Chroniques

Point de vue : La vision d’un grand commis de l’Etat

© D.R

Je voudrais partager avec vous aujourd’hui le regard – distancié et lucide – que porte un grand monsieur sur notre société actuelle.

Grand monsieur de par la vivacité de son esprit tout d’abord, de par son intelligence, de par l’acuité de son analyse, grand monsieur également en tant que grand commis de l’Etat, intègre, volontaire, visionnaire. Il s’agit de Si Mohamed Berrada, ancien ministre des finances, ancien ambassadeur du Royaume en France, où la communauté marocaine de France lui doit beaucoup, il était -par exemple- l’un de ceux qui ont mis le pied à l’étrier de notre Jamel, découvrant très vite l’immense talent et le potentiel de celui qui allait devenir la star qu’il est actuellement. Aujourd’hui Si Mohamed Berrada est professeur d’Université et il a créé le Centre Links. Il a bien voulu me livrer sa perception sur la jeunesse marocaine actuelle, et je souhaite vraiment la partager avec vous, puisse-t-elle inspirer la réflexion – et l’action- de nos dirigeants politiques !
«Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils moins mûrs et moins responsables que ceux d’hier ? Ne sont-ils plus des battants comme autrefois, susceptibles d’agir sur les événements au lieu de les subir, et d’être des acteurs importants dans la transformation de la société marocaine ?
Je ne le pense pas. Certaines personnes critiquent la jeunesse et oublient qu’elles aussi ont été jeunes. Quand on est jeune, on se laisse naturellement aller à son impulsion, à ses envies, à son enthousiasme. La jeunesse a aussi un cœur à l’instar des personnes âgées. C’est à ce niveau que se situe d’ailleurs sa force. La force de l’amour, l’amour de soi, l’amour des autres. Mais notre jeunesse d’aujourd’hui se trouve aussi devant de grands défis. Car le monde d’aujourd’hui n’est pas le monde tracé d’hier. Nous vivons dans un monde d’incertitude. Son avenir est donc incertain. Elle doit se battre pour trouver un juste équilibre entre les rêves suscités par les messages culturels reçus d’une société dominée par les technologies de l’information, une société de l’avoir et des rêves d’un côté, et les inégalités criantes résultant du modèle économique et social sur lequel repose cette société de l’autre.

Les jeunes ont le sentiment de vivre dans un monde social et politique qui ne les protège pas, qui les laisse se débrouiller tout seuls, ou avec le seul appui, souvent limité, de leurs parents. Ils sont conscients de la fragilité du lien social qui caractérise l’évolution de notre société, marquée aussi par la transition démographique et la baisse de la fécondité. Les jeunes rêvent de se marier, avoir une vie affective et des enfants. Mais la réalité économique et sociale les en dissuade. Ils subissent les effets d’un système éducatif dont l’efficacité reste à démontrer et qui produit malheureusement plus de chômeurs qu’il ne crée d’emplois. Ce sont ces jeunes qui affrontent les taux d’inactivité les plus élevés. Ils se sentent marginalisés, perdant confiance en eux-mêmes, alors que l’objectif ultime de notre jeunesse est de chercher son épanouissement.

Mais notre jeunesse n’abandonne pas le terrain.
Elle sait qu’elle est le ferment de notre avenir. Les batailles menées au Maroc pour protéger l’environnement et donc les générations futures en sont un modèle. Notre jeunesse y est particulièrement impliquée. Notre jeunesse participe activement à la vie citoyenne. Des associations se créent et défendent nos valeurs morales traditionnelles: honnêteté, travail, ouverture sur l’autre. Ce sont surtout nos jeunes qui en sont les acteurs.
Or c’est par la politique qu’on peut susciter le changement. Elle est appelée à remplacer les élites politiques traditionnelles souvent sans soubassement idéologique, sans vision, dominées parfois par des préoccupations à caractère particulier. La jeunesse marocaine ne manque certainement pas de réalisme, ni de capacité d’analyse. On la voit souvent porter un micro, chercher à défendre ses idées et convaincre son auditoire. Les classes politiques traditionnelles n’aiment pas les débats. Elles s’accrochent à la pensée unique. Or c’est par la différence et par les débats d’idées qu’on s’enrichit. Notre jeunesse respecte la différence et anime les débats. Le politique conduit à l’économique. Par ce biais, notre jeunesse impulsera de nouvelles stratégies susceptibles de créer plus de croissance avec une meilleure répartition.
De fait, elle est porteuse d’avenir pour notre pays».

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