Chroniques

Point de vue : L’ostentation indécente…

© D.R

De tout temps j’ai toujours trouvé l’ostentation, cet étalage des signes extérieurs de richesse, profondément détestable, quel que soit le pays.

Avouons que dans notre pays nous sommes gâtés en la matière. Or en cet hiver où tant des nôtres souffrent du froid, de la neige, du manque d’eau potable… avouons que ces comportements sont encore plus insupportables et méprisables. Il ne s’agit absolument pas de reprocher à quiconque de vivre dans l’aisance, voire dans la richesse -à des degrés divers nous aspirons tous à un niveau de vie agréable et digne- mais l’opulence dans laquelle se vautrent certains est purement indécente. Il n’est pas dans l’esprit de cette tribune d’aller dans le sens populiste de la «haine du riche», tout aussi nuisible que l’est le «mépris du pauvre»… mais de dénoncer le manque de pudeur, de cœur, de respect qui marquent le comportement de certains Marocain(e)s.

Le terme «bourgeois» a d’ailleurs été suffisamment galvaudé pour ne plus désigner vraiment une partie aisée de notre population. Dans son sens noble la bourgeoisie, celle qui s’est forgée au fil du temps, par son labeur, est une locomotive et se remarque par sa pudeur dans sa façon de vivre, celle-ci est arrivée à une situation matérielle confortable grâce à son travail ou à un héritage qu’elle a su faire fructifier de façon honnête et intelligente.

Non ce n’est pas de ces Marocains-là qu’il s’agit ici mais bel et bien de ceux que j’appellerais les bling-bling, ceux dont toute la raison d’être se résume à «paraitre» et à écraser de leur mépris tout ce qui est «moins nanti» qu’eux. Ils sont minoritaires me direz-vous, certes, mais leur visibilité est aussi écrasante que leur vanité. Et cela est tout particulièrement vrai à Casablanca, où les nouveaux riches, sans éducation, sans civisme, sans culture, font un mal fou. Leur comportement provoquant et provocateur, leurs incivilités répétées, leur mépris pour tout ce qui n’est pas eux, créent dans la classe populaire –et notamment dans la jeunesse- des sentiments qui vont de la rancœur à la rancune et contribuent précisément à alimenter cette «haine du riche» perceptible et néfaste.

Des exemples ? En voici parmi les plus courants et tous vérifiables : c’est ce «gamin» au volant d’un somptueux 4×4 qui démarre ventre à terre pour ne pas donner ses 3 dirhams au gardien de stationnement, c’est ce consommateur dans un café huppé qui interpelle le jeune serveur en le considérant comme un «sous homme», c’est cette conductrice d’une limousine qui ne ralentit pas devant une flaque d’eau transformant tout piéton alentour en serpillière, c’est encore celui qui -à la bouche un énorme cigare- a donné avec condescendance 5 dirhams au jeune cireur qui vient de s’échiner sur ses chaussures… Anecdotes direz-vous? Détails penserez-vous ? Eh bien non car ces comportements odieux ne sont que la partie visible de l’iceberg de la mentalité de ces parvenus, qui causent de profonds dégâts au tissu social de notre pays et ne font qu’alimenter le fossé qui sépare certains Marocains d’autres Marocains. Le respect, la dignité, la justice sociale sont des valeurs à appliquer en tous temps mais en cette période hivernale où tant des nôtres -dans les régions enclavées où dans les rues des villes- vivent au vu et au su de tous dans des conditions aussi précaires, la compassion, la solidarité, la main tendue, le partage doivent être les vertus cardinales de chacun(e).

C’est à ceux qui le pourraient et qui ne font rien qu’il faut en vouloir, ceux qui, dénués de tout sentiment d’amour de la patrie, ne contribuent à la richesse du pays ni financièrement, ni intellectuellement, ni culturellement, mais contribuent à accentuer le sentiment d’exclusion des plus fragiles d’entre nous. Par contre soyons fiers de toutes celles et de tous ceux qui en ces mois de souffrances pour les plus vulnérables, mettent la «main à la poche» et mieux «mettent les mains» dans la neige, dans la glaise, dans le froid pour contribuer à rapiécer notre maillage social bien fragile.

Bien évidemment cela ne peut remplacer une politique sur le long terme-alors que le gouvernement en est toujours à une politique du «coup par coup»- mais cela permet de croire encore en la valeur du Marocain et d’espérer en notre humanité.

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