Chroniques

Post-scriptum : Prêcher dans le désert

© D.R

Difficile lorsque l’on est impliqué au sein de la jeunesse de se détacher de l’actualité : c’est pourquoi, en préambule, je voudrais ici donner un grand coup de chapeau à ce jeune gérant du cyber de Sidi Moumen, qui par son sens du civisme, a sans nul doute, évité un carnage. Je pense très sincèrement que l’immense majorité de nos jeunes lui ressemblent et que c’est une infine minorité qui est susceptible de se laisser entraîner dans les dérives extrémistes, obscurantistes, terroristes. L’un des problèmes de notre jeunesse est justement le manque de modèles identificateurs : au cœur des quartiers les plus visibles sont en effet les dealers ou les accros aux tentatives d’immigration clandestine, voire les délinquants… bien plus que les jeunes qui bûchent pour réussir à leurs examens ou ceux qui triment dans des petits boulots peu payés… qui, eux, sont le plus souvent «transparents». Or, nos adolescents ont besoin d’exemples, de «modèles» de réussite qui leur donnent des raisons d’espérer et auxquels ils peuvent s’identifier parce qu’issus des mêmes quartiers. Il y a bien quelques sportifs, quelques artistes mais trop peu ; alors heureusement à l’heure actuelle, un certain nombre de jeunes investis dans le mouvement associatif de terrain acquièrent un véritable charisme, deviennent des «leaders», entraînent d’autres jeunes dans leur sillage… de même pour quelques jeunes musiciens qui se font un nom dans les mouvements de cultures urbaines. Il est un défi qui se pose à nous avec acuité, celui de la réussite des quartiers et il faut l’assener avec force, les jeunes ne sont pas un problème mais au contraire représentent une partie de la solution. Nous sommes relativement peu nombreux, investis concrètement dans ce combat, et nous avons souvent le sentiment de «prêcher dans le désert», pourtant c’est en défendant des idées plus grandes que soi que l’on avance, alors nous avançons !
Pourtant, le sentiment de solitude est grand chez les militants associatifs œuvrant au cœur des quartiers, auprès des jeunes. Les motifs en sont trop souvent l’indifférence polie à laquelle nous nous heurtons, le manque de suivi aux promesses faites, le peu de moyens… mais surtout le sentiment de ne pas être compris. Et je passe sous silence les obstacles, le dénigrement, les crocs-en-jambe et autres rumeurs qui viennent saper notre travail… pourtant face à l’importance de l’enjeu, tout cela n’est que de peu de poids et ne représente que «l’écume». C’est d’une vraie mobilisation que nous avons besoin !
Tous ces grands sponsors qui savent mettre leur logo sur les banderoles des festivals, des grands événements culturels, qui savent accompagner les grandes associations de la société civile (et ce n’est pas une critique) doivent également se mettre aux côtés du mouvement assciatif de terrain, tout comme les grandes sociétés ou les mécènes : leur visibilité sera peut-être moins grande (quoique…) mais leur notoriété et leur utilité seront vécues concrètement par les jeunes sur le terrain… Demander efforts, civisme, résultats… aux associations est normal, les accompagner pour y parvenir serait juste.

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