Chroniques

Lettre de Marrakech : F. Wheeler, un diplomate anglais à Marrakech

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Comme nous l’avons souvent dit dans la lettre de Marrakech, notre ville attire beaucoup de monde. Ce sont des gens en retraite qui s’établissent ici après avoir fait le tour du monde soit par leur profession, soit en touriste et finalement décident de résider dans la perle du Maroc, ville rose ou ocre qui les éblouit. D’autres y viennent pour se reposer dans le calme et dans une ville qui présente charme et dépaysement mais aussi une antithèse entre le calme des grands riads ou grandes maisons et la vie trépidante et le brouhaha de la place Djamaâ El Fna et les souks, ce sont toutes ces choses qui font aimer Marrakech aux politiques et pas des moindres, aux artistes, aux businessmen, aux médias, aux écrivains, aux visiteurs touristes tout simplement. La ville de Youssef Ben Tachfine dont la signification du mot Marrakech veut dire : « Mour ou kouch » c’est-à-dire , : « Prends et part », semble inverser sa signification en cette fin du 20ème siècle, dix siècles après sa fondation, puisque maintenant les personnes qui viennent chez nous font tout à fait le contraire, ils viennent, ils prennent le charme, la beauté de la ville mais ils ne partent pas, ils restent tout simplement. Peut-être, qu’après tout ce temps, cette ville fortifiée, leur offre aujourd’hui la sérénité et la sécurité qui, naguère, n’existaient pas et qui sont encore meilleures que dans d’autres villes ailleurs, de part la planète. Aussi aujourd’hui, notre personnalité qu’on va présenter est anglaise pure souche et dont la vie ne la prédestinait nullement à vivre un jour au Maroc, à Marrakech c’est le fruit du pur hasard qui a amené Frank Wheeler, ambassadeur en retraite du Royaume de Grande-Bretagne à vivre dans la ville « Beauty Red » Marrakech. D’ailleurs c’est un cas particulier parce que n’ayant jamais été en poste chez nous, il s’est retrouvé en train de vivre dans une superbe maison de la Médina de Marrakech non loin de la Place Djamaâ El Fna avec sa superbe épouse équatorienne Susana. Par contre, Marrakech abrite des amis ambassadeurs, qui après leurs derniers postes au Maroc, ont décidé de rester ici à Marrakech en particulier et dont on aura certainement l’occasion de parler dans cette rubrique de la « lettre de Marrakech » comme nos amis, Mr Bartels, ex-ambassadeur d’Allemagne à Rabat et Mr Vreeland, ex-ambassadeur des Etats-Unis au Maroc. Frank Wheeler est un homme typiquement british, calme comme la Méditerranée et représente le parfait english qui parle peu, qui regarde et comprend. Il est né en Angleterre en 1937 pour ensuite vivre une enfance agréable au sein de sa famille. Après ses études secondaires et universitaires sans problèmes, il rentre au Foreign Office, le ministère des Affaires étrangères, à l’âge de 24 ans, donc jeune, c’était en 1961. Au sein de ce département il fait ses premières armes de service en service pour être affecté la première fois en Union Soviétique. Ce premier poste lui fait apprendre le métier et le mène ensuite en Europe, en Suisse pour continuer sa carrière de diplomate. Quelques années après, il se retrouve en poste en Nouvelle-Zélande et puis juste après il retournera en Tchécoslovaquie à Prague où il restera deux ans. La tournée diplomatique de début de carrière va se terminer, non loin de son pays puis il sera affecté au Royaume de Belgique avant d’être rappelé au sein du ministère des Affaires étrangères de son pays pour occuper un poste à l’échelon central comme inspecteur général du Foreign Office. C’est à ce moment là et avec son expérience de 18 ans à l’extérieur de l’Angleterre qu’il brille au sein de tous les services. Sa première nomination comme ambassadeur ne tardera pas à venir puisqu’en 1989, il est nommé en Equateur, poste qu’il gardera pendant quatre ans jusqu’en 1993. Sa connaissance des problèmes de l’Amérique du Sud et son intérêt pour les problèmes de cette région combien complexe, lui ouvrent la porte d’un grand pays sud-américain, le Chili où il est nommé ambassadeur en 1993. Là aussi, il va passer quatre années à Santiago, où il fera du bon travail qui va clôturer sa carrière diplomatique pour prendre sa retraite méritée et il revient à Londres. Un homme actif