Chroniques

Mieux vaut en rire : Que faisait ton père? Bienfaiteur…

© D.R

Ramadan touche à sa fin, ce qui signifie que la faim va retrouver son camp naturel : chez les affamés. Bien sûr, on va me rétorquer que dans notre pays, personne n’a jamais faim, car il suffit juste d’ouvrir sa bouche ou de tendre la main. Justement, à force d’être toujours obligé de demander pour obtenir, j’ai bien peur qu’on finisse tous par intégrer une mentalité de mendiants. Non, je n’ai rien contre ces gens-là même si je trouve que beaucoup d’entre eux sont parfaitement capables de faire autre chose de leurs mains que la manche. Je sais qu’on aime bien avoir l’illusion d’aider, par exemple, cette femme à l’âge incertain, entourée d’une ribambelle de gamins qui pleurnichent, ce clochard qui vous supplie en vous montrant son ventre balafré ou son bras plâtré, ce petit garçon tout sale qui fait mine de vous nettoyer le pare-brise etc. C’est vrai que donner une piécette permet de se débarrasser d’énergumènes gênants, mais, en plus, de se donner bonne conscience. Je suis sûr que certains doivent croire qu’avec ces 2 sous, ils vont gagner une place au Paradis. Tu parles ! D’ailleurs, je vais arrêter de parler de ça car ce n’est pas mon rayon, et, surtout, c’est un terrain glissant. En fait, si j’ai abordé ce thème qui risque de me valoir un anathème, c’est parce que j’ai l’impression qu’on est en train de faire de nous tous des assistés. Attention ! D’abord, j’ai bien dit «j’ai l’impression», et donc, ça veut dire que ce n’est qu’une simple impression, et, ensuite, je ne dis pas du tout que si, à Dieu ne plaise, ça devait nous arriver, qui en serait responsable. D’ailleurs, si vous revenez un peu en arrière, vous remarqueriez que j’ai utilisé le «on» qui est, comme chacun sait, un pronom hypocritement et lâchement indéfini. Cela dit, pour être sérieux deux minutes, je dirais que certains discours de certains dirigeants, qu’ils soient ministres ou pas, me semblent foncièrement inspirés d’une idéologie d’assistanat. Quand on les entend nous promettre, et nous supplier de les croire, du matin au soir, de régler tous nos problèmes matériels et autres, à savoir, entre autres, de nous garantir un logement confortable pour tous, de nous fournir notre pitance quotidienne et celle de nos enfants, d’assurer leur instruction et leur santé, de leur trouver le bon boulot le moment venu, voire – même s’ils ne le disent pas, rêvons encore plus – de leur ramener l’amoureux ou l’amoureuse de leur choix, avec dot, traiteur, aâmaria et tout le bataclan. Je dois préciser toutefois qu’ils prennent toujours la précaution d’ajouter… Inchallah. Eh oui !  Alors, franchement, comment voulez-vous qu’avec tous ces beaux cadeaux qui vont nous tomber du ciel grâce à ces magiciens du verbe au futur postérieur, qu’on croie à autre chose qu’à des… chimères. C’est tellement plus simple, et plus pratique d’attendre l’impossible, puisque, dans tous les cas, on n’a rien à perdre. Ni rien à gagner non plus. Parce que, blague à part –  car maintenant, je vais être vraiment sérieux – tous ces beaux parleurs qui nous veulent du bien à l’insu de notre plein gré, eux, ont tout à gagner à nous raconter des histoires à rêver debout, et rien à perdre que leur crédibilité, même si celle-ci, beaucoup d’entre eux ne l’ont plus depuis longtemps. Maintenant, moi, je vous ai mis en garde, mais si vous, ça vous arrange de croire au Père Miracle, c’est votre problème. Quant à moi, je vais continuer de me fier à mon instinct d’optimiste chronique et espérer qu’un jour, moi aussi, je devienne un bienfaiteur officiel, et là, je vous promets de bien vous gâter… Inchallah.
D’ici là, je vous souhaite à tous et à toutes, crédules ou pas, un très bon week-end et une très bonne fête.

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