Chroniques

Lettre de Marrakech : Nathalie Baye, star et présidente à Marrakech

Marrakech, ville du tourisme, des paysages, des lumières et de la beauté n’a jamais cessé de drainer les personnalités connues à venir se détendre ou à y habiter. Parfois la cité royale a drainé aussi les investisseurs dans tous les domaines jusqu’à « embobiner » les producteurs et les réalisateurs du 7ème art. Cette renaissance de l’art cinématographique à Marrakech n’est pas le fruit du hasard. Elle est due à deux choses à l’initiative de S.M. le Roi Mohammed VI qui a initié le Festival du film connu aujourd’hui internationalement, donc une action forte promotionnelle puis au site lui-même, Marrakech et sa région qui disposent naturellement de paysages, de climat et d’un environnement favorable au 7ème art. Aussi on peut dire que le Festival international du film, né de la volonté royale et non d’un caprice ou du hasard, a été le départ d’une dynamique et de la relance du cinéma avec cette vision globale du développement. Nous pouvons dire que le cinéma devient au Maroc un vecteur de promotion économique et des décideurs dans ce domaine sont motivés, à ne voir que les prochaines grandes productions qui se feront chez nous avec des budgets souvent allant de 100 à 200 millions de dollars par film. L’impact sur l’emploi, la consommation sera grande sans parler des effets induits pas les films eux-mêmes comme promoteurs du pays et de son tourisme. Aussi le dernier festival a été présidé par une grande star française : Nathalie Baye dont le nom aujourd’hui évoque une grande dame du cinéma. Née le 6 juillet 1948 à Maineville dans l’Eure en France, elle sera dirigée à 14 ans par sa famille vers une école de danse à Monaco où elle fera ses premiers pas d’artiste. Après quelques années d’apprentissage (3), elle ira finir son art aux USA à New York pour découvrir un autre monde, une autre culture. A son retour en France, elle continuera la danse mais s’inscrit au cours Simon. Dès les premiers mois de cours, René Simon lui dit : « Vas-y, tu es faites pour ça ». Etais-ce le déclic chez cette future star qui arrêtera le conservatoire de danse (3ème année) pour s’adonner à plein au cours du 7ème art. En tous les cas, Nathalie en sortira en 1972 avec un 2ème prix en comédie, comédie dramatique et théâtre étranger. C’est à ce moment qu’elle apparaît sur le grand écran et surtout avec le film «Two peuple» (Brève rencontre à Paris) de Robert Wise, le réalisateur de « West Side Story ». Puis elle devient script dans le film « La nuit américaine » de Truffaut. Disons qu’en ce début de carrière, Nathalie Baye accumule et tourne les rôles de bonne copine et de gentille provinciale, mais reste travailleuse et apprenant le métier pour faire le sursaut un jour et devenir star. Ça finira par y arriver. En effet, ses premiers rôles, elle les aura en 1974 avec trois films: «La gueule ouverte» puis «La Gifle» de Claude Pinoteau, avec Lino Ventura et Isabelle Adjani et «Un jour de fête» de Pierre Sisser avec Michel Fugain. L’année 1977 sera aussi bonne pour Nathalie qui tourne dans « Monsieur Papa» de Philippe Monier avec Claude Brasseur, «La communion solennelle» de René Feret avec François Léotard et Myriam Boyer et « La chambre verte» de François Truffant avec J. Dasté. Si l’année d’après c’est-à-dire 1978 elle n’a tourné qu’un seul film «Mon premier amour», c’est que Nathalie commence à prendre des rôles plus importants et notamment dans ce film avec Anouk Aimée de R. Berry. L’année 1978 va être la bonne pour elle puisqu’elle va décrocher son premier César (celui du meilleur 2ème rôle) pour son interprétation dans «Sauve qui peut» de J. Luc Godart avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc. Par ailleurs, cette même année, elle tournera deux autres films, «La mémoire courte » d’Edouardo Grégorio avec Philippe Léotard et Bulle Ogier puis « Je vais craquer » de François Leterrier avec Christian Clavier et Maureen Kerwin. Des films vont suivre encore comme « Une semaine de vacances » de B. Tavernier avec Gérard Lanvin et Michel Galabru ; « La provinciale » de Claude Goretta avec Richard Anconina. « Beau-père » de Betrand Blier avec P. Dewaere et Arielle Besse. «L’ombre rouge» de J.L. Comolli avec J. Dutronc et C. Brasseur pour arriver en 1981 au film «Le retour de Martin Guerre» de Daniel Vigne avec G. Depardieu et Roger Planchon et en 1982, le film «La Balance» de Bob Swain avec R. Berry et Philippe Léotard. Ces deux derniers films la rendent vraiment : star avec entre les deux, le film « Une étrange affaire » de Pierre Granier Deferre avec M. Piccoli et G. Lanvin qui lui donne un autre César celui du meilleur 2ème rôle féminin. En 1982 son premier grand César sera obtenu avec « La balance » comme meilleur actrice. En 1985, elle tournera « Lune de miel » de Patrick Jamani avec R. Berry et John Shea. L’année 1987, Nathalie va changer de style et va jouer des rôles qualifiés par les spécialistes de plus obscurs comme dans « En toute innocence » d’Alain Jessua avec Michel Serrault et François Dunoyer, puis « De guerre lasse » de Roberto Enrico avec le célèbre Arditi et Christophe Malavoy. Puis Nathalie va se tourner vers un cinéma plus