Chroniques

Point de vue : Essaouira, capitale du Maroc futur

© D.R

La ville d’Essaouira a réussi le tour de force d’offrir en l’espace d’une semaine un paysage du Maroc du passé, du Maroc du présent et du Maroc du futur. Pas un passé nostalgique, pas un présent inquiet et pas un futur incertain mais bel et bien le Maroc pluriel de tous les temps ! Aussi bien dans ses composantes culturelles que cultuelles et générationnelles.

En effet du 20 au 22 octobre s’est tenue à Essaouira la 3ème édition du Forum euro-méditerranéen des jeunes leaders, réunissant – à l’instigation de l’ambassade de France, des associations Marocains Pluriels et Essaouira-Mogador et des Fondations Anna Lindh et Sekkat – plus de 300 jeunes venus de tout le Royaume. Des jeunes d’une vivacité d’esprit, d’une lucidité et d’une exigence vis-à-vis de leur pays qui rendent fier et qui à travers des ateliers et des tables rondes ont pu aborder des questions de société fondamentales telles que la manipulation de l’information, l’économie de demain et la condition des femmes et en point d’orgue le dialogue interreligieux. Bien sûr ces jeunes ont écouté, ont appris mais ils se sont aussi abondamment et intelligemment exprimés.

Leurs interlocuteurs, il faut le dire, étaient particulièrement ouverts à leurs questions et à leurs réflexions, que ce soit André Azoulay , conseiller de SM le Roi, l’ambassadeur de France, Jean François Girault, Elisabeth Guigou, le secrétaire d’Etat Othmane El Ferdaous ou bien l’actrice Latefa Ahrrare, l’islamologue Rachid Benzine, la seule femme rabbin de France Delphine Horvilleur, le théologien Ziad Fahed ou encore les écrivains Sanaa El Aji et Driss Jaydane et bien d’autres…

Les discussions passionnantes et passionnées et les ateliers se sont suspendus le temps de la confession si forte de l’ancien salafiste Al Rafiqi (Abou Hafs) qui s’emploie à expliquer tout le danger de la radicalisation aux jeunes.

Ce Maroc du futur a retrouvé quelques jours plus tard le Maroc de la tradition –  tradition porteuse d’avenir – grâce au Festival des Andalousies Atlantiques où le Maroc de toutes les confessions qu’incarne si bien Essaouira, le Maroc des sons et des rythmes qui unissent, le Maroc des mélopées du vivre-ensemble s’est retrouvé non pas pour célébrer une quelconque mélancolie mais bel et bien pour revivifier les racines qui permettent aux ailes de se déployer. J’en veux pour exemple 2 symboles célébrés dans la même journée : la cérémonie célébrant la rénovation de la synagogue Slat Lkahal et celle de l’inauguration du premier village solaire d’Afrique, à Ounagha – à quelques kilomètres d’Essaouira. Comment ne pas voir là la pérennité de notre histoire épousant la vision d’avant-garde de notre avenir ?

Compatriotes musulmans et juifs, chrétiens ont su, par la musique, par la danse, par le chant offrir en ces temps incertains et pétris de violence, une bouffée d’oxygène qui s’est transformée en alizé pour montrer que ce qui avait été possible pouvait l’être à nouveau, et qu’en tout cas en terre du Maroc cela restait une réalité. Oh certes, le Maroc n’est pas un pays isolé des turbulences du monde et sans cesse sur le métier du vivre-ensemble il nous faut remettre l’ouvrage, notamment en direction des nouvelles générations abreuvées d’images de haine via certains sites du Web… Pourtant si l’on relie les 3 jours du Forum des jeunes leaders et les 3 jours du Festival des Andalousies Atlantiques alors les raisons d’espérer l’emportent sur la désespérance que nous offrent certains coins du monde: le lien est celui de la fraternité ! Fraternité entre jeunes, fraternité entre jeunes et adultes, fraternité entre religions, entre origines, fraternité entre passé et présent pour donner du sens au futur, si merveilleusement incarnée par le duo qui a réuni sur une même scène le rabbin David Menahem et la star palestinienne Loubna Salaman.

Fraternité plus forte que la barbarie car les hommes et les femmes de bonne volonté, contrairement aux haineux, parient sur les bons instincts et que quoiqu’en disent ceux qui veulent faire de nos jeunes de la chair à canon, la jeunesse est porteuse de vie, cette vie qui durant toute une semaine a fait vibrer en paroles et en musique les murs de Dar Souiri…fondations d’une ville, de tout un pays -le nôtre- tournées vers l’avenir.

Articles similaires

Chroniques

J’aime marcher sous la pluie car personne ne peut voir mes larmes…

L’engagement n’est pas un long fleuve tranquille, il est un torrent impétueux...

Chroniques

En Algérie, à la place des élections, la guerre ?

Le pays est devenu sous l’ère Tebboune une prison à ciel ouvert...

Chroniques

Les divorces explosent !!

Au Maroc, on parle de contrat de 2 ans de mariage renouvelable...

Chroniques

Né leader ou devenu leader ?!

Nombreux sont ceux et celles qui s’accordent à associer au leader-type un...