Chroniques

Lettre de Marrakech : Philippe Jouy : champion du monde, Marrakchi

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La ville de Marrakech est connue pour être le berceau du tourisme marocain mais en plus, elle attire bon nombre de personnalités qui viennent pour y habiter définitivement car le lieu les a charmés pour toutes les raisons recherchées dans la vie : calme, beauté, accueil, climat… C’est ainsi que mon ami, le Dr Philippe Jouy, champion du monde dans la discipline des sports équestres est tombé amoureux de notre ville et a décidé de venir y résider comme beaucoup d’autres… En fait, intéressons-nous de près à cet homme très discret, sympathique et simple comme le sont souvent les gens intéressants ou importants, avec en plus chez lui un caractère doublé d’une gentillesse sincère. Philippe est donc né à Limoges, en 1938, dans ce berceau de la race chevaline anglo-arabe : Pompadour du Limousin. Il est le fils d’un grand médecin, pharmacien, professeur de bactériologie et inventeur d’un test de dépistage, amateur du cheval et de la musique (violon) et d’une mère pharmacienne biologiste aimant le piano et consacrant sa vie aux oeuvres sociales. Le jeune Philippe, né à la veille de la Seconde Guerre mondiale, a vécu sa première enfance chez ses grands-parents, non loin de Limoges, au milieu d’animaux dont des chevaux. Il ira au lycée et obtiendra son bac. Mais le cheval va occuper une grande partie de sa vie surtout qu’à cette époque, il n’y avait aucun suivi technique, ni aucune prospection pour déceler les talents et les aider à s’épanouir. Donc, après avoir été mis à cheval au club de Limoges, il s’est « débrouillé » tout seul. Sa première compétition s’est faite à 14 ans avec les ténors et à 16 ans, son père lui offre une jument rétive qui était destinée à la boucherie (pour 1500 dhs environ). Très vite, le couple va gagner des épreuves régionales et la coupe nationale des clubs à Paris pour ensuite enlever le premier Grand Prix national. Le jeune Philippe commence à percer et à être connu en France si bien qu’en 1956, il est sélectionné pour représenter son pays aux Championnats du monde junior et il obtient la médaille de bronze en individuel et par équipe. C’est ainsi que va commencer la carrière internationale du jeune Philippe Jouy avec une jument « Zette », promise aussi à la boucherie mais sauvée pour participer aux Championnats du monde junior de 1957, 1958 et 1959. Parallèlement, notre ami Philippe acquiert des poulains qu’il élève dans la propriété familiale et dont certains d’entre eux auront une classe internationale. En 1960, Philippe se sépare de sa jument « Zette », pour l’envoyer à l’élevage (car d’une grande souche d’élevage de S.A. le Prince d’Aga Khan) et termine 2ème du Grand Prix de Biarritz derrière le grand PJ d’Oriola, gloire équestre d’alors. La même année, Phillipe finit 3ème aux championnats de France. En 1966, pendant qu’il passait sa thèse de médecine à Bordeaux, il apprend que la fédération refusait d’acheter un pur-sang anglais (qu’il avait vu dans des compétitions auparavant et qu’il l’avait ébloui) pour un petit prix. Alors Philippe se précipite pour l’acheter sans l’essayer. Ce cheval s’appelle « Nagir », l’histoire se répétant, il a été sauvé de l’abattoir par un boucher connaisseur en novembre 1966. Les années 69 et 70 seront florissantes pour notre ami Philippe car il les termine au Top du classement mondial bien qu’il cède Nagir à son ami Pessoa. Pour l’histoire, le couple Nagir-Pessoa va gagner successivement et les uns après les autres, 17 grands prix internationaux, performance inégalée à ce jour, par aucun autre couple. La carrière hippique de Philippe continue dans plusieurs concours hippiques, et, en 1977, il est appelé par le président de la Fédération française des sports équestres pour exercer les fonctions de directeur technique national, car en moment l’équitation française se trouvait mal en point. Du reste un journal spécialisé en matière titre en première page : « Un médecin appelé au chevet de l’équitation française ». En effet, comme me l’affirme Philippe, c’est qu’en ces moments (1977) : « En saut d’obstacles, l’équipe de France est décimée, en CCE, l’équipe a à faire face des soupçons de dopage et en dressage, une seule cavalière était du niveau internationale. C’est ainsi, en accord avec le président de la FFSE, le célèbre Legrez, que Philippe qualifie « du plus grand président que la FFSE ait eu ». Il démarre à zéro en nominant des nouveaux entraîneurs et en faisant appel à des jeunes cavaliers de talent et en faisant une politique d’achat de chevaux fédéraux. Le résultat ne s’est pas fait attendre car trois ans après, la France est médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Fontainebleau, un an après médaille de bronze au dressage et un an après encore championne du monde en saut d’obstacles. Suite à ces bons résultats, d’autres viendront aux championnats du monde, d’Europe et aux Jeux Olympiques. A part le dressage qui a un peu régressé, les titres dans les autres disciplines n’ont cessé de tomber dans l’escarcelle de la fédération. En 1985, Christian Legrez quitte la présidence de