intimiste, en fait un cinéma d’auteur préviligeant le rôle de femmes fortes comme «Mensonge» de François Margolin ou « Un week-end sur deux » de Nicolas Garcia avec Joachim Serreau ou encore «L’affaire Wallraff». «La Baule Les Pins» de Diane Kurys et «La voix» de P. Granier Deferre avec Samy Frey. Les années suivantes, c’est la pluie de rôles qui tombent avec en 92, « Les contes sauvages » de G. Calderon ; « And the Band play on » de Roger Spottiswoode puis en 1994 «La machine» de F. Dupeyrou avec G. Depardieu puis en 1995 « Enfant de salaud » avec Anémone, J. Yanne et Victor Elbaz puis en 1996 « Food of love » de Stéphane Pliakoff avec Richard Grant et enfin en 1998 deux films : « Si je t’aime prends garde à toi » de Jeanne Labrune et « Paparazzi » d’Alain Berberian avec Patrick Timsit, Vincent Lindon et Catherine Frot. Cette panoplie de films et de rôles vont la mener directement au succès en 1999 avec deux films : «Une liaison pornographique» de Frederic Fonteyne avec Sergi Lopez, film qui comme on le sait sera primé par l’ « Européen Film Award » de meilleur actrice et par le Festival de Venise aussi. Quant au film « Venus beauté » de Tonie Marshal avec Bull Ogier, Mathilde Seigner et Andrey Toubon, il sera cette même année 99 primé par une nomination de meilleure actrice et par le Festival de Seattle de meilleure actrice de l’année. Le restant du parcours de Nathalie Baye sera parsemé de films plus ou moins réussis dont en 2001, « Absolument fabuleuse » de Gabriel Aghion avec Josiane Balasko, Vincent El Baz et Saïd Taghmaoui, «Barnie et ses petites contrariétés» de Bruno Chiche avec F. Luccini et «Selon Mathieu » de Xavier Beauvois. Ainsi tracé le parcours de cette grande star Nathalie Baye qu’on a vue tout fraîche à Marrakech habillée en beauté et toute simple, elle est débordante d’activité dit-on, elle concilie aujourd’hui cinéma, théâtre et télévision mais elle est devenue la star incontournable et pour preuve elle était la présidente de la 3ème édition internationale du Film de Marrakech. Elle nous a apparu calme, sereine, souriante et surtout sympathique. Lorsqu’elle est apparu à l’ouverture, elle était habillée sobre et sophistiqué, parée par un certain monsieur Chaumet. Elle a déclaré : « Si je suis heureuse d’avoir accepté la présidence du Festival international du film de Marrakech, c’est parce que ce fut la dernière passion d’un ami: Daniel Toscan du Planlier, mais aussi, car j’aime, je connais le Maroc depuis plus de vingt ans, j’ai déjà eu le plaisir d’apprécier la véritable gentillesse et l’accueil des Marocains». Elle continue en disant : «une longue complicité unit la France au Maroc, une fascination réciproque qui fait qu’à chaque voyage, je me sens à la fois apaisée et dépaysée ». Mais pour vous Nathalie que représente tout cela ? « Pour moi c’est s’enrichir humainement et artistiquement, échanger mais plus que tout faire connaître et promouvoir les artistes marocains. Voilà pour moi l’enjeu de cette 3ème édition du festival», et de conclure par ces beaux mots : «un festival ne peut survivre que par la qualité de sa sélection, celui de Marrakech nous réchauffe du réel, nous ouvre les yeux sur les films et sur ceux qui les font». Une ville qui réunit tout ce beau monde du cinéma n’est que bénéfique et n’est qu’un vecteur de promotion pour le pays et la ville de Marrakech. La volonté royale de SM le Roi Mohammed VI, a permis à ce secteur de faire un bond et un saut qui dans l’esprit de SM le Roi, n’est qu’un instrument de développement économique avec création d’emplois et injections d’argent. Le cinéma, comme le dit si bien Nathalie Baye, est un moyen de rapprochement entre différentes civilisations, un moyen de communication pour ouvrir le monde de l’un sur celui de l’autre car sans cela on ne peut nullement évoluer ni avancer. Un pays qui ne communique pas et qui ne s’ouvre pas vers d’autres civilisations, vers les technologies modernes ne peut évoluer correctement et ne peut porter son image vers les autres. Chez nous tolérance, paix, accueil, amabilité et ouverture ne sont pas des vains mots sinon cet afflux de stars, d’investisseurs et de célébrités ne se serait jamais produit. La volonté royale et le respect des autres, base de l’éducation de tout Marocain est un noble comportement que chacun de nous ne doit jamais oublier car de cela dépend l’avenir du pays. Aujourd’hui la présence de personnalités à Marrakech en tant que résidents, cinéastes, hommes d’affaires, stars de la mode ou des écrivains est une aubaine pour nous, sachons l’exploiter pour les échanges fructueux et le développement local et national. Ce brassage, cette mixité, ces interférences de culture et cette communication, ne peuvent que nous enrichir tout en gardant nos racines, notre culture, notre civilisation et nos traditions. Car comme le disait le philosophe auteur : « Enrichissons-nous de nos différences mutuelles ». Un monde qui communique permet aux différentes ethnies, populations de se comprendre mieux et d’éviter des conflits, hélas destructeurs pour tous. Alors Nathalie, on vous a appréciée et revenez vite chez vous, comme vous l’avez dit, à Marrakech.

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