Chroniques

Post-scriptum : l’esprit de la fête…

Pour avoir connu le lancement de la fête de la musique en France, en 1981, par Jack Lang, je peux sincèrement dire que j’ai retrouvé cet esprit initial, à Casablanca : la poximité, le bénévolat, la convivialité, le métissage… Des jeunes musiciens issus du profond des quartiers populaires, nourris de l’esprit associatif et jouant pour le plaisir de jouer, des artistes confirmés -populaires- transcendant les générations tels Jil Jilala, Tagada, Essiham, Mesnaoua, Ouled Bouazzaoui… et retrouvant une occasion (rare) de remonter sur scène et de faire un «tabac» … et enfin un public, comme bien des organisateurs de spectacles peuvent en espérer : jeune, lors de la première partie de la soirée et rejoint  par un public familial dès 21 heures. Chacune des 5 scènes réparties dans Casablanca a réuni deux à trois mille personnes par site : un public avide de distraction, de détente, d’occasion de se retrouver tout âge confondu, et ce en dépit de la Coupe du monde ! Et tout cela sans aucun incident !
Le hip hop côtoyait le raï, le chaâbi côtoyait la fusion, la musique populaire marocaine se mêlait aux sonorités des cultures urbaines  actuelles… bref, un vrai moment de «communion» comme on aimerait en vivre d’autres… plus souvent.
Les jeunes artistes montraient qu’ils savaient marier ave talent la «darija» avec les sons métissés – sans provocation, capables de charmer leurs parents; et nos artistes confirmés qui prouvaient -à ceux qui en doutaient- que leur prestige n’avait rien à envier à bien des stars internationales. Des moments forts d’échange également quand, par exemple, à la Casablancaise, une famille installée au-devant de la scène offrait le thé aux spectateurs alentours; quant à Sidi Bernoussi, un père de famille interrogeait de jeunes rapeurs sur leur vécu musical ou encore lorsque de jeunes fervents de hip-hop s’accrochaient au cou des Mesnaouas pour une photo-souvenir. Cette réussite est celle des Casablancais (es) avant tout; elle est aussi celle d’une belle collaboration : le Conseil régional du tourisme -organisateur dans le pur esprit de la fête : spontanéité, proximité, confiance faite aux jeunes… La wilaya qui a su l’accompagner- le wali a d’ailleurs marqué la fête de sa présence et enfin le Réseau  Maillage – qui voyait les jeunes avec qui il travaille toute l’année, au quotidien, sur scène…
A souligner, également, la démarche citoyenne de Méditel qui avait choisi de s’associer à cette soirée inter-générations. Or, aujourd’hui c’est bien cet esprit et cette démarche qu’il s’agit de préserver, en la mettant à l’abri de toute récupération mercantile. Cet espace de liberté, de spontanéité, de bénévolat, d’échange doit échapper aux «professionnels», boîtes de com’ et autres «spécialistes branchés», car ce serait la mort de la fête que de la banaliser ainsi en lui ôtant tout ce qui fait sa spécificité par rapport à bien d’autres «festivités»… D’autant plus que cette fête n’a pas coûté un dirham au contribuable!
L’esprit de la fête de la musique me fait penser à ce film où toute une population se mobilise pour sauver un arbre coincé entre 2 tours de béton… notre arbre ici c’est cette fête, préservons la et faisons la prospérer.

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