Chroniques

Mieux vaut en rire : Pas de répit pour les braves

© D.R

Je vais vous paraître un tantinet populo, voire démago, mais je ne peux pas passer à côté d’une occasion si chère – sans jeu de mots – sans exprimer ma solidarité entière et sincère avec tous ceux et toutes celles qui vont souffrir le martyre pour trouver de quoi se payer ce satané ovin pour pouvoir fêter, comme tout le monde, cette sacrée fête du mouton, qu’on appelle, à si juste titre, «Aïd Lakbir» ou «grande fête». Je pense connaître autant que vous, justement, la «grande» importance que nous accordons, particulièrement nous les Marocains, à cet évènement au point que certains d’entre nous n’hésitent pas à se ruiner pour être à la hauteur des envies de leurs conjoints, des souhaits de leur progéniture, ou des jalousies de leur voisinage. Il est vrai que c’est chaque année pareil, et donc, à la longue, ils devraient être préparés, mais depuis 4 ou 5 ans, il y a un télescopage d’événements tel qu’ils n’ont pas le temps de digérer une grosse dépense incontournable que la suivante encore plus pressante frappe à leur porte. Il y a eu d’abord les vacances d’été, courtes certes, mais assez balaises pour vider les tirelires les plus emplies. Aussitôt après, est arrivé le jeûne mais très gourmand «Sidna ramadane» qui vous prend jusqu’au dernier sou gagné même si vous avez bossé toute l’année à plein régime. Et quand il arrive enfin à sa fin, il cède gentiment la place à sa « petite » fête, «Aïd Seghir» et qui n’a de petit que le nom. Pour une aussi grande journée, un bon festin est de mise, et des habits tout neufs pour sa descendance sont une nécessité impérieuse et souvent périlleuse. Ensuite, vous n’avez pas le temps de souffler que vous entendez déja la cloche de la rentrée scolaire résonner très fort dans vos tympans pour vous rappeler que si vous voulez que vos rejetons ne soient pas rejetés de l’école, vous n’avez pas d’autre solution que de faire… ce que vous avez à faire : passer à la caisse ! La pause qui suit et qui dure, théoriquement, plus de 2 mois, est rarement ressentie comme telle. La raison est toute simple : on a beau se répéter qu’on a le temps de se retourner, on ne peut pas s’empêcher, dans ses rêves diurnes comme dans ses cauchemars nocturnes, de voir un magnifique et néanmoins diabolique mouton foncer sur vous, toutes cornes dehors. Même si vous vous êtes entraînés toute l’année, vous n’arriverez jamais à l’éviter et à y laisser toutes vos plumes, ou du moins, celles que vous avez pu garder après avoir été plumés sans relâche durant plusieurs semaines. Et même les plus stoïques ou les plus positifs qui se disent parfois, ma foi, c’est quand même une fête sympa, ne serait-ce que parce qu’on s’y remplit bien la panse, déchantent dès le 2ème jour en constatant avec amertume que le beau et imposant spécimen qu’ils ont payé à prix d’or, a perdu de toute sa superbe et de toute sa grâce, et il n’en reste plus que quelques maigres côtelettes ou quelques menues brochettes qu’on mettra quand même dans le frigo dans plusieurs petits sacs en plastique minutieusement étiquetés, histoire de croire qu’on va faire quelques économies. Tu parles ! Déjà pour beaucoup, il va falloir commencer à rembourser dès le mois d’après, et durant de longs et longs mois, voire parfois plusieurs années. Si je vous ai raconté tout ça, ce n’est pas du tout pour vous convaincre de faire l’impasse sur toute cette gabegie, ou pour engueuler le gouvernement qui, pour une fois, n’y est pour rien, mais c’était juste pour vous montrer que même si quelquefois je vous semble un peu sophistiqué ou un peu hautin, je ne demeure pas moins proche de mes concitoyens et de leurs soucis du quotidien. Oui, je compatis avec eux, et je leur souhaite, comme à vous d’ailleurs, d’ores et déjà, la plus délicieuse des grandes fêtes, et, en attendant, un bon week-end et une bonne semaine de bonne recherche du bon mouton.

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