Chroniques

Lettre de Marrakech : hommage marrakchi à Alain Delon

© D.R

Indéniablement, Marrakech a occupé le devant de la scène médiatique durant toute la semaine écoulée avec l’organisation du 3ème Festival international du film dont la présidente n’est autre que la charmante Nathalie Baye qui déclarait : «Je suis heureuse d’être la présidente de ce festival, car j’aime, je connais le Maroc depuis plus de vingt ans, j’ai déjà eu le plaisir d’apprécier la véritable gentillesse et l’accueil des Marocains». Ce sont les mots qui sortent de la bouche de tous les participants : jury, artistes, producteurs… Voici une image du Maroc en général, de Marrakech en particulier qu’on se doit, nous Marocains, de sauvegarder et de défendre, car cet acquis n’a pas de prix pour l’évolution de notre pays et ce, grâce en particulier à S.M le Roi Mohammed VI qui ne cesse d’oeuvrer pour une image de paix, de tolérance et d’ouverture. Si on a eu la chance de voir défiler les stars et le gotha de la mode pendant cette semaine cinématographique, combien bénéfique et promotionnelle pour le pays, il y a parmi ceux-là des figures qui ont marqué l’histoire du 7ème art et parmi eux le grand Alain Delon qui était là pour recevoir un trophée en hommage à son parcours cinématographique. C’est ainsi que notre ami Alain Delon est né en région parisienne le 8 novembre 1935. Très tôt, il vivra la séparation de ses parents pour être confié à la famille Néreau à Fresnes et finir par se trouver dans un institut catholique. Après quelques études, il va s’engager dans la Marine française à 17 ans et aussitôt il part en Indochine pour revenir en France en 1956. Comme beaucoup de gens de talent, il essayera de faire sa vie dans des «petits métiers». Il ne va pas tarder à se faire remarquer par un certain Yves Allegret qui l’engage dans son film «Quand la femme s’en mêle». Ainsi va commencer le tournant de la vie de monsieur Alain Delon qui, comme on le sait, aura la célèbre carrière cinématographique réussie avec les plus grands de ce domaine comme, pour n’en citer que certains : Antonioni, Clément, Losey, Malle, Visconti, Verneuil, et bien sûr, beaucoup d’autres…L’année d’après, en 1958, il sera le partenaire de Romy Schneider dans «Christine», pour ensuite jouer avec la même actrice, en 1960, sur les planches de théâtre dans la pièce écrite par John Ford et dirigée par Visconti : «Dommage qu’elle soit putain». Cette pièce tiendra longtemps l’affiche parisienne avec le succès que l’on connaît. Alain Delon devient, à partir de ce moment, la grande star et va successivement tourner «Plein soleil» de René Clément adaptation du célèbre roman « Monsieur Ripley» de Patricia Highsmith et en 1961, il tiendra le rôle principal dans «Rocco et ses frères», film de Visconti et qui recevra le prix spécial du jury au festival de Venise. Les années suivantes, Alain Delon va encore tourner trois films à succès (entre 62 et 63). Tout d’abord, le film «L’éclipse» d’Antonioni (Prix spécial du jury de Cannes) puis «Le Guépard» de Visconti (Palme d’or du festival de Cannes) et enfin «Mélodie en sous-sol», sous la direction d’Henri Verneuil, film qui obtient la récompense du meilleur film étranger aux USA par la «Golden Globe». Pendant le tournage de ce dernier film, Alain Delon rencontre et fait la connaissance du regretté Jean Gabin. En 1964, peu de temps avant de tourner le film «La Tulipe noire» qu’Alain Delon rencontre la charmante Nathalie Canovas qu’il épouse et qui lui donne un garçon : Antony, non moins célèbre aujourd’hui, comme son père. Le couple Delon tournera en 1967 «Le Samouraï» de Melville, mais l’année