Chroniques

P. Bourque, Montréalais, ami de Marrakech

© D.R

Parmi les gens de nationalité étrangère qui aiment Marrakech, on en trouve de toutes nationalités allant de l’Européen à l’Asiatique, à l’Africain ou encore à l’Américain. Aujourd’hui, la personnalité qui nous intéresse est un Canadien, Québécois de pure souche, célèbre à Montréal pour avoir été maire de la ville de Montréal pendant deux mandats de 1994 à 1998 et ensuite jusqu’à 2002. Un homme comme Pierre Bourque a consacré sa vie à sa ville natale puisqu’il y est né le 29 mai 1942 pour ensuite y grandir et faire ses études au collège Sainte Marie de Montréal puis au collège de Laval. Ses études supérieures à Montréal et en Belgique vont se solder par l’obtention de plusieurs diplômes notamment une licence en espagnol, un certificat de gestion et une autre d’aptitude à l’enseignement, un doctorat es-sciences à Moncton, enfin il termine ses études en obtenant le titre d’ingénieur en horticulture à l’Ecole supérieure de Vilvorde en Belgique. Nous verrons ultérieurement que c’est le domaine de l’horticulture et celui de l’environnement qui vont guider et tracer la vie et le destin de cet homme. Quand on connaît et on approche cet homme politique d’envergure, on remarque tout de suite sa grande sensibilité, son sens profond de l’amitié et de la fidélité et son intégrité à toute épreuve, un homme passionné, un organisateur exceptionnel. Dans sa façon de faire, c’est un homme qui rompt avec les normes, ce qui en fait un homme et un politicien non conventionnel mais ouvert sur l’avenir. Quand on lui parle, il vous emmène avec lui dans ses rêves, et il a le don et la capacité d’établir de véritables contacts sincères et honnêtes. C’est un homme positif dont on peut lui attribuer le sens de la persévérance et la volonté d’arriver et de vaincre à tout prix. Il est par dessus tout un ami de la nature qui a guidé sa vie, et il a un respect profond pour l’homme quelles que soient ses origines, sa culture ou sa religion. Il sait aussi montrer que dans ce monde bouleversé, en turbulence, que pour survivre, il faut humaniser les secteurs techniques, financiers et sociaux, car pour lui ce sont toujours les hommes qui font marcher le système de n’importe quel pays, ces hommes valables sont la seule issue de réussite de n’importe quelle nation. Après cette brève description de l’homme et de son caractère, attachons-nous à son parcours très spécial qui va le mener bien loin comme nous allons le voir. Après une vie qu’il qualifie de normalement modeste avec ses parents sous les –20° et plus, Pierre Bourque était le 2ème enfant d’une grande famille (5 garçons et 3 filles), dont le père pompier finira comme chef du service des incendies de Laval et dont la mère pianiste très ouverte d’esprit, ce qui fait dire à Pierre Bourque : « J’ai hérité la sensibilité de ma mère et le besoin d’agir de mon père ». Dès son jeune âge, il adorait la nature que son oncle lui découvrir et différents sports qu’il pratiquait. En 1961, alors âgé de 19 ans, il travailla comme journalier au jardin Botanique, un bonheur total, dit-il de cette petite expérience. En effet, son patron, d’origine belge, lui proposa d’aller étudier en Belgique pour en sortir ingénieur en horticulture quelques mois plus tard. Mais de ce séjour en Europe, il en tire plein de leçons de la vie en fréquentant d’autres étudiants belges, africains et asiatiques. Par ailleurs, c’est en Europe qu’il a connu les clivages politiques et sociologiques, les antagonismes entre la gauche et la droite, le choc des cultures, la conscientisation face au tiers-monde, la libération de l’Afrique et le rôle incroyable des intellectuels. Il a aussi vu cette période de la renaissance de certaines villes et la modernisation des infrastructures et de l’économie européenne. Concernant le racisme, Pierre Bourque s’est rangé et s’est engagé auprès de ses amis africains et arabes, solidaire avec eux car dit-il, « moi-même étranger et vivant à distance l’émancipation du Québec». En rentrant chez lui, il obtient un poste de coordinateur à l’aménagement paysager et à l’entretien de la ville de Montréal, il avait seulement 23 ans à ce moment là, il fallait préparer l’Exposition universelle de 1967 que visite la Reine Elizabeth II d’Angleterre. Là, va se produire un choc, chez Pierre, car la Reine, lors de sa visite déclara : « L’exposition est extraordinaire mais le site est plutôt sale ». Avec le colonel Churchill, Pierre s’est arrangé pour que le site reprenne de sa propreté et les 50 millions de visiteurs ont apprécié l’Expo propre. Cette expérience valut à Pierre, la nomination comme directeur des jardins extérieurs et du jardin botanique de Montréal. Après, sous la houlette de Pierre Bourque, vont voir le jour des