Chroniques

Périscope : Bluff

© D.R

Six nations se sont retrouvées à Pékin pour trouver une solution à la crise du nucléaire nord-coréen. La question, sans être simple, est cependant claire : « la clé du problème est que la Corée du Nord ne veut pas abandonner son armement, et a décidé que posséder des armes nucléaires était vital pour sa sécurité nationale », estime un spécialiste. En six mois, Pyongyang a chassé les inspecteurs internationaux de l’armement, s’est retiré du Traité de non-prolifération nucléaire et a remis en service un réacteur nucléaire. La question est de savoir, quels avantages veulent tirer les dirigeants nord-coréens de leur puissance nucléaire? Cherchent-ils à obtenir des garanties de sécurité ou veulent-ils faire du nucléaire leur meilleure arme de dissuasion ? Les analystes penchent pour la seconde solution et prédisent que le Président nord-coréen s’accrochera à ses armes nucléaires, le seul moyen qui lui évitera le destin de Saddam Hussein. Il faut croire que George W. Bush y est pour quelque chose. En classant Pyongyang parmi les pays de l’ «axe du mal», le Président américain a surpris les dirigeants asiatiques, y compris le président Nord-coréen lui-même. Avant George Bush, aucun président américain n’avait fait de rapprochement entre la Corée du Nord et le terrorisme, même si ce pays figurait sur la liste des «Etats voyous». Kim Jong-Il a vite capté le message : après l’Irak, l’Administration Bush s’occupera tôt ou tard de son pays. Curieusement, la position de George Bush n’a pas obtenu le soutien des pays d’Extrême-Orient, y compris de son allié traditionnel, la Corée du Sud. L’équipe Bush n’a pas bien saisi l’évolution récente des relations entre les deux Corées et le changement de la perception, par les sud-coréens, du Nord, et en particulier de Kim Jong-Il, dépeint jusque-là comme un démon. Pour eux, le Nord n’est plus un inconnu ni une menace, mais un morceau de la patrie perdue qu’il faudrait ménager. Pyongyang n’a pas manqué de profiter de cette nouvelle donne pour dénoncer les visées hégémoniques du Pentagone. Aujourd’hui, l’escalade semble avoir conduit tous les acteurs concernés dans une impasse. Le Président Nord-coréen pourrait facilement, s’il le voulait, placer tout le monde devant le fait accompli en s’affirmant ouvertement comme puissance nucléaire. L’Inde et le Pakistan l’ont bien fait. Que feraient alors les faucons de Washington ? Une nouvelle agression préventive ? Peut-être.

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