comme Frank Wheeler ne peut pas rester sans rien faire et comme les problèmes d’échanges économiques, l’intéressent énormément, il est nommé dès son arrivée à Londres comme directeur d’abord puis ensuite comme président de la Chambre de commerce anglo-chilienne. Sa connaissance du Chili en tant qu’ex-ambassadeur le prédisposait à prendre la responsabilité de ce poste et qu’il continue d’assumer de nos jours et ce depuis 1997. Frank Wheeler est aussi un grand sportif qui aime la marche et le football. Sa passion pour le ballon rond le pousse à s’intégrer dans les instances de la Fédération anglaise de football où il assure un poste d’international advisor. Il faut dire qu’avec ses occupations, Frank est aussi un passionné du jeu de cartes : le bridge, passion que l’on partage tous à Marrakech avec son épouse pour passer des moments agréables en pratiquant ce jeu de réflexion. Un jeu qui permet le rapprochement entre les hommes, abstraction faite de toute différence raciale ou linguistique. C’est ainsi que Frank et Susana, dont les quatre enfants vivent tous à l’étranger, ont choisi de vivre en plein coeur de la Médina de Marrakech car la vie marocaine les intéresse par sa culture et ses particularités. Ils ont choisi d’avoir un chez soi typiquement marocain dans un derb entouré d’une population bien traditionnelle mais l’entente et le respect mutuel entre la famille Wheeler et leurs voisins marocains sont parfaits. Ils passent leur temps à découvrir notre ville avec ses musées, ses rues, ses souks et ses habitants. C’est une nouvelle vie qui commence pour eux, pour découvrir autre chose que l’anglais ou le sud-américain. Ils mènent leur petite vie heureuse avec pas mal d’amis écoutant chez eux de la musique marocaine, le jazz ou encore de la musique classique. Quand j’ai demandé à Frank de me dire quelles sont les raisons qui l’ont poussé à venir vivre et être résident au Maroc, il me répond qu’après avoir grandi en Angleterre et avoir passé une vie diplomatique intense, il est venu passer des vacances au Maroc comme tous les touristes, alors il s’est produit un flash pour son épouse et lui-même en découvrant certaines belles choses à Marrakech qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs. Marrakech, dit-il est un lieu magique, de paix et d’ouverture. Certes, le Maroc a des spécificités particulières qui le différencie de chez nous ou encore du pays de mon épouse, mais il offre à l’étranger un accueil sans égal, une hospitalité sans limite et une relation cordiale, désintéressée avec la population. On se sent vite comme chez nous dépaysés par la beauté, les contrastes et le calme du pays mais nous ressentons aussi une impression de confiance, de bienvenue qui nous fait aimer ce beau pays de tolérance et d’antisectarisme. On ne se considère plus comme des étrangers mais nous nous sentons comme des Marocains nous mêmes, respectant les traditions et les coutumes locales. En plus avec la volonté de votre Roi, le Maroc est l’exemple même d’un pays d’accueil, havre de paix où l’on peut vivre à sa façon dans le respect mutuel avec un plus c’est celui de la qualité de vie qui est bien meilleure ici qu’en Europe ou ailleurs. Bien entendu, Frank et Susana ont vécu avec les affreux attentats du 16 mai et ne comprennent pas qu’au Maroc il puisse y avoir des choses aussi moches, aussi horribles dans un pays qui s’est lancé dans un processus moderne de démocratisation, d’évolution technologique et de développement économique. Il me déclare : « Les événements tragiques de Casablanca du 16 mai dernier nous ont choqués mon épouse et moi-même, nous qui vivons calmement en retraite ici à Marrakech, tout comme l’a ressenti l’ensemble de la population marocaine, comme nos amis Marocains nous les condamnons fermement et vigoureusement. Il n’existe pas de pays aussi pacifique comme ce beau pays, le Maroc, aussi il ne doit pas laisser place au terrorisme et doit faire tout pour s’immuniser contre ce genre d’attentats. Il faut sauvegarder votre pays, sa culture, son système royal, son hospitalité, son charme, sa tolérance et sa sérénité car c’est pour cela qu’on a décidé, il y a deux ans, de venir vivre ici avec vous. Ok, Frank, welcome et rassure-toi, tu trouveras toujours cela au Maroc.

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