Chroniques

Lettre de Marrakech : Sire Edward Heath à Marrakech

La ville surnommée « rose au milieu des palmiers » connaît un afflux d’hommes politiques, cinéastes, intervenants industriels, ou tout simplement des personnalités qui ont par leur travail, leur action ou leur parcours, marqué la vie d’aujourd’hui, de ce siècle.
L’occasion donc, m’est donnée de les rencontrer, surtout les faire connaître aux lecteurs marocains, de les interroger sur notre pays et sur les événements actuels autant que possible.
La première rencontre que l’on va découvrir concerne un homme politique célèbre. Il s’agit d’Edward Heath, Premier ministre anglais de 1970 à 1974 , actuellement en vacances à Marrakech jusqu’à fin février.
Sa dernière visite dans notre pays remonte à 1963. Edward George Michael Heath est né en G.B, à Brodstairs dans le Kent, le 9 juillet 1916. Quelle coïncidence, puisque ce grand homme politique est né le même jour que Feu S.M. le Roi Hassan II, seulement treize (13) ans auparavant.
Jeune, il fait des études au Baillol, collège d’Oxford où il devient rapidement le président de l’association des conservateurs d’Oxford. Quand la Seconde Guerre Mondiale éclata, il s’engage dans la Royale Artillerie, dans l’ouest de l’Europe continentale. Une fois, la guerre terminée, Edward Heath reste dans l’armée où il commande le 2ème régiment de la compagnie d’artillerie, et ce, de 1947 à 1951.
Voulant s’investir dans la fonction publique il y travaille un an pour devenir un grand journaliste et aussi, pour occuper un poste de banquier.
Le vrai 1er tournant politique d’E.Heath commencera en 1950 quand il se fait élire député de Bexley à l’âge de 36 ans. Dès lors, il devient partisan européen, épousant moralement le plan Shuman. Proche de Jean Monnet, il participe aux cotés de Roy Jenkins au comité d’action pour les Etats unis d’Europe fondé en 1955.
Au Parlement, E.Heath grimpe vite les échelons puisqu’un an après être député, il devient le président du groupe parlementaire conservateur.
Aussitôt, il est nommé secrétaire d’Etat au Trésor au Parlement sous le mandat de Churchill.
En 1959, E. Heath devient ministre du travail dans le formeront Mac Milan. C’est à ce moment qu’il prépare l’adhésion de son pays à la Communauté économique européenne (CEE) le 9 août 1961. Tous ces efforts entrepris vont permettre à Edwards Heath de recevoir le grand prix Charlemagne le récompensant pour son action dans la coopération internationale.
En 1963, l’adhésion de la GB à la CEE, reçoit le 1er veto du général De Gaulle, considéré comme «le cheval de Troie des E.U. en Europe».
En 1965 E.Heath accède à la direction suprême du parti conservateur.
Toujours tenace, il représente en mai 67, une deuxième candidature d’adhésion de son pays à la CEE qui se heurte encore au même veto du général De Gaulle.
Ce 2ème refus fait réfléchir E.Heath pour étendre l’adhésion de son pays non seulement sur le plan économique mais politique aussi, basée sur une coopération nucléaire franco-britannique. Le sommet de la carrière d’E.Heath va se dessiner en 1970, lorsqu’il est nommé Premier ministre. En 1971, il rencontre G.Pompidou avec lequel entente, convergence de points de vue se produit sur l’Europe ce qui fait voter favorablement la Chambre des communes sur le principe. Le 22 janvier 1972, la G.B signe par son Premier ministre E.Heath, le traité d’adhésion qui entrera en vigueur le 1/1/1973, date à laquelle la G.B accepte aussi l’accord monétaire et politique prévu pour 1980.
La défaite législative des conservateurs en 1974 fait perdre à E.Heath la magistrature suprême en faveur de Harold Wilson qui lui succédera comme Premier ministre.
Ce dernier voulait remettre en question le traité d’adhésion à la CEE, mais le référendum de 1975 redonne victoire à E.Heath d’un côté et en même temps, il perd sa place de président des conservateurs en faveur de sa farouche opposante Margaret Tatcher.
Edward reprend du service en étant membre de la commission internationale sur les questions de développement, présidée par l’allemand W.Brandt Comme dernière entreprise, E.Heath était en l’honneur de créer l’orchestre des jeunes de la communauté Européenne.
Voici donc un aperçu sur la vie de ce grand homme qui, lors d’un dîner privé, me confirma son attachement au Maroc, pays qu’il aime ainsi que ses souverains. Sa dernière visite chez nous remonte à 1963. Homme vieilli, distingué, il reste plein d’humour et de lucidité à presque 87 ans.
Il nous a parlé de sa vie, de ses relations très amicales avec le général De Gaulle malgré la confrontation politique et de son enfance. C’est un homme de paix car ayant vécu la second guerre mondiale, et d’autres événements tragiques, il considère qu’aujourd’hui le monde tourne mal et qu’il faut éviter d’autres catastrophes. Pendant ce dîner au restaurant Yacout avec le consul honoraire de Grande Bretagne Monsieur Mohamed Zkhiri,à Marrakech un grand homme politique nous a apparu sérieux, calme, savourant les bons plats marocains. Son sang froid, n’est-ce pas normal pour un Anglais, nous a permis tous de découvrir, un homme sympathique,souriant,intelligent par ses gestes et ses regards, et surtout un homme simple : ce qui s’appelle un grand homme. Quand à la questions de dire ce qu’il pense du Maroc il répondit : « I love this country, I love morroco people »…

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