Chroniques

Point de vue : La jeunesse n’a pas toujours raison mais la société qui la méconnaît a toujours tort

© D.R

Cette phrase du président Mitterrand est gravée en moi à jamais, elle est d’une justesse imparable, or malheureusement dans notre pays – même s’il faut se garder de généraliser – notre jeunesse est en butte à l’indifférence et/ou au mépris, qui annihilent toute énergie, toute force positive, toute volonté d’aller de l’avant.

Dieu sait si je laboure le terrain et si je rencontre des centaines et des centaines de jeunes : certains qui y croient, qui s’engagent, qui bougent -et Dieu merci ils sont majoritaires- et hélas d’autres qui ont renoncé, qui n’ont plus l’envie, désabusés ou déçus, découragés ou résignés.…

Dans la plupart de ces cas, ces jeunes n’ont pas renoncé d’eux-mêmes, ils ne se sont pas retirés du monde des vivants de gaité de cœur – j’emploie ces termes car hélas nombre d’entre eux se sont réfugiés dans la drogue, les psychotropes ou les tentatives d’immigration clandestine où ils risquent la mort – ils se sont mis hors jeu car trop de vexations, trop de découragement, trop de «hogra», trop d’indifférence… En fait ce sont certains comportements non respectueux, sans aucun sens, certaines attitudes, certains signes de total dédain qui les ont mis hors-jeu, à 20 ans on ne se replie pas dans une vie de reclus parce qu’on le veut, mais parce que l’on croit que rien d’autre n’est plus possible…

Exclusion, relégation, résignation… un triptyque mortel !

En fait le constat fait par SM le Roi est juste, notre modèle de développement est obsolète, il est en train d’agoniser et laisse hélas des victimes sur le bord de la route…

Croyez-moi, je rencontre des situations sur le terrain où l’on a envie de se cogner la tête contre les murs, tellement l’absurde est omniprésent : ça peut être une activité culturelle pour laquelle il faut multiplier les démarches, ce sont des terrains de sport de proximité où il faut payer pour disputer un match, ça peut être la création d’une association qui devient un parcours du combattant, ou encore des jeunes qui ne demandent qu’à pratiquer une activité sportive et qui se heurtent à l’arbitraire et au bon vouloir d’un agent d’autorité…

Et croyez-moi, les difficultés ne viennent pas «d’en haut» mais bien au contraire des échelons intermédiaires, des détenteurs d’un «petit pouvoir» qui écrasent un jeune pour jouir de ce sentiment de puissance, j’allais dire «pour le plaisir»…

Se rend-on compte de l’effet contre-productif, voire dangereux de tels comportements ?

Que veut-on faire de notre jeunesse ? Quels modèles lui offre-t-on, quelle société veut-on lui laisser et quels jeunes voulons-nous laisser à notre pays ?

Nous devons impérativement nous poser ces questions. Et surtout y apporter des réponses !

Nous avons un atout formidable : cette jeunesse, vive, intelligente, talentueuse – la culture, l’apprentissage des langues étrangères, le sport, les nouvelles technologies… sont des domaines où nos jeunes excellent – que nous maintenons en marge, que nous laissons s’étioler et dont nous coupons les ailes avant même qu’elle ne prenne son envol.

Pire, tout ce que construisent les fourmis associatives sur le terrain, tout le travail de proximité effectué peut se retrouver anéanti par un fonctionnaire, un agent d’autorité, un abus de pouvoir… et les dégâts sont considérables.

Le militant associatif a besoin de gagner et de garder la confiance des jeunes pour être performant : le travail de sape, le sabotage – effectués par ceux dont le souci de notre jeunesse est inexistant – sont les pires ennemis de notre avenir, l’énergie dépensée pour les contrer serait tellement plus utile si nous pouvions l’investir dans la réalisation de projets.

Puisse la Commission chargée de plancher sur le nouveau modèle de développement récupérer et entendre ce cri, lancé comme une bouteille à la mer.

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