Chroniques

Périscope : Un débat inéluctable

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L’Espagne est en train de vivre une étape très sensible de son histoire contemporaine. Il s’agit de la troisième phase dans la construction de l’Etat espagnol après celles de la transition démocratique, qui a vu naître la Constitution, et l’alternance entre les deux principales forces politiques du pays à savoir le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et le Parti Populaire. En l’espace d’un quart de siècle seulement, le royaume d’Espagne est passé de la dictature à la démocratie, puis la bipolarité politique qui garantit la stabilité des institutions et de la vie politique de ce pays. Un exploit dont le mérite revient au peuple espagnol. Ainsi, après avoir élaboré et adopté la Constitution, les Espagnols ont consacré, via leur vote, le PSOE et le PP, représentant successivement la gauche et la droite, comme deux pôles politiques nationaux. Le premier, ils l’ont chargé de la gestion de la période post-transition avec pour devoir la consécration de l’Etat de droit basé sur l’équilibre entre les nationalismes régionaux et le sentiment d’appartenance au royaume ibérique. Au second, ils ont attribué la mission de la consolidation de ces acquis ainsi que la construction de l’Etat moderne, fort et stable. Mais, aujourd’hui, après deux mandats du PP à la tête du gouvernement, cet équilibre politique semble menacé et les aspirations d’émancipation régionaliste s’imposent de plus en plus en tant que principal sujet de débat politique. Aussi, les projets d’élargissement des prérogatives des gouvernements autonomes, voire même d’in dépendance, se multiplient et les voix qui, il y a quelques années, se limitaient à proposer des réformes, aujourd’hui, elle revendiquent et exigent que tout soit révisé. La Constitution, qui reste le principal acquis de la jeune démocratie espagnole et qui fait l’unité et la fore de ce pays, est soudain mise en accusation et des projets de réforme du statut des autonomies sont proposés. Au pays basque, c’est la fameux « plan Ibarretxe », du nom du président basque et leader du Parti Nationaliste Basque (PNV), qui propose une transition vers l’indépendance de cette région. En Catalogne, c’est le plan Pascual Maragal, d’un côté, et la vision de Jordi Pujol, d’un autre. Idem pour l’Andalousie où l’actuel président, Manuel Chaves, a aussi rejoint le camp de ceux qui exigent une révision du fameux « Estatuto ». Sachant que ces trois autonomies constituent les plus fortes régions économiques du pays, il est difficile d’imaginer que le pouvoir central puisse continuer à ignorer leurs revendications. Il est donc certain que le futur gouvernement espagnol, quelle que soit sa couleur politique, devra affronter ce problème. Ce qui expliquerait bien le départ « prématuré » d’Aznar de la politique.

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