Chroniques

Lettre de Marrakech : Germain : maire de Tours, un ami de Marrakech

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Le hasard fait bien les choses, dit la citation. En effet, l’homme dont nous allons parler, Jean Germain, actuel maire de la ville de Tours, a décidé de développer une large coopération avec Marrakech, suite à des rencontres d’hommes des deux villes. Au-delà donc des personnes qui ont oeuvré pour ce rapprochement, il faut dire que les deux villes sont anciennes, pleines d’Histoire et de civilisation et surtout d’attraits pour leurs visiteurs. Si nos amis marocains connaissent bien Marrakech, il faut qu’ils sachent que Tours est la ville la plus française de l’Hexagone, située entre la Loire et le Cher, ville de lumière, d’un ciel insaisissable et de tranquilité, un lieu des arts, de culture, de savoir-vivre et de traditions. Tours a eu sous Louis XI, son statut de capitale du Royaume, ville de l’industrie de la soie, ville de l’édition des livres religieux où séjournaient des grands noms tels que Léon Blum, ou bien avant Ronsard, Balzac, Rabelais ou Léonard de Vinci. Aussi Tours a toujours fasciné les hommes de toutes les époques et elle est devenue le berceau de l’humanisme, du débat et de la réflexion. Jardins de la France, Tours est une perpétuelle invitation à la découverte des autres et de soi-même. A ce titre, les deux villes de Tours et de Marrakech ont depuis quelques années développé une coopération bilatérale exemplaire de ce que l’on peut appeler : l’échange Nord-Sud. Grâce à la volonté des deux mairies, cette coopération s’étend à tous les domaines allant de la culture (trois peintres femmes marocaines ont exposé pendant un mois à Tours en novembre 2002), à l’environnement (des experts en jardins ont aidé à la rénovation du jardin El Harti de Marrakech), à l’aide (150 ordinateurs et 125 lits médicalisés ont été offerts par la maire de Tours à Marrakech) ou encore à l’échange d’expériences entre municipalités. Jean Germain, l’artisan de ce rapprochement est né à Tours le 11 septembre 1947 et ayant un frère et une soeur. Cet homme, dont le parcours est très intéressant, a eu une enfance marquée par deux personnes : sa grand-mère, une résistante, femme d’honneur et de conviction à qui il doit le goût de l’engagement politique, mais aussi son père, incarnation de la noble exigence du travail bien fait, de qui il a hérité le goût des choses simples de la vie, de l’amitié sincère, du plaisir de la pêche, de l’amour de la nature, particulièrement celle des jardins et surtout le respect des autres. Après des études secondaires et supérieures, Jean effectua son service militaire dans sa ville natale mais aussi le début de sa carrière universitaire en 1971 comme assistant puis maître-assistant à la faculté de droit et des sciences sociales. En même temps, notre ami Jean s’engage dans la vie associative et sociale, mais surtout politique (au sein de la convention des institutions républicaines et ensuite au sein du PS dès sa fondation en 1971 au congrès d’Epinal). Dans la vie de Jean, les choses vont s’enchaîner progressivement pour arriver à sa position actuelle où il excelle d’abord avec le respect de tous les citoyens de Tours. En effet, de 1982 à 1985 il a été chargé, en qualité de directeur des services du département de l’Indre, d’assurer la mise en plan des lois de décentralisation de ce département. Etant enseignant-chercheur actif, ses cours en droit constitutionnel et en finances publiques étaient grandement bien suivis par les étudiants. Signalons au passage et brièvement que Jean Germain a édité beaucoup d’ouvrages et de publications. A titre d’exemple, citons quelques-uns de ses écrits : en 1978, « Les idées politiques de Roger Vailland», en 1980, « Le Parlement européen», en 1985, «La CEE en crise », en 1987, «Le statut du personnel départemental», en 1988, collaboration constante au jurisclasseur des collectivités locales en 1990, perspectives pour l’enseignement supérieur en région centre, plus de nombreuses travaux juridiques de lois de décrets et de programme de développement technologique et industriel. On voit donc que l’homme Jean Germain, qui en 1983 a été nommé vice-président de l’université de Tours, a persévéré dans le travail pour être nommé au premier tour de scrutin de juin 88, président de la même institution. Notons et sans exagération que le passage de Germain comme président de cette université a apporté beaucoup. Nous essayerons de faire un arrêt sur les grandes étapes qui ont marqué son passage. Tout d’abord, en cette année 88, il y a eu un début d’afflux de très nombreux étudiants (de 20000 à 30000), d’où une grande diversification de filières de formation (2ème et 3ème cycles) et surtout l’obligation de réaliser un programme