Chroniques

Point de vue : Conjuguer liberté d’expression et ordre public !

© D.R

Nous ne nous en sortirons que tous ensemble. Nous ne pouvons nous offrir le luxe de nous priver du moindre talent, après tout, que nous dénoncions, que nous critiquions, que nous mettions en avant les raisons d’y croire, que nous fassions preuve d’optimisme – dès l’instant où nous sommes de bonne foi- nous voulons tous le meilleur pour notre pays.

Le débat à l’heure actuelle se focalise sur la liberté d’expression et la notion d’ordre public : les jeunes générations ne sont pas élevées avec -chevillées au corps- les mêmes lignes rouges que leurs parents, de plus le Web est passé par là, faisons de cela une chance, une opportunité: celle de l’avénement d’une expression libre, responsable, digne.

Pour cela un consensus doit être trouvé : la liberté d’expression – notamment depuis que les réseaux sociaux ont ouvert une nouvelle fenêtre -est un acquis formidable, qui doit être préservé et sanctuarisé : c’est en «disant», en exprimant des points de vue contradictoires, en lançant des alertes, en émettant des avis– sachant que l’on ne détient pas la vérité, que nous faisons avancer une société…

Pour autant liberté d’expression ne signifie pas menaces, injures, dénigrement, atteintes à l’honneur des personnes et à leur vie privée !

C’est précisément le mélange des genres -entre expression et diffamation- qui fait problème et porte préjudice à cette liberté : insulter le pays, les institutions et l’avenir ne nous fera certes pas avancer et le risque est grand de voir s’instaurer un cycle infernal de «rébellion, répression», où nous aurions tous – collectivement– beaucoup à perdre.

Le respect de la dignité doit être mutuel et nous ne devons jamais perdre de vue qu’un jeune de 18 ans, un jeune de 20 ans est par nature rebelle à l’autorité : celle du père, celle du prof, celle de l’état… c’est dans la nature des choses: emprisonner des gosses est un échec pour nous tous : l’éducation, la responsabilisation par l’accès à une place juste dans la société, la pédagogie, la prévention sont les seuls vrais bons outils.

Parallèlement d’ailleurs il serait urgent d’ouvrir enfin le dossier des peines alternatives, mesures «de substitution» à l’incarcération, qui, elle, devrait demeurer effective seulement pour les crimes.

Les peines de travail d’intérêt général pour les jeunes sont à mettre en œuvre rapidement …

La Toile peut être -doit être- un merveilleux outil de connaissance, de relais, de mobilisation, de réseautage, elle peut hélas aussi être le déversoir de toutes les haines, toutes les outrances: quiconque a une once quelconque de «notoriété» en a fait les frais et sait à quel point cela est détestable…

Comment donc préserver droit de dire, droit de blâmer, droit de dénoncer et de l’autre côté ce que l’on appelle «ordre public», ce débat nous ne pouvons en faire l’économie et tant que nous n’arriverons pas à l’indispensable consensus, nous resterons dans une zone de turbulences.

La contestation et la répression s’alimentent l’une l’autre, pour le pire  : les jeunes s’expriment avec les outils de leur génération tout comme les générations précédentes le faisaient avec les leurs : le problème est que «l’instrument» de cette expression, le Web en l’occurrence, n’est pas encore apprivoisé par ses utilisateurs: ça déborde !

C’est là que l’appareil judiciaire – qui pour faire vivre l’état de droit a besoin d’être respecté– doit faire preuve de clairvoyance, de mesure, de clémence : on ne juge pas un jeune qui conteste -même mal- comme on juge un criminel… le gosse ressortira de prison la rage au ventre et la haine au cœur.

Il s’agit d’éduquer pas de briser.

L’Instance équité et réconciliation reste un modèle du genre, c’est son esprit qui aujourd’hui encore doit nous animer.

Il n’y a aucune honte à reconnaître qu’à bien des niveaux nous sommes en phase d’apprentissage, d’ expérimentation et les excès en sont les passages obligés…

Incarcérer notre jeunesse revient à incarcérer notre avenir, diffamer et insulter notre pays, nos Institutions, notre Roi, revient à préparer le chaos : reconnaissons à nos jeunes le «droit» de ne pas le mesurer et donnons -leur la possibilité de le comprendre en leur apprenant «leurs devoirs».

Et je ne confonds pas jeunes qui dérapent et professionnels de l’insulte.

Au moment où l’on planche sur notre nouveau modèle de développement qui passe bien évidemment d’abord par l’humain, ayons des démarches audacieuses et mettons autour d’une même table ceux qui seront à même de faire avancer cette cause : membres de l’appareil judiciaire (juges, procureurs…), avocats (il en est qui connaissent à merveille la jeunesse et bénéficient de sa confiance, tels Omar Bendjelloun, Youssef Chehbi…), associations de jeunes, clubs d’Ultras, journalistes, etc.

Parions sur l’intelligence, sur la bonne foi, sur l’envie d’avancer tous ensemble et trouvons les voies qui préserveront l’indispensable liberté d’expression et les non moins indispensables règles de vie en société et de vivre-ensemble : nous sommes tous les enfants d’une même Nation.

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