Chroniques

Post-scriptum : Un sacre mot, un mot «sacre» : l’honneur !

© D.R

J’ai beaucoup «marché» dans ma vie associative : en 1983, alors que j’étais adolescent, j’ai fait partie de ces «Marcheurs» qui de Marseille à Paris ont traversé la France pour «L’égalité des chances et des droits entre Français et immigrés», puis en 1984, j’ai (re)marché pour la diversité cette fois, sous le slogan «La France, c’est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange»… En 1985, c’est en portant une «petite main», celle de «Touche pas à mon pote» que j’ai marché à nouveau, contre le racisme.Mon militantisme date de ces moments là, où un jeune apprend ce qu’est le combat pour les droits ! A  l’instar de nombre de jeunes Beurs, cette prise de conscience nous a façonnés et a débouché pour nous sur l’envie de «construire», de participer, de nous «engager»!  J’ai marché pour la Paix, également, aux côtés de André Azoulay, en le rejoignant au sein de l’Association «Identité et Dialogue» qu’il avait créée et qui regroupait Juifs et Musulmans, à une époque particulièrement difficile…puis j’ai marché contre le terrorisme, cette fois-ci au Maroc, en 2003 en criant «Matquisch bladi» ! En expliquant tout cela devant la caméra, je me suis interrogé sur le «Mouvement du 20 février» qui, en ce moment, multiplie les marches au Maroc. Ce regard a mis en évidence une différence entre le «mouvement Beur» et les «20 Févriéristes» : bien sûr je ne parle pas du contexte, mais de la philosophie, de la déontologie d’un mouvement ;  car le militantisme a ses codes, l’engagement a ses règles. Or ceux qui initient une «marche», un mouvement, sont comptables de leurs actes devant leurs concitoyens, il ne suffit pas de lancer des manifestations puis de se laver les mains des retombées collatérales, IL FAUT ASSUMER !  Conscients ou non, consentants ou non, les «jeunes du 20 février» sont responsables de la récupération dont leur mouvement est aujourd’hui «victime» et il leur faut et faudra en assumer toutes les conséquences devant la population ! Tout comme leur désintérêt pour l’inscription des jeunes sur les listes électorales ou leur refus d’être reçus par la «Commission de réforme de la Constitution» me semblent totalement immatures. C’est comme si nous en 1983, à l’arrivée de notre Marche à Paris, nous avions refusé d’être reçus par le président Mitterrand, alors que c’est lors de cet rencontre qu’a été décidé la création de la «Carte de Séjour de 10 ans», automatiquement renouvelable ! Il est –selon moi– nécessaire pour les jeunes du 20 février de «s’extirper» de ce conglomérat pour retrouver une identité. Alors, bien sûr, «s’engager en militance» comporte bien des risques et là aussi il FAUT ASSUMER. Les coups «physiques» font partie de ces risques, eh oui ! –et cela est vrai sous tous les cieux–  mais aussi «les coups bas» : ces mensonges, ces intox, ces «saloperies» que l’on propage sur vous, sans aucun fondement…mais qui vous laissent un goût amer tant il est vain de chercher à combattre la rumeur  ! Et croyez moi je sais de quoi je parle… Bref c’est en «revivant» tout cela que j’en suis arrivé à Si Ahmed Herzenni, ce militant dont -comme tous les Beurs- j’avais une vision lointaine et une connaissance «livresque». C’est en rentrant au Maroc que j’ai vraiment découvert ce Monsieur, sa stature, son charisme, ses convictions et son engagement pour la défense des droits que 13 années de prison n’ont pas entamés. Sa foi dans le Maroc d’aujourd’hui, son combat perpétuel dans la fidélité de ses idées, sa lucidité face aux défis mais aussi sa confiance et son honnêteté vis-à-vis des avancées, forcent le respect. C’est l’honneur de ce Monsieur ! Des militants sincères, convaincus, avec une vision de l’avenir et le souci de l’intérêt commun, n’insultent jamais le passé et certainement pas les militants qui les ont précédés, ceux qui ont «tracé» la route… en ne respectant pas Si Ahmed Herzenni, le Mouvement du 20 février prend le risque de faillir à l’honneur…
Respect, Si Ahmed !

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