immobilier lequel a pris appui sur le contrat Etat/région et le schéma de l’université 2000. Aussi on a vu la réalisation de plusieurs facultés (droit, économie et des sciences sociales, de pharmacie, de médecine et des sciences et techniques). Jean a, par la suite, pratiqué une politique d’ouverture de son université vers le monde des entreprises pour activer les actions de recherches, de développement et de transferts de technologies. Comme exemple citons la mise en place d’un pôle de référence dans le domaine de la micro-éloctronique de puissance entre l’université de Tours et la société ST Microélectronics. Cette ouverture a été ensuite élargie aux questions internationales et notamment la construction européenne. Aussi et dans cette perspective, a été créée « l’université européenne de formation » qui avait pour but et pour objectif de promouvoir l’Europe de l’éducation et de la culture, d’aider à l’émergence d’une vraie citoyenneté européenne, avec l’apprentissage des différentes langues, clé de la réussite sociale et professionnelle, mais aussi de développer les actions de coopération qui facilitent le développement des pays moins nantis. Quand Jean Germain fut élu maire de Tours en 1998, et premier vice-président de la région centre depuis mai 1998, il n’a pas arrêté en dehors de la gestion de sa ville et de son développement, de nouer des coopérations actives avec des villes étrangères afin de continuer son action d’ouverture vers les autres et de créer ces échanges avec les pays du Sud dont Marrakech est l’exemple, à notre avis, de réussite dans ce domaine. Jean Germain est venu à Marrakech la semaine dernière pour revoir, certes une ville qu’il aime bien, mais aussi pour travailler et apporter avec lui un don intéressant de 150 ordinateurs et de 25 lits médicalisés pour notre ville. Nous signalons que ce premier don ne constitue qu’une petite partie d’un énorme stock informatique et surtout médical dont l’acheminement était bloqué pour une raison de transport conteneur, mais heureusement réglé grâce aux autorités locales de Marrakech, de certains intervenants économiques et de la ville de Tours. L’objectif, donc, de la ville de Tours, par la voie et la volonté de son maire Jean Germain est de contribuer à la réussite de la ville de Marrakech, de perpétuer cette coopération dans tous les domaines environnemental, universitaire et socioéconomique. Deux grands projets sont en cours de préparation pour l’année 2004 à savoir : « Les jeunes enfants en herbe», opération qui va intéresser des centaines d’enfants des écoles de Marrakech qui vont participer à un concours de dessins sur toile avec comme sujet : l’autoportrait. Toutes les réalisations vont orner la ville de Marrakech, occasion de découvrir sûrement des jeunes talents cachés. Une autre opération consistera à réaliser une coopération pour la production de fromage à partir du lait de chèvre dans la région montagneuse proche de Marrakech. Si les conventions de coopération entre les villes se limitent souvent à de belles cérémonies et des rencontres, on peut dire, sans se tromper qu’avec Tours les choses ont dépassé la cérémonie de fiançailles et on est en train de vivre un mariage heureux qui se concrétise par de beaux bébés de part et d’autre, ce sont ces actions, combien bénéfiques et donnant un vrai résultat sur le terrain. Jean Germain, l’intellectuel, le maire et le politique reste après tout un homme simple, celui qui élève bien ses deux enfants (Benoit et J. Edouard) qui trouve le temps de les suivre et de passer des vacances avec eux aux Sables-d’Olonne, c’est un homme qui aime la lecture de Balzac, de Victor Hugo ou encore de Flaubert et tant d’autres. C’est un lecteur qui puise dans la culture judéo-chrétienne, il aime la musique surtout celle de Chopin. C’est un homme qui aime la pêche, la cuisine et la botanique. De Marrakech, il dit : « C’est une ville extraordinaire, véritablement grandiose. J’adore la silhouette de la Koutoubia qui veille sur la ville jour et nuit. J’adore le brouhaha incessant des souks et le calme mystique des tombeaux saâdiens. C’est dans la médina que je ressens les émotions les plus fortes, au contact des Marrakchis. Evidemment, nous avons eu des discussions sur le Maroc et Jean reconnaît les avances faites dans la démocratie et il espère que le pays donne priorités aux plus méritants, aux hommes productifs et valables. Sur les événements du 16 mai dernier, inutile de savoir ce qu’il en pense, car sa condamnation de ces lâches gestes est sans équivoque et il ne peut l’admettre. Nous aussi, rassure-toi Jean, car tu seras toujours accueilli au Royaume du Maroc dans la paix, la sérénité, le respect et dans un pays démocratique comme le veut SM le Roi.

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