Chroniques

Label marocanité : Wanted

Je n’ai personnellement jamais douté de cette légère absence d’épaisseur politique de Rachida Dati. Dans ces mêmes colonnes, sans pour autant lui manquer de respect, je l’avais qualifiée, au lendemain de sa nomination, de produit politique plutôt que de femme politique. Que les féministes me pardonnent !
Il est vrai, cependant, que cette femme incarne, dans la société médiatico-politique française, des symboliques multiples qui vont au-delà de ses frêles épaules et qui la dépassent elle-même. Son sourire, bien que ravageur et lipstické, ne saurait alléger ce tonnage symbolique. C’est tout de même dingue. Ne veut-on pas lui faire incarner l’exemple d’une intégration à la française qui, à défaut de réussir par le bas, se veut imposée par le haut ? Sa nomination, au-delà de la récompense de sa loyauté, ne participe-t-elle pas, dans la tête de Sarkozy, plus du coup politique que du ressort idéologique? Ne doit-elle pas, dans le même temps, symboliser le signe d’une méritocratie républicaine valable pour tous, du moment que chacun y mette du sien ? Elle doit, de plus, symboliser la réparation de ce fameux ascenseur social qui s’est bloqué aux premiers étages des cités lépreuses et des banlieues de désespérance. Elle doit matérialiser la modernité dans une société qui fut en paix avec sa laïcité jusqu’à l’arrivée de ce satané foulard qui s’est déferlé sur elle comme le ferait une rougeole sur la figure d’un enfant. Le poste qu’on lui a confié est en soi une audace inespérée. Jamais dans l’histoire de la France un tel maroquin ne fut confié à quelqu’un d’extraction populaire. Elle est devenue elle, la fille d’un ouvrier marocain de Sbata, garde des Sceaux. Elle a eu le privilège de parapher de sa signature la Constitution française, suite à sa modification. Tout cela est lourd. Très lourd. Et cela ne fait pas que des amis.
Et voilà qu’en plus, on lui fait jouer la chanson de Goldman de la femme qui a fait un bébé toute seule. Depuis quelques mois, elle est l’objet d’une enquête crasseuse. Le crime ? Etre enceinte, et c’est une audace supplémentaire, en dehors « des lignes rouges » ministérielles et musulmanes. On cherche donc le coupable de l’insémination. C’en est devenu la randonnée de la paternité. Une chasse en battue, cannibale et voyeuriste, qui dévore chaque matin un père potentiel. Tout le bottin mondain y est passé. Des patrons, des ministres, des chefs d’Etat, des acteurs… Et s’il n’y aurait pas eu Carla que Sarkozy  aurait été sur la liste. C’est la Star Acadamy des spermatozoïdes. Même notre ami Hamid Jamri, mi-amusé, mi-effrayé, y a eu droit. Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier cela : c’est dégueulasse.

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