Chroniques

Post-scriptum : Des tabous encombrants…

© D.R

Il existe dans nos mentalités un certain nombre de tabous dont nous avons bien du mal à nous défaire, en grande partie parce que nous les assimilons à des éléments constitutifs de notre culture, voire de notre religion… bien  souvent parce que –d’ailleurs- cela nous «arrange bien» pour notre confort (ou plutôt paresse) intellectuel. Cette semaine par exemple -à l’occasion du Sidaction- le sida a occupé le devant de la scène : or, combien d’entre nous considèrent qu’il ne faut pas en parler, que c’est «hchouma», que cela revient à inciter à la débauche, que c’est contraire à l’Islam…
Passe encore que dans certaines générations, dans certains milieux, on répugne à évoquer ce sujet mais que certains utilisent le sida pour jeter l’anathème sur ceux qui le combattent est révoltant.
Notre culture n’a jamais recommandé l’ignorance, notre religion n’a jamais prescrit de laisser les jeunes générations seules face à un péril mortel. Sensibiliser, informer, alerter, conseiller… ne sont nullement des incitations à la débauche  mais bel et bien des mesures d’assistance à personnes en danger. Hakima Himmich, cette grande dame, à qui la lutte contre le sida dans notre pays doit tout, le dit merveilleusement  bien «les islamistes voient la société telle qu’ils voudraient qu’elle soit, les militants anti-sida la voient telle qu’elle est ».
Le sida existe, il peut tuer, il serait criminel de ne pas le combattre ouvertement et là justement peut-être peut on déplorer que sous prétexte de tabou on ne puisse guère en parler en famille, et pire encore que notre école ne prévoit aucune éducation sexuelle à son programme. Heureusement, sous l’impulsion de la société civile, des médias, de l’engagement de personnalités charismatiques, les choses évoluent…
Il existe bien d’autres sujets qu’il nous faut ouvrir et traiter, non pas pour provoquer ou inciter au relâchement des mœurs, mais tout simplement l’urgence le commandant.
Ainsi en va-t-il -selon moi- de l’alcootest, jusqu’à quand allons-nous évoquer le fait que nous sommes un pays musulman pour passer à côté de cette mesure de salut public. Bien sûr que nous sommes un pays musulman, cela –à ma connaissance- n’est remis nulle part en cause, mais combien de drames, combien de vies détruites, combien de familles brisées à cause d’accidents où trop souvent l’alcool entre en jeu…
Serions-nous si peu sûrs de nos convictions religieuses, serions-nous si fragiles pour avoir peur d’ouvrir de tels débats ?
Au contraire, agissons en personnes responsables et sachons combattre les maux de notre époque avec les réponses appropriées. Fermer les yeux n’a jamais empêché le danger, alors forts de nos valeurs, de notre culture, prenons à bras-le-corps les fléaux pour en parler, en débattre et tenter de les combattre ; c’est aussi cela protéger notre communauté et immuniser nos jeunes et non pas brandir sans cesse tabous et hypocrisie.

Articles similaires

Chroniques

Mieux communiquer, mieux vivre…C’est inspirant, d’être inspirant !

Pour réussir à inspirer les autres et pour réussir à être inspiré...

Chroniques

Le renseignement face à l’essor des criminels en col blanc

Dans ses formes les plus raffinées, la criminalité en col blanc se...

Chroniques

Le terrorisme international appartient-il au passé ?

La menace de la terreur n’a pas disparu de notre monde

Chroniques

Le mouvement associatif marocain… unique !

Je connais beaucoup de pays qui rêveraient de posséder un tel maillage...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux