Chroniques

Post-scriptum : INDH : Cru 2008

© D.R

Il existe deux façons de parler de l’INDH, l’une «technique» (j’allais dire comptable), l’autre «philosophique». Les deux sont nécessaires.
Quel est donc le vrai défi de l’INDH ? Même si le nombre de projets, le nombre de personnes concernées , dans ce combat contre la pauvreté, sont importants le vrai défit réside bel et bien dans le changement des mentalités (véritable (r)évolution des esprits). Et cela ne peut se faire en 3 ans!
La pression que l’on met actuellement sur les acteurs de l’INDH n’est pas forcément un bon moyen : à vouloir trop vite des résultats «visibles», on risque une surchauffe inutile. Car l’on revient de loin !  Redonner l’esprit d’initiative à la population la plus démunie, partir de la base pour élaborer des projets, inverser tout un circuit administratif, impliquer le plus grand nombre… pense-t-on sincèrement que cela peut se faire d’un claquement de doigts ?
Car le scepticisme, la défiance, voire la crainte sont devenus des sentiments naturels auprès de nombre de Marocains (es) échaudés par trop de promesses : c’est tout cela qu’il fallait d’abord combattre. C’est donc tout un climat de confiance qu’il a fallu rétablir pour pouvoir ensuite construire sur du «solide». Ceci étant dit, affirmer que tout va bien serait contre-productif, et ne servirait pas l’INDH. Tout projet sur le long terme a évidemment besoin d’ajustements, c’est aussi cela la force et l’avantage d’une démarche participative. Deux risques pourraient entraver la démarche : faire de l’INDH une démarche procédurière ou bien aller vers une INDH «à deux vitesses». C’est-à-dire dans le premier cas,  multiplier les procédures, les documents, les interlocuteurs… et dans le deuxième, favoriser ceux qui connaissent les rouages, ont les bons carnets d’adresses, l’accès aux élus, aux médias… aux dépens des «fourmis de terrain»  qui se heurteraient à de multiples obstacles. Notamment les jeunes, les femmes, la population rurale. En deux années et demie, l’INDH a obtenu des résultats que peu de politique sociale a pu réaliser sous d’autres cieux : 2008 peut donc être une année de «bilan d’étape» pour remédier à ce qui ne va pas et rebondir. En tant qu’utilisateurs, acteurs de base de l’INDH, nous sommes nombreux à pouvoir dire notre «grain de sel» ; ainsi deux maillons faibles fragilisent la chaîne INDH : le monde de l’entreprise tout d’abord ainsi que le monde de la finance, les banques en particulier. En effet, les «patrons», les entrepreneurs sont trop souvent distants vis-à-vis de l’INDH, alors qu’en termes de formation, d’accompagnement, de savoir-faire en matière d’AGR (Activités génératrices de revenus) leur rôle serait primordial. La CGEM devrait ainsi plus et mieux s’impliquer. Quant aux banques, en matière d’accueil, d’offre de services, voire simplement de disponibilité vis-à-vis du monde associatif (particulièrement les «petites associations»), il faut bien avouer que tout reste à faire. Par ailleurs, deux volets nécessitent une véritable mise à jour: la communication et la formation. Il s’agit là de faire de l’INDH quelque chose de populaire, attractif, accessible : peut-être plus un «moteur» qu’un «levier». Enfin et là c’est une véritable révolution qu’il faut opérer sur le plan local : il est impératif de permettre, de susciter, voire «d’imposer» la participation pleine et entière des femmes et des jeunes. Rien de durable ne pourra se faire sans elles et sans eux. Pour terminer, je voudrais transmettre une constatation —qui va à l’encontre de ce que l’on peut lire ici ou là— ce n’est pas le ministère de l’Intérieur qui tient une place trop importante dans le processus de l’INDH, mais au contraire un grand nombre d’autres « départements » qui n’y prennent pas toute leur place. Venez voir sur le terrain, partout l’implication des gouverneurs, des walis, de la coordination nationale est souhaitée, et —rendons à César ce qui appartient à César— , ils sont les meilleurs partenaires du mouvement associatif.

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