Chroniques

Pour la création d’une délégation interministérielle chargée de la jeunesse…

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La jeunesse a le pouvoir d’appuyer sur l’accélérateur pour contribuer au développement et au progrès du pays si elle est concernée, impliquée, intégrée, elle sera, a contrario, l’épine dans le pied de toute avancée si elle est marginalisée, méprisée, reléguée à un rôle de figurante.

Al-Hoceima vient nous le rappeler cruellement, le dialogue avec notre jeunesse est inexistant ! Tous les corps intermédiaires -dont ce serait le rôle – ont failli, il est temps d’explorer d’autres pistes. Le constat est dur mais il est sans appel : où sont les interlocuteurs ? Notre jeunesse est livrée à elle-même : pas de transmission du savoir, pas «d’encadrement», pas d’accompagnement social, mémoire en panne, chômage assassin…

Les adultes responsables qui jouent l’interface et se positionnent en interlocuteurs sont ultra minoritaires, alors qu’ils devraient constituer l’immense majorité. Comment une Nation peut-elle parier sur son avenir si elle ne donne pas les moyens financiers et humains indispensables à la réussite de sa jeunesse. Quand donc le gouvernement se décidera-t-il à décréter la jeunesse «cause nationale» ? Et à se donner les moyens de répondre aux attentes, aux besoins, aux espoirs, aux souffrances de nos jeunes…

Car la question de leur avenir est dépendante de ce que la société, les décideurs, les «responsables» feront pour que notre jeunesse trouve sa place – toute sa place – dans le projet de société que nous devons construire tous ensemble : un projet où «vivre-ensemble» dépassera le stade de concept pour entrer dans les faits et dans les mœurs. La jeunesse a le pouvoir d’appuyer sur l’accélérateur pour contribuer au développement et au progrès du pays si elle est concernée, impliquée, intégrée, elle sera, a contrario, l’épine dans le pied de toute avancée si elle est marginalisée, méprisée, reléguée à un rôle de figurante.

Or c’est hélas ce qu’elle est aujourd’hui !

La grande partie de cette jeunesse vit dans les quartiers populaires de nos villes, ces quartiers sont la proie de trois fléaux principaux, étroitement imbriqués: chômage, désœuvrement, exclusion… et de leurs dégâts collatéraux que sont les conduites déviantes, drogue, alcool, délinquance, possibilités d’embrigadement, absence de civisme, mirages de l’immigration…

Le risque «d’implosion urbaine» nous guette ! La jeunesse est laissée face au vide et les inégalités sociales liées aux inégalités territoriales produisent des jeunes, qui lorsqu’ils sont amenés à parler de leur quartier emploient l’expression «mora chems», de l’autre côté du soleil… Rarement en si peu de mots un sentiment d’exclusion, de hogra a été ainsi exprimé !

Le véritable défi du Maroc aujourd’hui est de réussir à inscrire cette jeunesse dans un projet de société fédérateur…comment faire pour que ces jeunes se projettent dans l’avenir ? Tel est l’enjeu à court et à long termes ! Gagner la confiance de ces jeunes et leur (re)donner confiance est chose ardue…Or il s’agit là de la condition sine qua non pour (re)nouer l’indispensable dialogue!

Pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous sommes embourbés il faut associer la jeunesse aux solutions à trouver, car là aussi il faut que celle-ci puisse s’approprier les projets qui lui sont destinés. Le dialogue en est le point de départ, c’est pourquoi à mon modeste niveau et avec mon expérience de terrain je propose la création d’une «délégation interministérielle chargée de la jeunesse», qui aurait les compétences, les moyens, le pouvoir de remplir cette mission.  Ali Boubid, délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid, dont le militantisme et la hauteur de vue sont ce dont nous avons tant besoin – a réagi à cette idée et proposé la création d’une «délégation à la jeunesse et à la démocratie participative» ! Qui concrétisera cette proposition ? Il y a urgence !

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