Chroniques

Ne pas abandonner la rue à la rue…

© D.R

Depuis plusieurs mois je m’efforce de faire entendre ce slogan, qui consiste à dire que le lieu où doit œuvrer une association aujourd’hui -car il est le lieu où la jeunesse se confronte à la socialisation -est bel et bien la rue. Les jeunes l’ont compris et dorénavant les structures associatives qui se créent ont toutes la rue pour terrain d’action. Dans les quartiers nos jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes : parents dépassés, encadrement insuffisant, école inadaptée et ne parvenant plus à transmettre de valeurs, manque de repères identitaires… c’est la rue qui est devenue l’espace de tous les apprentissages. Les bons et les pires : ainsi la violence et la délinquance s’y apprennent, elles, plus vite que le civisme.
Certes les jeunes à la dérive sont minoritaires mais la «petite» délinquance à laquelle ils se livrent est la cause des nuisances les plus ressenties par la population au quotidien : vols à l’arraché, agressions, drogue… Et c’est ainsi que dans certains  quartiers périphériques se développe un phénomène de bandes dont le « hooliganisme » est une illustration. Pour éviter qu’ils ne deviennent de véritables pépinières de violence il faut agir. Or l’absence de volonté et d’initiatives en matière de jeunesse de la part des élus est inquiétante tout comme le manque de travailleurs sociaux formés. Un symptôme devrait nous pousser à tirer la sonnette d’alarme : le langage ! En effet, les adultes ne sont même plus en mesure de comprendre la langue des jeunes et donc de dialoguer.
Deux indices me poussent à penser que de plus en plus la rue devient un enjeu : les manifestations à répétition qui se multiplient et font de la rue un lieu de confrontation ou encore un espace que l’on veut prendre en otage comme prétend le faire ce ridicule «mouvement des républicains marocains» qui, depuis les Pays-Bas incite les Marocains à descendre dans la rue le 13 Janvier !! Mais aussi le fait que la rue interpelle la culture et devient un véritable sujet et objet d’identification. Le film de Nour Eddine Lakhmari  «Zéro» en est un superbe exemple.
Si donc la rue est devenue le lieu où il faut agir il faut aussi s’attaquer aux dangers qu’elle représente car c’est là que les jeunes les plus fragiles représentent une proie facile. La prévention y est indispensable : d’où le besoin de jeunes travailleurs sociaux au sein des quartiers, de moyens donnés aux associations locales et d’aide apportée à la création de clubs sportifs, de structures éducatives extra-scolaires, etc. Il nous faut aussi repenser les rapports jeunesse-police qui ne se font qu’en situation de conflit  et nécessiteraient l’organisation de rencontres permettant aux uns et aux autres une meilleure connaissance mutuelle, une compréhension des rôles de chacun et un dialogue. Il nous faut, par ailleurs, réfléchir à un statut des jeunes bénévoles du  mouvement associatif et leur proposer une formation débouchant sur des emplois sociaux.
Bref, ces propositions simples et de bon sens nées de mes rencontres avec les jeunes, sur le terrain, ne mériteraient-elles pas d’être prises en compte par le ministère de la jeunesse qui semble peiner à élaborer un programme !

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