Chroniques

Mieux vaut en rire: Ah si j’étais une femme…

© D.R

Car, moi, je n’allais pas la fermer et laisser parler les mecs à ma place. Et qu’est-ce qu’ils disent comme bêtises ! Oui, je suis un homme, du moins je crois en être un, mais je vous jure que je n’en tire aucune fierté particulière. Bien au contraire.

Un homme, ça croit être un homme juste parce qu’il n’est pas une femme. Il est homme par défaut. Et parce qu’il croit être un homme, il veut donner des leçons à toute l’espèce humaine, à commencer par la femme. Il commence par elle, non pas parce qu’elle serait la plus proche de lui, parce qu’elle serait sa compagne, ou bien, comme il se plaît souvent à le répéter, parce qu’elle serait «à la fois sa femme, sa mère, sa sœur, sa fille» et tout le baratin habituel…

Non, ce n’est pas du tout pour ça. L’homme aime donner des leçons à la femme, lui tirer les oreilles s’il le faut, ou même lui donner une fessée en public, parce que, dit-il, c’est «une entité fragile» qui est incapable de se débrouiller toute seule, incapable de marcher sans tomber, incapable de réfléchir sans oublier, incapable d’agir sans se tromper, incapable de bosser sans casser, incapable de parler sans se répéter, incapable d’écrire sans raturer… Pour l’homme, même pour ses fonctions naturelles, existentielles, la femme est incapable de les assurer sans faire appel à lui. Tenez, par exemple, la femme est incapable d’enfanter sans son apport si important, si nécessaire, si essentiel, si indispensable. L’homme est à la fois la semence et l’eau qui l’arrose. Il se prend même parfois pour le Roi-Soleil sans lequel aucune création ne peut voir le jour. Il oublie, lui, l’être stupide et suffisant, que la femme, elle, est la terre. Et la terre, c’est tout.

La terre, c’est elle qui nourrit la terre entière. La terre, c’est autour d’elle que tourne tout l’univers. La terre, c’est elle qui fait tourner la tête à toutes les petites têtes de ces petits hommes qui se prennent pour le nombril du monde. L’homme, lui, se croit tout, mais au fond, il n’est rien. Il n’est que le vide qui résonne dans le néant. Je ne suis pas une femme, certes, mais qu’est-ce que j’aurais voulu en être une, ne serait-ce qu’un jour, un soir, par exemple mercredi dernier.

En regardant une émission sur une de nos chaînes capables du meilleur comme du pire, j’ai brûlé d’envie d’être une femme, une vraie, et d’être présente sur le plateau où des hommes régnaient en maîtres pour, justement, décider de ce qu’est la femme, à leurs yeux, ce qu’elle doit faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire…

Si j’étais une femme et si j’étais à la place de cette seule pauvre femme, charmante et douce comme tout, et  qu’on a probablement invitée pour servir d’alibi, j’aurais volé dans les plumes de tous ces mecs, et surtout dans celles d’un grand barbu et néanmoins très rasant qui se reconnaîtra. Ce type-là, je ne sais pas ce qu’il faisait là, mais il a passé tout le temps que l’animateur lui a généreusement offert pour nous casser  les méninges avec ses anecdotes éculées et ses exemples archaïques et, pour nous convaincre que s’il y a autant de «vieilles filles» dans ce pays, c’est la faute de la nouvelle loi et la faute de ceux qui la soutiennent et qui veulent l’appliquer aveuglément.

«Laissez les jeunes filles mineures se marier à l’âge qu’elles veulent et avec qui elles veulent !», crie-t-il. Il ajoute : «Si vous ne les laissez pas convoler en injustes noces avec tous ceux, de tout âge et de toute sorte, qui se présenteront à elles pour demander leurs mains et tout ce qui va avec, vous allez avoir leur virginité éternelle sur la conscience».  Et il conclut, les larmes à l’œil : «En refusant aux fillettes le droit d’épouser les hommes qui ont l’âge de leurs pères ou de leurs grands-pères, vous les privez d’une grande protection dont elles ont si besoin et si envie…».  Dites-moi, c’est ça les hommes ? Bêle et casse-toi… Vraiment, il y a des gifles qui se perdent…
Ah, si j’étais une femme…

En attendant des hommes et des jours meilleurs je souhaite un très bon week-end à toutes les femmes et surtout celles qui ne se laissent pas faire. Quant aux autres…
Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : si on n’a chez nous ni Ebola ni Coupe d’Afrique,  comment on va faire pour demander plus de fric ?
 

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