Chroniques

Point de vue : Le je-m’en-foutisme

© D.R

Le je-m’en-foutisme est sûrement l’un des pires maux que nous ayons à subir actuellement. Si vous le couplez à la médiocrité, avec laquelle il va d’ailleurs souvent de paire, vous comprendrez beaucoup des situations que nous vivons dans notre pays.

«S’en foutre: s’en désintéresser, ne pas se sentir concerné, pas impliqué, en gros s’en laver les mains…» En fait dans la majorité des cas -et alors qu’il s’agit de leur travail, de ce pour quoi ils sont payés, de ce qui relève de leurs compétences – les ir-responsables refusent d’assumer!Chacun d’entre nous le subit au quotidien en de multiples occasions -notamment face à l’administration mais pas seulement- et allons même plus loin, hélas beaucoup parmi nous se rendent coupables de ce je-m’en-foutisme !

Si l’on prend le dramatique accident de train que notre pays vient de connaître, et bien que n’en connaissant pas encore ni les tenants ni les aboutissants, il semble que le je-m’en-foutisme y tienne une grande part.

Il y a bien sûr la responsabilité des dirigeants, c‘est la règle partout, un drame de cette ampleur ne peut épargner les «têtes»en charge de l’ONCF, ni les ministres en charge des transports, ni de la solidarité -au fait qui a des nouvelles du ministère de la solidarité ? À ma connaissance il a disparu bel et bien – et il est légitime d’attendre des comptes et des redditions de comptes de leur part, mais soyons sincères avec nous-mêmes, qui peut affirmer que d’un bout à l’autre de la chaîne il n’y a pas eu plusieurs manquements ?

Il ne s’agit bien évidemment pas de faire porter le chapeau aux «petits» et cet accident meurtrier n’est qu’un exemple, mais dans la plupart des situations -dramatiques ou anodines- pouvons-nous affirmer que chacun «fait sa part du travail» ?

Hélas combien d’entre nous, au moment où nous demandons à notre interlocuteur, face à une situation où il lui faut assumer, faire son travail, se montrer réactif, avons-nous eu affaire à quelqu’un qui fuit : en ne répondant pas, en nous renvoyant sur quelqu’un d’autre, en tournant les talons carrément, voire en nous affirmant «qu’il fera la nécessaire» alors qu’en vérité il n’en fera rien et nous laissera face à notre problème ?!

Je-m’en-foutisme vous dis-je !

Dé-responsabilisation à tous les étages, médiocrité avérée et sentiment d’impunité font un cocktail explosif qui nous mènent à tous les blocages que nous vivons, et hélas nous conduit parfois à des drames… Et c’est là que chacun d’entre nous a en fait un rôle primordial à tenir, d’abord en ne pratiquant pas nous-mêmes ce je-m’en-foutisme dont nous souffrons tant et en assumant nos responsabilités là où nous sommes, cela aura déjà le mérite de casser ce cercle vicieux ; ensuite en n’acceptant plus passivement d’être victimes de je-m’en-foutistes : insurgeons-nous lorsque nous les subissons, réclamons auprès de leur hiérarchie, dénonçons les manquements en écrivant, en publiant, en pétitionnant…soyons sûrs que si des cas flagrants de je-m’en-foutisme sont dénoncés, punis et que les sanctions sont médiatisées alors c’est tout un processus qui pourra ainsi être inversé.

Quels sont les remèdes à ce je-m’en-foutisme : la responsabilisation, la reddition des comptes, l’exigence de résultats…mais aussi, mais surtout l’éducation : inculquer l’amour du travail bien fait, le goût de l’effort, la satisfaction de la tâche accomplie.

Un exemple vient démontrer que «le pire n’est jamais sûr», alors que l’on se plait à dénoncer l’incivilité des jeunes, à les décrire comme blasés, individualistes, n’étant plus animés de sentiments patriotiques et prêts à tout pour quitter le pays ils viennent de montrer à la population toute entière de quoi ils sont capables -et personnellement je n’en suis nullement étonné, ceux qui me font l’amitié de me lire ici m’en sont témoins : je ne cesse de répéter qu’il faut faire confiance à notre jeunesse et que notre meilleur atout réside en nos jeunes- ils ont fait la démonstration de leur valeur et de leurS valeurS : les premiers à donner leur sang, portant secours, s’organisant pour transporter familles, étudiants bloqués à Rabat ou à Kénitra, proposant des hébergements aux personnes dans l’impossibilité de rejoindre leur domicile…

Et si l’antidote au je-m’en-foutisme, à la médiocrité commençait par ça : la mobilisation civique ?!

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