Chroniques

Post-scriptum : Nouveaux talents

Fatna Bent Lhoucine s’est éteinte… ses chansons ont bercé des générations de Marocains (es) et si aujourd’hui je commence cette chronique par ce sujet c’est justement pour nous demander ce qui nous «berce» en 2005.
Les chansons de Nass el Ghiwane, Jil Jilala, Lemchaheb sont toujours tendance, dans un tout autre registre Hajja Hamdaouia, Hajja Halima continuent leur carrière, tout comme A.Doukkali ou Belkhayat. Mais donc où sont les nouveaux talents dans tout cela, où sont les nouvelles têtes ?
Si les jeunes Algériens et les jeunes Beurs ont leurs idoles Chab Mami, Khaled, Faudel, Rachid Taha… il faut reconnaître que les nouvelles générations de Marocains (es) n’ont pas de stars de leur âge. Cela signifierait-il que nos jeunes ont moins de talent que leurs aînés ? Si l’on se réfère à une émission telle que Studio 2M et si l’on prend la peine d’assister à la Fête de la musique, Boulevard des musiciens et autres manifestations musicales où se produisent  les jeunes on s’aperçoit au contraire que les talents ne manquent pas. Alors peut-être faut-il rechercher d’autres causes ; plusieurs peuvent être avancées : un manque certain de renouveau dans les inspirations où ce sont toujours les styles «chaâbi» ou «gnawa» ou «raï» qui servent de base, ou bien encore les influences underground «hip hop», «breakdance», «streetstyle» qui monopolisent les émissions des chaînes satellitaires , peut-être aussi le manque de charisme, de présence scénique, de voix sortant de l’ordinaire d’une jeune future star… sûrement un peu de tout cela. Cependant cela n’empêche nullement de se pencher sur les «occasions» qu’offre notre scène nationale et qui, en vérité, sont plutôt des occasions ratées. Les éternelles mêmes émissions de variétés à la télévision, avec les mêmes visages, les mêmes décors, les mêmes attitudes figées, mais aussi des festivals aux quatre coins du Royaume où l’on fait venir à coup de cachets fabuleux des stars «made in étranger» -qui sont d’ailleurs souvent inaccessibles à la population- mais où l’on ne fait aucune place à l’émergence de nos propres talents. L’exemple caricatural en est le festival Mawazine de Rabat au budjet colossal pour un impact réduit.
A l’heure où Casablanca annonce son propre festival, espérons que  la métropole saura éviter ce piège pour faire une place aux expressions urbaines, aux talents qui polluent dans les quartiers populaires, à l’émergence de nouveaux visages.
Les groupes musicaux de Hay Mohammadi, Aïn Chock, Derb Soltane, Aïn Harrouda… attendent cette occasion, les associations de jeunes espèrent être sollicitées, les talents de l’ancienne médina qui répètent le samedi soir dans les ruelles et sur les places de la vieille ville sont disponibles… puissent les organisateurs saisir cette merveilleuse effervescence pour donner l’exemple aux festivals de l’ensemble du pays.

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