Chroniques

Périscope : L’idée unique

© D.R

C’est parti pour une mise en place rapide de la démocratie en Irak. Le premier pas d’une prompte instauration de ce concept cher a été l’interdiction faite aux deux chaînes de télévision arabes, Al-Arabiya et Al-Jazeera, d’assurer la couverture de toute activité officielle pour une durée de deux semaines. Impressionnant ! Non seulement cette décision a de quoi décoiffer plus d’un défenseur de la liberté d’expression, mais, de surcroît, elle a été « prise » par le Conseil de gouvernement irakien. Ainsi, cet exécutif provisoire, mis soigneusement en place par les État-Unis, commencerait-il à prendre des décisions. Depuis quand ? L’on risque de trop peiner si l’on s’obstine à chercher une réponse. Il serait même trop crédule d’imaginer qu’une telle instance, composée d’un gotha de marionnettes notoires et chapeautées par une marionnette mieux lotie, puisse un jour prétendre à une quelconque souveraineté ou droit de jugement. Les règles que devront désormais suivre les médias en Irak ont été édictées – certainement pour la seconde fois – dans un communiqué où le Conseil de gouvernement a précisé que sa décision était un « avertissement » aux deux chaînes et à d’autres médias arabes accusés d’inciter à la violence contre les membres du Conseil et les forces de la coalition. Faisant une lecture du communiqué en question, un membre dudit Conseil, ayant toujours vécu en dehors du pays jusqu’à la destitution de Saddam Hussein, a justifié cet acte indigne par le fait que les deux médias sont coupables de faire l’écho de groupes extrémistes appelant à l’action violente et armée. Or, c’est l’essence même de ce métier que de rapporter la vision et l’idéologie de tout groupuscule, quel qu’il soit, sans pour autant se rendre coupable d’incitation à la violence. C’est le cas des FARC, de l’ETA ou d’autres organisations qui font de temps à autre des sorties médiatiques où elles exposent leurs idées sans pour autant que cela relève de l’incitation à la violence. Al-Arabiya et Al-Jazeera ont donc tout bonnement été zappées. Elles sont en fait victimes d’un serial killer qui a déclaré la guerre aux médias « embarrassants » et qui a juré leur perte, l’un après l’autre. Une sorte de main malveillante qui opère dans l’ombre et qui évince tout violon qui n’est pas en accord avec sa partition. Et dire que ceux qui sont en train de creuser la tombe des deux chaînes ont toujours laissé croire qu’ils prônent une liberté d’expression dans toutes ses dimensions, n’hésitant pas à faire le procès de quiconque oserait se mettre en travers. C’est bien parti pour la démocratie en Irak.

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