Chroniques

L’autre jour : Festif

Abdelkrim Berrechid, auteur dramatique et surtout historien et critique de théâtre, a développé la notion de «Théâtre festif» au Maroc pour caractériser notamment une ambition de l’écriture et de la scénographie théâtrale marocaine fortement marquée par l’ambition intégrante de toutes les formes d’expression spectaculaire (chant, danse, conte, déclamation, improvisation, rituel…) dans le théâtre marocain. D’autres auteurs, malheureusement peu connus du lecteur et du public francophones, mènent des investigations très fouillées dans ce sens : Hassan Lemnii, le précurseur, Abdelkrim Benzidane, encyclopédiste en la matière et Hassan Bahraoui en pointe actuellement dans ce créneau. Le mérite d’une telle approche est multiple: il met en évidence l’esquisse d’un descriptif de l’aspect globalisant et pluriel de la culture marocaine, dans l’une de ses expressions qui s’adapte le mieux à la scène. Cet angle de vue met également en évidence une tendance profonde dans les diverses formes culturelles marocaines, dans leur déclinaison dite populaire ou dans les dérivés modernistes de ces formes; à savoir le caractère festif, de communion et de partage inhérent à ces expressions. Aïtas, moussems, halas…sont là pour témoigner de cette constante. Une approche qui va à l’encontre de cette tendance tristounette qui veut tout dramatiser et tout peindre en gris sous prétexte que les temps sont durs, que la «phase historique» s’accommode mal avec la «légèreté» et la «frivolité» et qu’on n’a pas l’esprit à la fête. Une tendance qui voit d’un très mauvais oeil toute tentative de vulgariser, dans l’acception péjorative du terme, la chose culturelle et artistique, sensée, dans l’esprit des tenants de cette thèse très exclusive et restrictive, obéir à une logique très sélective et élitiste. C’est dans cette même logique que des voix s’élèvent ici et là pour minimiser, voire dénigrer, les festivals culturels et artistiques sous prétexte qu’ils proposent des sous-produits culturels ou qu’ils mettent la pratique culturelle et artistique dans une logique événementielle et sensationnelle. Au-delà des motivations souvent de dépit qui animent de telles attitudes, il est nécessaire de rappeler que les festivals sont aussi une consécration de la notion de fête dans la vie des sociétés et des collectivités. Et s’ils n’avaient que cette seule fonction, ils seraient largement justifiés et bien-venus; tellement la notion de fête est «structurante» chez nous et qu’elle constitue l’une des composantes les plus enviées de notre identité culturelle.

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