Il est bon, de temps en temps, de se «poser» et de réfléchir, lorsque l’on est engagé… et ceci est vrai quel que soit l’engagement : associatif, politique, humanitaire… Réfléchir au bien-fondé de l’action que l’on mène mais aussi aux perspectives.
Il en va ainsi, à mon sens, de l’engagement associatif au Maroc : lorsque s’est levé un souffle nouveau –au début des années 2000- qui a amené, dans notre pays une «renaissance» du mouvement associatif, la société marocaine entamait à peine sa mue qui allait la faire passer à une «ère nouvelle». Près d’une dizaine d’années plus tard, notre société a changé –en profondeur- les acteurs associatifs à la fois moteurs mais aussi bénéficiaires de ces changements en ont-ils suffisamment conscience ?
Prise de conscience pourtant indispensable pour effectuer l’indispensable adaptation, la nécessaire mise à niveau de l’action qu’ils mènent. Or, lorsque l’on a «le nez sur le guidon», il est très difficile de prendre la hauteur, le recul, nécessaires à l’évaluation. Modeste soldat de «l’armée» des militants associatifs de notre pays, je voudrais, par cette contribution écrite, apporter ma pierre à l’édifice. Notre société civile est dynamique, notre mouvement associatif pluriel et vivant, la grande majorité des militants est performante, intègre et motivée… Associations, fondations, bénévoles, acteurs sociaux… tissent le territoire…
L’INDH a apporté un cadre, des moyens, une synergie…, cependant il nous faut réfléchir et (ré)agir à un certain nombre de déperditions et handicaps : multiplicité des intervenants, chevauchement des actions, «épuisement» du bénévolat, manque de statut de l’acteur associatif, du travailleur social… mais aussi inadéquation entre «l’offre» et la «demande». C’est-à-dire qu’aujourd’hui la population –de par son évolution- émet d’autres besoins, d’autres nécessités, alors que le mouvement associatif continue, souvent, à proposer des actions, des initiatives «dépassées». Ainsi, me semble-t-il, faut-il aujourd’hui mettre l’accent sur les «AGR» (activités génératrices de revenus), qui représentent la véritable clé de l’insertion sociale. Ainsi, toujours selon moi, est-il temps de «décloisonner» les associations et mixer jeunes , femmes, handicapés… au sein des mêmes structures. Le moment n’est-il pas venu également de favoriser la création d’associations d’habitants –par quartiers, par communes- mêlant toutes les générations et gérant concrètement les questions liées à leurs cités ; en partenariat avec les élus locaux. Enfin, une nécessité me semble s’imposer, l’obligation de réfléchir –et d’agir- sur la politique de la ville, peu de structures associatives ayant, à ce jour, pris ce problème à bras-le-corps. Toutes ces «pistes» méritent un bien plus long développement que cette chronique, certes, mais je voudrais terminer par une réflexion que m’inspire l’état du mouvement associatif aujourd’hui : l’implication de plus en plus grande de la population –notamment les jeunes et les femmes- devrait permettre un réel mouvement à la tête de ces structures: l’ère des dirigeants inamovibles n’est plus de mise.