Chroniques

L’Italie présidente… l’UE inquiète

Si les capitales européennes affichent leur «confiance» ; et leur détermination à travailler en bonne intelligence avec M. Berlusconi, la presse en revanche est loin de partager cet optimisme officiel. «Berlusconi sera un président de l’Union européenne aussi exotique sous certains aspects qu’un pacha oriental», estimait samedi le quotidien britannique The Independent. Et le journal de décrire Berlusconi comme «un homme dont beaucoup pensent, y compris en Italie, qu’il est au mieux une espèce de filou, au pire un escroc professionnel lié à la mafia». L’immunité votée par le Parlement italien à quelques jours du début de sa présidence a sauvé Berlusconi de l’humiliation d’un procès pénal pendant sa présidence de l’UE, mais a achevé, selon la presse, de ternir la réputation de la classe politique italienne. En Grèce, qui préside l’UE jusqu’au 30 juin, le quotidien Ta Nea (gauche) constate que «Berlusconi (a été) blanchi pour sa présidence européenne». Pour le quotidien de centre-droit néerlandais NRC-Handelsblad, la toute nouvelle immunité du président du Conseil italien ne peut effacer «l’ombre qui plane sur la présidence européenne de Berlusconi». Cette justice italienne «politisée» ne donne «pas une image rassurante du pays qui va assurer la présidence de l’UE… Berlusconi a peut être calmé les choses sur le front italien, mais il aura encore besoin de tous ses pouvoirs de persuasion pour faire de la présidence de l’UE un succès», ajoute le journal. Même son de cloche en Finlande, où pour le principal quotidien Helsingin Sanomat, «Berlusconi se moque de l’Etat de droit». «La nouvelle loi a été précipitée afin que l’Italie ne souffre pas d’une affaire judiciaire embarrassante pendant la présidence italienne de l’UE, mais en fait, c’est l’inverse qui se produit», estime le journal. Plusieurs titres de la presse allemande dont le magazine Der Spiegel reviennent aussi sur «la lex Berlusconi». «Chez lui en Italie, il sème la discorde. Maintenant Silvio Berlusconi doit mener l’UE en bonne intelligence», remarque le journal de centre-gauche Sueddeutsche Zeitung. «Rien que le ton qu’il choisit pour ses invectives fait dresser les oreilles: Berlusconi emploie une langue acérée, implacable mais aussi blessante – pas celle que l’on veut entendre dans les salons européens», estime le journal. Une caricature du quotidien berlinois Tagesspiegel montrait lundi un président du Conseil aux dents démesurées, s’exclamant, une constitution européenne dans les mains : «Quelle coïncidence ! Il n’y a pas longtemps, j’ai justement cherché à brader notre vieille constitution italienne !». Pour le journal suédois Dagens Nyheter (DN), Berlusconi est le meilleur argument des avocats d’une présidence européenne fixe. «Rarement quelqu’un se sera donné tant de peine pour démontrer la faiblesse de la présidence tournante», ironisait le quotidien libéral dans son édition du 19 juin. A Bruxelles, les milieux diplomatiques ne cachent pas «une certaine inquiétude par rapport à la personnalité de Berlusconi», même si, explique, avec «un certain soulagement», un diplomate sous couvert de l’anonymat, le président du Conseil italien s’est «tenu tranquille» au sommet de Salonique. «La crainte qu’on peut avoir, c’est que Berlusconi prenne des initiatives intempestives qui mettent toute l’Europe dans l’embarras», assure un autre diplomate. Peu avant le Sommet de Salonique (Grèce), un haut responsable français déclarait laconiquement s’attendre «à une présidence inventive».

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