réalisations dans la ville chérie de cet homme d’une énergie sans égal. Il s’agit des floralies de Montréal réalisées au Parc Maisonneuve (extérieures) et au vélodrome des J.O de 1976 (intérieures), belle réalisation qui sera suivie par une autre «le Biodome» dont sa réalisation était plus ardue pour Pierre que sa fonction de futur maire. Cet événement correspondait avec le 350ème anniversaire de Montréal. Il représentait un musée naturel qui alliait la géologie et la géomorphologie et qui sera ouvert au public (1 km de file d’attente) le 19 juin 1992. Pierre dit : « Après avoir réalisé un projet comme celui-ci, j’étais prêt à affronter un nouveau défi, celui d’être maire de Montréal. Il réalisa ensuite les jardins communautaires avec beaucoup de recherches dans une ville asphaltée qui devient de plus en plus verte. Il rapporta plein d’idées de ses voyages en Chine et en Asie et tout cela lui a appris de relativiser les choses mais surtout de travailler dans la joie et savoir que vivre à fond l’expérience du terrain fait partie de la méthode scientifique. Après ce rude travail, Pierre Bourque, connu par sa ténacité au travail, se fait élire maire de Montréal le 6 novembre 1994 avec dans la tête un programme à réaliser. Il serait difficile de rentrer dans les détails de l’action de Pierre Bourque mais essayons succinctement d’indiquer les axes d’interventions qui ont amené, certes, un changement à Montréal. Tout d’abord, il fallait reprendre une ville un peu délaissée, renforcer cette entité québécoise et surtout Montréalaise. Il fallait rendre Montréal comme un jardin, chose que j’ai pu attester moi-même il y a deux semaines sur place. Avec son équipe, Pierre se voit dans l’obligation de travailler pour rendre Montréal une grande ville internationale. Pour cela, il fallait relever certains défis: avoir un budget à la hauteur des ambitions de la ville, relooker la ville par d’autres jardins, éliminer les terrains vagues, arriver à équilibrer le budget de la ville et réduire le déficit actuariel en trouvant des solutions. Par exemple, il fallait donner une relance au cinéma pour que Montréal soit comme Hollywood ou Cannes. Pierre, en tant que maire de Montréal, est allé chercher les jeux du Québec en tissant une toile d’amitié à l’étranger et à travers le monde. Plusieurs jumelages ont vu le jour avec Pierre, entre Montréal et d’autres villes : Milan, Athènes, Hanoï, Buenos Aires, Boston, Santiago, Casablanca. Lorsque j’ai visité Montréal, dernièrement, et avoir été reçu par le successeur de Pierre, l’actuel maire Gerard Tremblay, un homme sympathique qui continue de travailler pour rendre mieux Montréal. En parlant de Pierre, son action municipale a concerné l’évolution de tous les quartiers de Montréal, où chacun a connu une nette évolution (ville-Marie, cotes des neiges, côtes St Luc, plateau du Mont Royal, Villeray, Rosemont). Pierre a entretenu aussi des relations d’amitié, de respect avec toutes les communautés culturelles et religieuses sans exception. Se rappelant de la période estudiantine, où il avait plusieurs amis noirs africains, il a privilégié des relations avec la communauté noire de Montréal tout comme celle des pays maghrébins ou asiatiques. Pierre Bourque est l’homme ouvert, il pense qu’il est important de comprendre et d’intégrer à la dimension de sa ville, la notion de partage, de la solidarité, de la convivialité qui permettra une meilleure inclusion de tous ceux qui font la richesse de notre société. Ainsi va l’homme, Pierre Bourque, qui aime beaucoup le Maroc et surtout Marrakech. C’est un homme qui comprend ce que veut dire l’aide Nord-Sud et surtout aider ses confrères à rendre leurs villes respectives, encore meilleures. Depuis quelques années, nous avons des relations avec cet homme qui, en tant que maire, veut aider la ville de Marrakech à régler deux dossiers importants : celui de la gestion de la circulation de la ville mais aussi celui du traitement des eaux usées, actuellement déversées sur des champs d’épandage. Bientôt, les études et la réalisation de ces deux projets verront le jour, tout en sachant que Pierre Bourque pense aussi à un rapprochement culturel entre les deux villes et une meilleure collaboration. Lors d’un dîner à Montréal, il nous a fait rire quand il dit : j’adore Marrakech et surtout l’hôtel «Mimouna», après réflexion, nous avons compris qu’il parlait de l’hôtel « La Mamounia ». Pierre Bourque, homme simple venu nous chercher lui-même dans sa petite voiture Honda pour aller dîner avec nous dans un quartier grec de Montréal, car on sent chez cet homme québécois, une envie de découvrir autre chose que Canadien. En tous les cas, depuis qu’on l’a connu, il s’agit d’un vrai ami de Marrakech.

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