «la démocratie», etc., etc. Le rétablissement de l’ordre, engagement de droite coutumier, frise désormais avec le vœu pieux. Non seulement cette expression est maladroite tant elle sied à des situations insurrectionnelles, mais en plus, si en France désordre il y a, il est d’abord social. Depuis trente ans, les cités reviennent au-devant la scène par la violence éruptive, chronique et presque ritualisée. Elle se nourrit, cette violence, du désordre social. Elle fait peur parce qu’elle ravitaille le sentiment d’insécurité à laquelle ne peut venir à bout que le sentiment de sécurité. Dans les deux cas, on est dans le registre du sentiment. Si le sentiment d’insécurité se cultive aussi par le discours et les remontrances politiques qui en constituent un puissant adjuvant. Le sentiment de sécurité ne se construit pas, lui, par le partage de l’équité et l’idée de justice. Et c’est cela que la droite ne veut pas assimiler. Tant va la cruche à l’eau qu’elle se brise. Désemparée, la droite française est devenue folle. Chirac ! Au secours ! Reviens. Il faut leur dire qu’ils sont les vrais perdants de l’escalade. Et l’escalade maintenant est hors-norme. Suite à la mort de deux jeunes, l’un maghrébin et l’autre gitan, on tire maintenant à balles réelles sur les forces de l’ordre. On s’attaque à la maréchaussée à coups de hache. On lance, comme à Grenoble où circule, paraît-il, une arme de guerre, un «contrat», dans le sens mafieux ou fatwa du terme, pour tuer coûte que coûte un policier pour venger un voyou décédé suite à un braquage d’un casino. Au lieu d’y faire face avec calme et détermination, on organise des réunions subterfuges au sommet de l’Etat pour définir le traitement qu’on doit réserver à une catégorie précise de la population, la minorité des minorités. C’est grave. C’est une faute politique. Dans la forme comme dans le fond, cette réunion dégage des fragrances malodorantes de loi d’exception. Tant qu’à faire, si aujourd’hui on le peut faire pour les gens du voyage qui sont dans leur immense majorité des Français. Pourquoi pas demain pour les Maghrébins de France ? Et plus tard… pour les Juifs de France comme en 1940 ?

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