…Qui ce matin avait déclose… ». Si Ronsard ressuscitait et venait au Maroc aujourd’hui, il ne reconnaîtrait plus cette magnifique rose qu’il avait si romantiquement décrite et si tendrement adulée. Notre rose marocaine, et avec elle, le parti qui la portait, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Année après année et pétale après pétale, elle a fini par perdre toute sa grâce et, partant, toute sa superbe. Même sa verve qui pendant longtemps lui servait de force de frappe, a fléchi à force de bégayer. Quant à ses épines, on a vraiment de la peine à les voir. Non seulement elles ne sont plus capables de piquer, mais dès qu’on les touche ou juste fait mine de les approcher, elles se rétractent et rentrent leurs petites têtes de peur de se faire couper les pointes devenues avec le temps invulnérables. Aïe ! Tu me fais mal ! Non, ça ne me fait pas rigoler. Jamais un homme de gauche – qui est, en général, aussi, un homme de goût – ne pourrait se réjouir de voir une si belle fleur se faner à vue d’oeil. Alors pleurons, prions et espérons.
A demain