Chroniques

Périscope : Élections à Riyad

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Sous différentes pressions, dont celle de l’Administration américaine, l’Arabie saoudite va organiser les premières élections politiques de son histoire. Riyad, qui précise qu’il s’agit d’élections municipales et que celles-ci auraient lieu dans les douze mois, ne dit rien du mode de scrutin ni d’une éventuelle participation des femmes dont les conditions de vie font l’objet de critiques récurrentes. L’Arabie saoudite est une monarchie rétrograde où les femmes n’ont pas le droit de conduire et ne peuvent quitter le pays sans l’autorisation de leur mari ou d’un mâle de la famille. Depuis les attentats du 11 septembre, l’Arabie saoudite est sous la pression des Etats-Unis pour amorcer une ouverture politique et engager un processus démocratique. Plus d’une centaine d’intellectuels Saoudiens avaient aussi soumis au prince héritier Abdellah, qui dirige de facto le Royaume, une pétition clamant des réformes politiques et sociales. Dans ce pays, le débat recouvre deux questions distinctes : quels sont les rapports entre l’institution religieuse et le pouvoir politique ? Comment marier la lecture rigoriste (wahhabite) de l’Islam et les impératifs de la modernité ? En fait, le débat pointe l’équilibre instable entre les autorités religieuses et le pouvoir politique, d’autant plus que la famille régnante ne peut se passer de l’institution religieuse, d’où elle tient en grande partie sa légitimité à l’heure où se développe en Occident une formidable campagne contre l’Arabie saoudite, considérée comme la principale source de financement du terrorisme international. Beaucoup en sont convaincus dans le Royaume que la famille régnante doit s’adapter et réformer son système politique. Les attaques à partir de l’étranger, notamment à travers les médias américains ont provoqué un raidissement. Entre l’incontournable réforme politique, l’intégration à une planète mondialiste et la défense d’une identité menacée, la voie d’une réforme électorale même timide paraît bien étroite. Comme le relève un homme d’affaires Saoudien, « nous sommes désormais capables d’identifier les problèmes, mais, pour les résoudre, il ne suffit pas d’un Souverain réformateur, il faut une armée de réformateurs ». L’Arabie saoudite est aujourd’hui lourde d’incertitudes et c’est d’autant plus grave qu’elle est toujours la clé de l’insertion du Proche-Orient dans le système mondial.

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