Chroniques

Post-scriptum : la maturité du public

© D.R

Pour le faire venir, on déploie des trésors d’imagination, de communication et des sommes conséquentes ; lorsqu’il est présent, le public devient alors source d’angoisse : comment réagira-t-il, n’y a-t-il pas risque de dérapage, de débordement ? Tous les artistes, organisateurs, acteurs culturels, acteurs sportifs connaissent les différentes étapes de ces affres : je voudrais saisir ici une expérience personnelle pour relater ce que j’ai pu constater il y a quelques jours et m’a conforté dans l’idée que plus l’on responsabilise le public et plus il est enclin à respecter les règles et se comporter civiquement. Chaque dernier dimanche de chaque mois, nous organisons au sein de l’association «Moha’Métis» et en partenariat avec la municipalité de Mohammedia ainsi que la préfecture ce que nous avons baptisé «Mohammedi’Art», événement au cours duquel l’avenue du Parc des villes jumelées devenue zone piétonne, se transforme en espace dédié à l’art et la culture. Dimanche dernier, nous avions donné «carte blanche» à une jeune association de la Kasbah, appelée «Nour» pour qu’elle organise un défilé de mode en plein air ! Le concept en était simple : permettre à de jeunes couturières issues des quartiers de «se faire connaître», pour cela faire défiler des jeunes filles -et des jeunes hommes- présentant jellabas, caftans et jabadors sur un podium dressé sur l’avenue. Le public de «Mohammedi’Art» est pluriel, familles, enfants et bien sûr énormément de jeunes, venus de tous les quartiers et avides de loisirs, d’activités, de dépaysement. Les jeunes mannequins étaient de très jolies jeunes filles et certaines de leurs tenues, toutes très «correctes» n’en étaient pas moins sexy…, elles ont pu défiler dans un «total respect», ni sifflet, ni parole ou geste déplacé, ni plaisanterie graveleuse… le public -toutes générations confondues- a apprécié, a applaudi tout à sa joie de voir que cela était organisé pour lui, gratuitement et que ces mannequins qui défilaient étaient «leurs filles». La maturité du public m’a impressionné, et m’a confirmé que lorsqu’un public s’approprie un événement, qu’il le fait sien, le succès est au rendez-vous. J’avais déjà eu ce même sentiment lors du «Tremplin», petit frère du «Boulevard» organisé aux abattoirs de Casablanca le mois dernier, où des milliers de jeunes -toutes «tribus» et tous looks confondus- fans de musiques qui bougent et font bouger -avaient fait preuve d’un respect du cadre, des artistes et des organisateurs, extraordinaire. Et où aucun incident, en trois jours, n’était signalé. Là aussi, le public savait que cet événement était à eux, pour eux et par eux. Ces exemples vécus, pour dire que le pire «n’est jamais sûr» et que notre public, nos jeunes mûrissent et maturent à la vitesse grand V. Peut-être les organisateurs de matches de foot et les fédérations trouveront-elles là motif à espérer et  peut-être même quelques «recettes».

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