la fédération et Philippe dit : « Il me devient alors très difficile de travailler avec quelqu’un d’autre. » C’est aussi qu’il demande au ministère de la Jeunesse et des Sports, de lui trouver une autre affectation qui, profitant de son titre de médecin biologiste, le charge de mettre en place une cellule antidopage. Cette unité deviendra par la suite, avec celle du ministère allemand, à la pointe mondiale de la lutte contre le dopage des sportifs. A côté de cela Philippe faisait toujours partie de la fédération française, membre de la commission des sauts d’obstacles de la Fédération équestre internationale qui, à ce titre, a demandé au ministère français des Sports, de le détacher auprès d’elle en tant qu’expert en sauts d’obstacles. Il lui sera confié alors des missions au titre de la solidarité olympique. Quel fabuleux parcours de ce médecin qui a viré vers les sports équestres pour en devenir un champion du monde. Mais le plus important c’est qu’il soit venu chez nous à Marrakech, prendre sa retraite dorée en résidant dans sa jolie maison située pas loin des jardins « Majorelle ». Alors on peut se demander pourquoi le Maroc et Marrakech en particulier ? La réponse vient de Philippe Jouy, lui-même : « Le Maroc est le pays d’Afrique qui, à mes yeux, a su «digérer», le mieux, la période du protectorat et repartir, sur des bases de franche coopération avec l’Europe et la France en particulier. Le paradis n’existe pas sur terre, mais Marrakech est un avant-goût. Ce n’est pas par hasard que Marrakech est devenue depuis quelques années le rendez-vous de la jet-set internationale ». La première fois que Philippe était venu au Maroc, c’était il y a vingt ans lors des Jeux méditerranéens de Rabat auxquels il a participé en tant que chef de l’équipe de saut d’obstacles. Et ce fut pour lui, un éblouissement grâce aux fêtes et à la parfaite organisation, que SAR la Princesse Lalla Amina avait mises en place à Dar Essalam. Notre ami Philippe est revenu souvent l’été, chez ses amis à Tanger et Asilah. La découverte de Marrakech s’est faite réellement, il y a sept ans, lors d’un voyage d’affaires en 1996. Une affaire pour la fabrication de porcelaine de Limoges (décors) devait être montée à Casa, ce qui est aujourd’hui la société AKAL, de grande réputation internationale. Au cours de ce voyage, un séjour de trois jours à Marrakech à la palmeraie a ébloui Philippe : « J’ai tout de suite été séduit par le climat, la gentillesse des habitants et les paysages à tel point que nous avions décidé que l’atelier de porcelaine de Limoges serait à Marrakech et non à Casablanca. Mais il n’était plus question pour moi de repartir, j’avais découvert Marrakech et n’en partirais plus, c’était donc il y a 7 ans et mon opinion n’a pas changé ». Mon ami Philippe me disait qu’il a eu de la chance, en arrivant à Marrakech de rencontrer Patrick et Martine Guerrand Hermes, qui l’ont bien accueilli à bras ouverts. A Marrakech, Philippe montait les chevaux de polo chez cette famille. En outre, Philippe disait : « J’avais en outre l’adresse d’un ancien directeur des Haras de Marrakech, que je connaissais en France, lorsqu’il accompagnait les chevaux de Sa Majesté et au salon du cheval. Il s’agissait de toi, mon cher Aziz, qui, en tant que président du Royal automobile club et du bridge, m’a fait découvrir ce jeu, auquel je souhaitais depuis longtemps m’initer et pour lequel je suis maintenant passionné ». Aujourd’hui, grâce de la directrice du club de la Palmeraie, « j’ai déniché un jeune cheval, que j’ai tout de suite classé dans la catégorie des chevaux de dressage, vu ses belles allures. Actuellement, il progresse bien (en dressage), que je peux affirmer qu’il a le potentiel pour participer aux Jeux Olympiques de 2008. Chaque année, Philippe s’empresse d’aller assister à la Semaine du cheval magnifiquement organisée par SAR Lalla Amina au club de Dar Essalam. Par ailleurs, Philippe a aussi découvert les délices du golf à Marrakech avec des amis. Il pense que le golf d’El Jadida est l’un des plus beaux du monde. Aujourd’hui son temps est partagé entre Marrakech et El Oualidia qu’il a découverte, où il a acquis une petite maison pour les étés et pour deux jours chaque semaine à longueur d’année. Il voyage aussi partout au Maroc, sa deuxième patrie après la France. Du Maroc, il dit : Je voyage régulièrement au Maroc pour visiter tous les coins fabuleux que l’on peut y rencontrer, vous constaterez que c’est le temps qui me manque le plus. Alors bienvenue cher ami Philippe, chez toi au Maroc, comme tu le sais, là où tu te sens bien et où tu as beaucoup d’amis marocains et français. Alors je vais te demander de me trouver le mot de la fin bien sûr sur la ville de Marrakech : « Vois-tu cher Aziz, peut-être par l’enthousiasme avec lequel j’ai décrit et j’aime Marrakech, j’ai eu le bonheur de voir mes amis acquérir un riad à la Médina, une villa en ville ou encore une propriété à la palmeraie. Mon groupe d’amis a rendu pour moi Marrakech comme le Saint Tropez de France. » Tant mieux pour toi, cher Philippe et profite de cette belle ville Marrakech que nous aimons tous.

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