Chroniques

Post-scriptum : 16 mai 2003 des bombes explosent 16 mai 2010 les filles investissent L’Boulvard

© D.R

Quelles sont donc les principales cibles des partisans de l’obscurantisme, les jeunes, les femmes et la culture. Il y a sept ans, Casablanca et avec elle le Maroc tout entier se réveillait endeuillé : de jeunes Marocains -endoctrinés- avaient tué d’autres Marocains et des étrangers vivant sur son sol. Le coup était rude, des «capteurs d’âme humaine» avaient fait de jeunes, faibles dans leur tête, dans leur vie, dans leur corps, des bombes humaines… A force de lavage de cerveau, d’utilisation indue de la religion,  on avait attaqué la jeunesse la plus fragile pour en faire une arme contre son propre pays. Certes la réponse unanime du peuple marocain avait été à la hauteur du coup, notamment grâce à une marche d’un million de personnes dans Casablanca et au si beau symbole «Matquich Bladi». Sept années après, l’oubli a fait son œuvre négative et si ce n’était les familles des victimes, une poignée de militants et la presse… peu de monde se montrerait capable du -pourtant indispensable- devoir de mémoire. Cependant, quelque part, le travail de résistance à l’obscurantisme porte ses fruits : la culture dans notre pays souffle d’un vent nouveau, dans la musique, l’émergence des cultures urbaines, le phénomène Nayda, le théâtre, le cinéma, l’art qui s’affiche dans la rue, les énergies artistiques qui se libèrent et tous ces festivals qui transforment le Maroc en une gigantesque scène où se produisent des talents confirmés mais, d’où émergent de formidables nouveaux visages. Ceci est une victoire, belle, concrète… même si bien sûr «l’ouvrage est à remettre sans cesse sur le métier». Pour avoir vécu de l’intérieur, ce week-end cette 11ème édition du L’Boulvard (permettez-moi d’ailleurs ici de donner un grand coup de chapeau à Momo, Hicham et Chedwane, discrète mais efficace) et toute leur équipe : quel métier ! Quel professionnalisme !) , pour avoir vécu donc pleinement cette édition, je peux porter le témoignage d’un formidable phénomène : l’incroyable force de la présence féminine ! Dans cet immense public rassemblé sur quatre jours – notamment des jeunes de 15 à 25 ans- il y avait autant de jeunes filles que de garçons : vivantes, jolies, sans complexes, d’un enthousiasme débordant … elles étaient partout présentes, dans le souk associatif, s’affairant dans le staff en coulisses, les animations, mais surtout elles composaient la moitié des spectateurs ! Cela- croyez moi- mérite vraiment d’être signalé et représente le signe incontestable que toutes les intimidations, tout le «terrorisme intellectuel» se trouvent en butte à la soif de vivre de notre jeunesse et à la détermination de nos jeunes filles.  Ceux qui voudraient ne voir ici que débauche, incitation aux «mœurs venues d’ailleurs » et autres maux, en sont pour leurs frais : il s’agit tout simplement de l’expression de la bonne santé de notre jeunesse. Souvenons-nous, cependant, qui si un  jeune nommé Tayeb Khammel ne pouvait être au L’Boulvard, c’est parce qu’il avait trouvé la mort un certain «16 mai 2003».

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