Chroniques

Périscope : Oraison funèbre

© D.R

La démission de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) risque d’être le déclenchement d’une série de violence aux dimensions imprévisibles. La première réaction d’Israël ne s’est pas fait attendre. Après l’annonce de la démission du chef du gouvernement palestinien, un avion de chasse F16 bombarde sans répit la demeure du Docteur Marouane Abou Rass où se trouvait le guide du mouvement Hamas, Cheikh Ahmed Yassine. Les observateurs ont traduit cette attaque brutale et inattendue comme une menace directe envers Yasser Arafat. Israël craint qu’Abou Ammar prouve au monde entier qu’il est incontournable dans tout processus de paix. Au sein de l’Etat hébreu, les voix se multiplient pour réclamer l’expulsion de Yasser Arafat des territoires palestiniens. Pourtant, dans sa lettre de démission, Mahmoud Abbas accuse les USA et Israël de l’avoir trahi en quelque sorte en mettant constamment des obstacles au-devant de son gouvernement en plus des altercations d’ordre interne de l’autorité palestinienne. Et de ce fait, il s’est avéré impossible pour Abou Mazen de poursuivre sa mission. Le comble c’est que Mahmoud Abass a fait savoir qu’il ne reviendrait pas sur sa décision. Les Etats-Unis, fidèles à leur « ligne » politique, n’ont pas tardé à se prononcer pour faire savoir à l’éventuel remplaçant d’Abou Mazen, quel qu’il soit, d’avoir l’entier contrôle de l’appareil de sécurité. Il doit également disposer d’appuis politiques suffisants pour faire face aux organisations radicales et permettre l’avènement d’un Etat palestinien. En somme, l’oiseau rare. Ce n’est qu’après que la Maison-Blanche a exhorté toutes les parties en présence à réfléchir scrupuleusement aux conséquences de leurs actes. Tous les efforts énormes entrepris en vue d’une paix qui paraît plus inaccessible que jamais risquent de tomber à l’eau. Construite en argile fragile, la « feuille de route » vers la paix, adoptée lors du sommet d’Akaba le 4 juin, se trouve désormais bel et bien à un fil de l’effritement total. La situation pour Israël se résume comme suit : si le choix des palestiniens se porte sur Arafat ou l’un de ses proches, cela veut dire qu’ils appuient le terrorisme. En d’autres termes, c’est au pays hébreu et à lui seul que revient le droit de désigner un interlocuteur palestinien. Car les proches d’Arafat, à travers Fatah et l’autorité palestinienne, sont les plus nombreux dans la sphère aspirant à une paix selon les accords conclu à maintes reprises. Le reste des composantes est divisé entre les non moins nombreuses factions radicales. En attendant, le Hamas a juré de se venger en assassinant Ariel Sharon et celui-ci estime que les chefs du Hamas ont désormais le statut de « condamné à mort ». En d’autres termes, les forces israéliennes continueront à traquer les dirigeants de cette organisation jusqu’à la destruction totale. Comment faire donc pour entamer des négociations de paix dans une région où l’état de guerre est déclaré officiellement de toutes parts ? Ce n’est qu’au pied du mur que l’on voit le mieux le mur.

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