Chroniques

Post-scriptum : Le vide…

© D.R

Je me souviens que dans une chronique précédente, j’évoquais le risque de voir les associations, au Maroc, se transformer de plus en plus en entreprises et que sous prétexte de professionnalisme on se dirige plutôt vers une professionnalisation de notre mouvement associatif.
Je pense malheureusement avoir vu juste et j’en veux pour preuve ce que tout un chacun peut constater –et déplorer- cet été.
Est-ce que soudainement, parce que juillet et août sont là, la population aurait moins besoin d’être encadrée ? Est-ce que soudainement nous aurions moins d’enfants dans les rues, moins de femmes en détresse, moins de pauvreté, moins de drogue… ou bien est-ce que tous ces maux seraient «moins pénibles au soleil» ?
C’est ce que l’on pourrait croire, en faisant le tour des forces en présence : que les élus, que les partis politiques soient, en ce qui les concerne, en vacances n’est pas scandaleux… par contre que nombre d’associations aient mis la clé sous le paillasson est plus problématique.
Je sais bien que les mots «bénévoles», «militants» n’ont plus grande cote aujourd’hui pourtant c’est bien là –en ce moment- qu’ils prennent tout leur sens : croire en une cause, la servir sans contrepartie, en faire l’une de nos raisons de vivre et s’y dévouer.
Or, si un P-dg  d’entreprise a bien droit à des congés, et s’il est absolument légitime que ses employés fassent eux aussi valoir leurs droits aux vacances, il me semble qu’il n’en va pas de même pour le tissu associatif où il n’y a ni P-dg, ni employés.
Ceci ne signifie nullement qu’être responsable, président ou membre d’une association ne donne aucune possibilité à des vacances, souvent méritées ; mais il y a quand même bien des façons d’assurer une présence, de former une sorte de « tour de garde » et de maintenir un minimum d’encadrement à notre jeunesse, à notre population en situation de besoin.
Je suis par exemple très admiratif de ce qu’est en train de réaliser l’association de lutte contre le sida (ALCS), qui passe son été à aller sensibiliser notre jeunesse aux risques du sida, sur les plages ; ou encore de ce que réussit à faire l’association Solidarité Féminine de Aïcha Chenna, qui maintient voire multiplie ses actions en faveur des mères célibataires ; tout comme je suis très admiratif du dévouement des jeunes animateurs des associations de quartiers du Réseau Maillage qui «donnent» leur été à d’autres jeunes pour leur permettre de vivre des vacances qu’ils ne pourraient s’offrir autrement. L’esprit associatif continue bel et bien de souffler dans notre pays mais nombreux sont les risques qui le guettent, notamment celui qui verrait s’amoindrir la flamme du militantisme au profit de la «rentabilité» mal comprise.
Une association est au service d’une cause, d’une population, d’un idéal, elle sert ! Elle ne se sert pas.

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