Chroniques

Post-scriptum : Nos éclaireurs de la pensée…

© D.R

S’il est un silence qui se fait de plus en plus assourdissant et de plus en plus pesant, il s’agit bien de celui de nos intellectuels. Or, parmi les nombreuses définitions de «l’intellectuel», il en est une qui me paraît fondamentale, tout particulièrement dans le contexte actuel, celle qui fait de lui un «éclaireur», un phare, celui qui est capable de poser des balises, de mettre des «petits cailloux blancs» sur le chemin de notre pensée. L’intellectuel peut ici être celui qui écrit, celui qui chante, celui qui milite, qui fait des films… il jouit d’une «aura», d’une estime, d’une reconnaissance qui font que ses avis sont écoutés et entendus, que l’on soit d’accord ou pas avec eux, d’ailleurs: l’important étant que des positions intelligentes, censées, «raisonnables» soient exprimées pour permettre le débat et laisser ensuite la possibilité à chacun de se faire sa propre opinion. Dans notre mutation actuelle, ne sommes-nous pas justement orphelins de nos intellectuels ? Nous le sommes déjà de nos politiques, ce qui rend la responsabilité des intellectuels encore plus grande! Or, pour parler trivialement : ils nous laissent en pleine panade ! Je le vois chaque jour, auprès de nos jeunes, ils sont «paumés», livrés à eux-mêmes; leur manque d’expérience de la vie, les «pressions» contraires… les faisant fluctuer au gré des humeurs, sensibles à celui qui crie le plus fort, au dernier qui a parlé… Sur des sujets aussi fondamentaux que ceux de la violence envers les femmes, la violence «tout court», l’amour, les rapports hommes-femmes, la drogue, le sida, la parité, la modernité…, des     «affaires» comme celles dites «du vin de Meknès» ou de «Ksar El Kébir», ils ne savent que penser. Avouons d’ailleurs que bien souvent les adultes ne sont pas mieux lotis.Alors nous avons, Dieu merci, quelques figures emblématiques tels Ahmed Herzenni, Salah El Ouadie, Khadija Rouissi qui s’expriment, qui «disent des choses», posent des jalons, mais ils devraient être plus audibles, plus médiatisés et surtout ils peuvent être les seuls. Quelques visages nouveaux émergent : Driss Jaydane, Narjis Nejjar, Driss Ksikess… ou encore Mohamed El Gahs, emblèmes d’une génération de quadras, mais là aussi nous aimerions les entendre plus ; que nos médias —notamment les télévisions— songent à eux, lors des grands débats sur les sujets de société…  Nous ne pouvons «faire l’économie» de nos intellectuels, mais encore faut-il qu’eux–mêmes choisissent d’être au rendez-vous. Car le résultat est là: les adultes fuient le débat ou se réfugient dans un conservatisme rassurant, d’autres sont sensibles aux «vents mauvais», d’autres encore cherchent des réponses qu’ils ne trouvent pas. Quant à nos jeunes, il est  vrai que le rap, le hip-hop peuvent les influencer —mais ce n’est pas suffisant ni toujours positif— il ne leur reste alors qu’à se «bricoler» une identité, se forger des repères de bric et de broc ou se chercher des valeurs qui n’en ont souvent aucune!Sans être alarmiste, je pense qu’il y a urgence !
Urgence à penser et à le faire savoir. Urgence à débattre, urgence à éclairer de peur de ne voir l’obscurité (voire l’obscurantisme) prendre le pas sur l’indispensable lumière de l’esprit. Cette chronique n’a guère de prétention mais peut-être allumera-t-elle quelques clignotants chez nos intellectuels, parce qu’ils en allument à leur tour dans nos têtes.

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