d’après, c’est la séparation et le divorce. L’année 1968, très chaude par sa révolution estudiantine marquera le retour du maître Delon sur les planches pour jouer la pièce de Jean Cau : «Les yeux crevés», mais à cause des événements de mai 68, la représentation s’arrête vite. Quand Alain Delon s’est adonné à la production de films, il avait commencé en 1964 avec «L’insoumis» mais il ne s’engagera dans ce domaine cinématographique qu’en 1968 en produisant énormément de films et ce jusqu’en 1990. On peut rapidement faire une revue rapide de la production de ce géant français. Cet acteur qui a fait rêver. Ô combien de femmes dans le monde. En 1968, c’est la rencontre avec Mireille Darc dans le film «Jeff», et qui finira par partager sa vie pendant 15 ans. Rappelons-nous que le couple était venu acheter un beau riad appartenant auparavant à Paul Guettey et aujourd’hui occupé par le célèbre Bernard Henry Levy et la charmante et belle Arièle Dombasle. L’année d’après 1969, c’est le tournage de «Borsalino» où Alain Delon et J. Paul Belmondo, un autre habitué de Marrakech, tournent ensemble dans ce film à succès. Les films vont se succéder ensuite « Madly» en 1970 « Doucement les basses» en 1971, « Le professeur » en 1972 et deux films en 1973 à savoir : «Big Guns» et «Deux hommes dans la ville». Alain Delon est un homme qui aime aussi le sport et particulièrement la boxe et les courses de chevaux. Ainsi, il sera l’organisateur des championnats du monde de boxe pour les matches Bouttier/Monzon et Monzon/Napoles. Il va ensuite avoir la passion pour les chevaux de trot où il collectionnera les meilleurs qui vont remporter les prix les plus prestigieux, si bien que son cheval «Equiléo» sera récompensé du titre de champion du monde de trotteurs. Mais la vie cinématographique d’Alain Delon continue car c’est cela sa vraie vie, un «Borsalino & co» en 1974, et l’année d’après deux films : «Le gitan» réalisé par J. Giovanni ainsi que «Flic Story» une adaptation du livre de Roger Borniche. La belle aventure continuera par la production de «Mr Klein» que réalisera J. Losey. Rappelons-nous que ce film sera récompensé par trois Césars : celui du film, celui du réalisateur et celui du décor. Cette année 1976 sera très fertile puisque vont se réaliser trois films : «Comme un boomerang» co-écrit par Alain Delon et J. Giovanni, «Le Gang» et «Amaguedon». L’année 1977 connaîtra la sortie de trois autres films de monsieur Alain Delon avec «L’homme pressé», «Mort d’un pourri» et «Attention les enfants regardent». En 1978, Alain Delon crée sa propre marque et constitue sa fameuse société «Alain Delon Diffusion SA». Le premier résultat de réussite sera le film «AD», suivi d’un grand succès en 1981, «Le temps d’aimer». Cette société, à proprement dit, commerciale, sera connue par plusieurs produits vendus avec le label Alain Delo. De retour en 1979 à la production cinématographique, il sort : «Le Toubib» qui sera suivi tout de suite après par «Trois hommes à abattre» en 1980. Ne s’arrêtant pas de travailler, monsieur Delon sera producteur et en même temps réalisateur de «Pour la peau d’un flic» (1981) et «Le battant» (en 1982). La production suivante d’Alain Delon sera, en 1984, «Notre histoire», un film réalisé par le célèbre Bertrand Blier, film qui permettra à Alain Delon de recevoir le César du meilleur acteur en 1985. Les années suivantes, le grand Delon va opérer la production de quatre derniers films de sa carrière : «Parole de flic» (1985) suivi de : «Le passage» (1986), «Ne réveillez pas un flic qui dort» (1988) et enfin «Dancing machine» (1990). Entre-temps, notre ami Alain Delon va faire