Chroniques

Périscope : Business is business

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L’Afrique revient aux devants de la scène internationale à travers deux évènements, le sommet de l’Union africaine et la tournée du Président George W. Bush. On est tenté de considérer le sommet de Maputo comme un non-événement compte tenu du peu d’empressement que font les chefs d’Etat africains à s’attaquer aux vrais problèmes qui minent le continent et leur penchant à palabrer des heures durant autour de thèmes sans rapports réels avec le vécu de leurs peuples. La présence du Président américain en Afrique est, elle, bel et bien un évènement qui mobilise tous les centres de décision et tout ce qui compte dans les pays africains visités ou pas. Une constatation nous est rappelée par sa tournée, les démons de l’Afrique sont connus et font oublier tout ce que ce continent a de positif chez ses populations qui essaient par des moyens de bord limités de survivre. Les démons de l’Afrique passent par les militaires, gradés, sous-officiers, hommes de troupes qui constituent un vivier inépuisable des coups d’Etat. En Afrique, on est « soldat ou fonctionnaire » quand on n’est pas chômeur, dit un dicton. Cette armée est le reflet du mal vivre de tout un continent où les chefs d’Etat, anciens putschistes, ex-rebelles, ex-pères de l’indépendance ne sont pas prêts à se livrer au suffrage et accepter la sanction populaire. La présidence à vie et son corollaire, la violation des droits de l’Homme, est l’expression de cette culture de tripatouillage constitutionnel pour s’arroger des mandats supplémentaires. C’est cette gouvernance africaine que les Etats-Unis tentent de changer en cherchant à se replacer sur le plan politique et à surplanter la France pour qui l’Afrique est jusque-là une chasse gardée. Paris risque de se faire distancer par Washington dans un continent dont les relations économiques avec l’Hexagone sont loin d’être à la hauteur des espérances de certains Africains. George W. Bush a eu la tâche facile au Sénégal, en Afrique du Sud, au Botswana, en Ouganda et au Nigeria pour damer le pion aux Européens. A l’image du président sénégalais, qui affiche clairement sa préférence pour les «States», d’autres chefs d’Etat africains suivent son exemple pour peu que les Etats-Unis daignent leur prêter attention. « Business is business ». George W. Bush opte pour ceux qui répondent à des critères très spécifiques à la droite conservatrice et puritaine américaine. Au moins pour sauver les apparences. N’empêche qu’il a étonné nombre d’observateurs de le voir se concentrer sur l’Afrique, alors que son agenda étranger est déjà largement rempli avec l’Irak, la « feuille de route », l’Iran et la Corée du Nord.

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