Chroniques

Mieux vaut en rire : Les gens du livre et nous

© D.R

Détrompez-vous, je ne vais pas aborder les problèmes religieux épineux qui ont surgi il y a deux jours, et qui démontrent que la foi met parfois la jugeote au placard et le bon sens au plumard. Je ne m’étalerai pas plus sur ce rayon qui me dépasse, et, entre nous, il n’y en a pas beaucoup non plus qui le maîtrisent. La différence entre ces ignorants illuminés et l’ignorant un peu éclairé que je suis, c’est que moi je pense que Dieu, c’est la toute puissance et l’intelligence absolue et, par conséquent, il n’a pas besoin d’eux pour le défendre. Fermons maintenant cette parenthèse qui se veut avant tout œcuménique et attaquons mon sujet du jour : le livre et ses gens. Oui, je veux parler tout simplement de la problématique symptomatique  de la lecture et de ses rares fervents dans ce pays où l’on sème de la parlote et du vent pour récolter des places et des paravents. J’espère que vous avez deviné pourquoi j’aborde ce truc bizarre aujourd’hui, mais je ne vous en voudrai pas si vous ne le savez pas, car l’événement est passé si inaperçu qu’on l’a, à peine, entrevu. Il s’agit du «Congrès de l’Union des écrivains du Maroc». De grands mots pour si peu de choses. Que mes ami(e) s écrivains et écrivaines m’excusent, mais mon propos n’a nullement pour but de remettre en cause leurs statuts de créateur ou de producteurs littéraires, ni de porter atteinte à leur créativité ou à leurs œuvres, mais de les interpeller sur le fond de leurs actions, pour ne pas dire leurs inactions. Tenir un congrès, discuter, cogiter, s’exciter, parlementer pour, enfin, choisir un Président, élire un bureau, ajouter des assesseurs et autres accessoires, c’est bien, mais où est l’écriture dans tout ça, et, surtout, question métaphysique impudique: où est LA LECTURE? Je sais que beaucoup écrivent, qu’une bonne partie édite, et qu’il y en a même qui arrivent à vendre des livres, mais combien ? Oui, c’est ça la vraie question. Ne vous hasardez pas à demander aux rares libraires qui résistent encore ce qu’ils en pensent, ils risquent de vous tomber dans les bras et d’éclater en sanglots. Heureusement, vous diront-ils, qu’il y a les fournitures scolaires et… les livres de cuisine. Qui est responsable de cette catastrophe ? Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je ne suis pas écrivain, MOI ! D’ailleurs, certains de ces illustres génies ne reconnaissent ni Tahar Benjelloun, ni Abdellatif Laâbi, Ni Mohamed Khair-Eddine, ni Fouad Laroui, ni, surtout pas, Abdellah Taïa. Et vous savez pourquoi ? Parce que ce sont d’affreux «francophones» ! Je vous jure que c’est vrai. Dans «le pays de l’ouverture», il faut écrire en arabe et être sexuellement normé, pour être reconnu «écrivain» ! Personnellement, je ne tiens pas tellement à recevoir ce label. D’abord, je n’écris pas tant que ça, et ce que j’écris est si léger qu’il ne pèsera jamais assez lourd devant leurs «chefs-d’œuvre». Mais là n’est pas le problème. Notre drame, c’est que nous lisons de moins en moins, et, à mon humble avis de petit lecteur très peu averti, moins on lit et moins on apprend sur les autres, et moins on apprend sur les autres, et plus on aura envie de les faire disparaître. C’est sans doute une des causes des tragédies que nous vivons ces derniers jours, voire ces dernières années, notamment, entre nous, les gens du livre. Quand on arrive au point de tuer son prochain parce qu’il ne prie pas comme soi, ou parce qu’il ne prie pas du tout, ce qui est totalement son droit, on se dit parfois qu’il est temps de mettre tout ce monde fou sur le droit chemin : le chemin du livre et de la connaissance et, donc, de la tolérance. Amen.
En attendant, prions pour avoir un bon week-end pour tous et un bon sursaut livresque pour tous les autres.

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