Chroniques

Point de vue : La jeunesse nous met face à nos responsabilités!

© D.R

Le réveil est brutal pour certains. à force d’ignorer notre jeunesse, à force de la minorer, de l’exclure du présent et du futur, ils avaient fini par la croire invisible, résignée, silencieuse, voire inexistante. Elle se rappelle à nous -et de la pire manière qui soit- en piétinant le drapeau national, en criant des slogans offensants et en cassant, mais qu’espérions-nous donc ?

Que l’on me comprenne bien, je ne justifie en rien de tels actes, certes non, mais je n’y vois que le résultat d’une politique d’abandon de notre jeunesse qui ne pouvait qu’aboutir à ce résultat !

Où sont les interlocuteurs (crédibles) de notre jeunesse, où sont les encadrants, les éducateurs, les enseignants, les parents…/… ? Où sont les politiques?

La semaine qui vient de s’écouler a été riche en enseignements sur ce que notre jeunesse est en train de devenir : l’actualité nous a montré d’un côté des jeunes livrés à eux-mêmes en perte de repères qui souillent notre drapeau, et de l’autre des jeunes engagés, motivés, encadrés au sein d’associations, qui œuvrent au quotidien pour rendre notre société meilleure, lançant à travers le pays une opération de solidarité «Fik lberd, Hak khoud».

Or tous ces jeunes sont nos jeunes, ils sont tous nos enfants, les enfants d’un même pays et tous ces jeunes sont capables du meilleur, si l’on fait l’effort de les écouter, de leur faire confiance, de leur transmettre des valeurs, de leur donner un cadre de vie, des lieux d’expression et d’action !

Or j’ai lu bien plus d’appels à la prison que de propositions d’éducation, de sensibilisation et de discussion. S’agissant de jeunes, d’adolescents, ne serait-il pas plus juste de parler de prévention avant de parler de répression ?

Quant aux jeunes engagés au sein d’associations, qui les soutient ? Qui leur donne les moyens ? Qui les rejoint? J’ai lu bien plus de critiques gratuites de leur action que d’encouragements… Et puis quels exemples sommes-nous donc pour eux, nous les adultes dont le comportement au quotidien n’est qu’une longue succession d’actes d’incivilité : de notre comportement au volant, en passant par notre sens de la citoyenneté sans parler des règles d’irrespect dans nos rapports mutuels…/… pour pouvoir éduquer, pour pouvoir rappeler à l’ordre les jeunes générations, encore nous faudrait-il être nous-mêmes exemplaires.

Rien dans leur environnement ne marque les limites pour ces jeunes, rien ne vient leur apprendre ce qu’est vivre ensemble, à force de les laisser pousser comme une herbe folle, ne nous étonnons pas de nous piquer aux orties !

Il n’y a pas UNE jeunesse dans notre pays, mais DES jeunesses : la jeunesse démunie, défavorisée, en galère dont on ne se préoccupe que lorsqu’elle manifeste et «dérange», il y a la jeunesse issue de la classe (très) aisée, et qui, sans tomber dans la caricature, vit dans une sorte de bulle et il y a la jeunesse issue de la classe moyenne -majoritaire- dont les parents s’acquittent de leurs devoirs, de leurs impôts, triment dur et consentent de gros sacrifices pour donner à leurs enfants une éducation digne de ce nom.

Or personne ne s’intéresse à ces jeunes-là, qui attendent qu’on leur tende la main, qu’on leur montre la (des) voie(s). Hélas qui aujourd’hui essaie de comprendre ce qui se passe dans la tête de notre jeunesse, qui cherche à comprendre pour trouver des réponses, qui dialogue avec eux ?

Je veux reproduire ici le commentaire d’un jeune, Soufiane, engagé dans le mouvement associatif à Essaouira et qui en quelques phrases résume l’état d’esprit d’une grande partie de notre jeunesse des quartiers populaires, désabusée et à la recherche de raisons d’y croire : «Hadchi Bach i3rfo bali wlad cha3b wslat fihom l3dam ou Bach i3rafo bali ila Daw cha3b tsanto lih ou ila lblad trawnat rah bsbab siyasa dyalhom li 3amr 9am3 Machi hada li bghina lbldna walkin fach kaths rask mhgor makib9a iban lik hta hal… lblad mchat ahamdi».

La question est : que voulons-nous faire de notre jeunesse, quelles perspectives lui donnons-nous, quel modèle de société lui offrons-nous ?

Rendez-vous le mercredi 28 Novembre à 19h sur l’Esplanade de la Sqala pour un Café Politis qui tentera d’apporter des réponses.

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