une innovation en interprétant la chanson «Comme au cinéma» qui fera l’objet d’un beau clip vidéo où apparaît Rosalie Van Breeman qui deviendra sa compagne en lui donnant deux enfants : Anouchka et Alain Fabien. Signalons qu’avec sa fille Anouchka, aujourd’hui âgée de 12 ans, Alain Delon tourne actuellement avec elle un film «Le lion», que réalise José Pinhero dans les terres d’Afrique du Sud, d’après le roman de Joseph Kessel. Son frère Alain Fabien (9 ans) est là comme spectateur alors que l’an dernier, il avait donné la réplique à son père dans la série télévisée de TF1 «Fabio-Montale», pendant que sa soeur était en coulisse à regarder elle aussi. Aujourd’hui, après cette vie productive, intense en cinéma, Alain Delon s’intéresse à la peinture et la sculpture pour réussir des oeuvres de très grandes qualités. Il y a sept ans (96), il allait remonter sur la scène théâtrale pour jouer une pièce d’Eric Emanuel Schmitt s’intitulant : «Variations énigmatiques» qui connaîtra un grand succès à Paris et à Genève. En 1998 et en compagnie de J. Paul Belmando, il va tourner «Une chance pour deux» avec la charmante Vanessa Paradis. Bien qu’annonçant la fin à sa carrière en 1999, il acceptera d’apparaître dans le film de Bertrand Blier : «Les acteurs» pendant deux minutes pour rendre hommage à ses pairs comme Gabin, Montand, Signoret, Bourvil, De Funes, Ventura, tous disparus. Quel homme, ce pilier du cinéma français, qui a été tout au long de sa carrière : acteur, réalisateur, producteur et scénariste, un homme complet du 7ème art. «La lettre de Marrakech» rend hommage à cet homme venu à Marrakech pour le 3ème Festival du film, nous aurions pu parler de tous ses autres films où il est présent à différents titres, mais ce serait long et fastidieux, notons encore quelques titres de films célèbres «Sois belle et tais-toi», «Le chemin des écoliers». «Faibles femmes», «Les amours célèbres», «Le diable et les 10 commandements », et comme réalisateur : «Une chance sur deux», «Le jour et la nuit », « L’ours en peluche», «Le retour de Casanova» etc…. Le soir de l’ouverture du 3ème festival, Alain Delon arrive avec ses lunettes entouré de la présidente Nathalie Baye et la veuve de Mr Toscan du Plantier, Melita. Il y avait là Isabelle Huppert, Ridley Scott, Oliver Stone, Gad El Maleh et bien d’autres… Tout ce monde était de la fête pour célébrer ce grand événement du film mais aussi rendre hommage à Yousra, l’égyptienne, à Daniel Toscan du Plantier, fondateur de ce festival, Amina Rachid la talentueuse marocaine, Oliver Stone, le grand réalisateur, Ridley Scott, l’invité d’honneur et bien sûr Alain Delon, le grand baroudeur de la vie et du cinéma qui a vécu chez nous à Marrakech et qui revient encore cette année chez lui recevant les honneurs qu’il mérite. Un homme qui dit : « La chance, ça n’existe pas », peut-être monsieur Delon, mais en tout cas, Marrakech et les Marocains ont eu la chance de vous accueillir chez vous dans votre ville Marrakech et dans votre second pays le Maroc. Revenez donc vite…

Articles similaires

Chroniques

Une véritable transformation et évidence du paysage socio-économique

Le rôle incontournable de la femme ingénieure au Maroc

Chroniques

Et si on parlait culture… l’débat 2ème édition

Les Marocains sont épris de culture, il suffit pour s’en rendre compte...

Chroniques

L’extrême droite caracole en tête des sondages en France

L’extrême droite, incarnée par Jordan Bardella, semble avoir le vent en poupe....

Chroniques

Mieux communiquer, mieux vivre…C’est inspirant, d’être inspirant !

Pour réussir à inspirer les autres et pour réussir à être inspiré...