Chroniques

Post-scriptum : L’indispensable mue

© D.R

Notre pays vit une réelle et profonde mutation; dans le rôle de la dynamo : le mouvement associatif qui a atteint une vraie dimension et investi quasiment tous les domaines sociaux ; la classe politique est –elle aussi- en train de vivre d’importants bouleversements internes qui finiront par en changer la physionomie ; la jeunesse et la scène musicale vivent une sorte de movida; la presse connaît un essor et une liberté de ton rarement atteints dans un pays équivalent au nôtre.
Le visage du pays lui-même change en profondeur, grâce en particulier aux grands chantiers voulus et lancés par SM le Roi : un étranger ou bien, même, un Marocain qui n’aurait pas visité le Royaume depuis longtemps, aurait beaucoup de mal à reconnaître Rabat, Tanger, Casablanca ou Marrakech… D’où vient donc ce sentiment qui nous submerge parfois, de stagnation ou, au tout au moins, de ralentissement ? Réponse selon moi : de nos mentalités.
Nous avons beaucoup de mal à sortir de notre carcan de certitudes, de nos habitudes de pensée souvent obsolètes, de nos préjugés, de notre peur-panique, de tout ce qui est nouveau, de ce qui «dérange», de ce qui est différent.
Notre confort intellectuel passe malheureusement trop souvent, par le refus de remise en cause, par la paresse, par l’ankylose… qui peut finir par mener à la paralysie. Nous en sommes tous, chacun dans son coin, responsables, mais reconnaissons que d’aucuns le sont plus que d’autres: si nous voulons que la population évolue, commençons par lui ouvrir les voies, par lui offrir un choix, par lui permettre la réflexion et le débat.
C’est un véritable renouveau, voire une renaissance de notre paysage intellectuel qu’il nous faut œuvrer. Nous ne manquons ni de beaux esprits ni de talents d’écrivains, de penseurs, de chercheurs, d’analystes…, bref d’intellectuels… quelle est donc la cause de leur mutisme, ou en tout de leur inaudibilité ? Pourquoi sont-ils à ce point absents de la scène?
Dans le contexte actuel, nous avons pourtant bien besoin de leurs réflexions, de leur écrits : il nous faut une élite intellectuelle qui s’exprime et porte la voix du changement, du choix. Une sorte de movida de l’intellect !
Ouvrons les débats, créons des clubs de réflexion, des think-tank thématiques, des instances de propositions, lançons des cafés littéraires, investissons les ondes des multiples Radios qui se sont créées, écrivons dans les colonnes des journaux qui ne demandent rien d’autre…
Pour que la pensée évolue, il nous faut procéder à la mue de l’offre intellectuelle, loin de répondre – à l’heure actuelle – à la demande. Des structures telles les Fondations, le Lions Club, le Rotary, les maisons d’éditions, les médias… entre autres, ont un rôle prépondérant à jouer en la matière : réunissons nos intellectuels (sans se fermer aux apports étrangers) autour de tables, inventons des cénacles, des lieux où débattre… pour en sortir idées, thèses, propositions… Car, ce n’est pas le risque de «pensée unique» qui nous guette, mais plutôt celui de «pensée zéro», alors que nous avons le potentiel pour être un «phare», y compris hors de nos frontières. Muer pour ne pas se paralyser !

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