Chroniques

Projet Aladin

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Le conte des «Mille et une nuits» intitulé «Aladin et la lampe merveilleuse» est connu d’un large public, aussi bien en Occident qu’en Orient. Un jeune homme pauvre, dont le nom arabe signifie «Noblesse de la foi», se retrouve détenteur d’une lampe hantée par un grand génie dont il doit apprendre à maîtriser les pouvoirs. Cet apprentissage se fait au cours d’un voyage initiatique, durant lequel le héros réussit à vaincre l’ignorance et à parvenir à la connaissance libératrice.
Ce conte et ce personnage ont été choisis par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah que préside Madame Simone Veil, ancienne déportée à Auschwitz et femme politique européenne de premier plan, pour servir de référence au «Projet Aladin» qui a été lancé officiellement, vendredi 27 mars, dans les locaux de l’UNESCO à Paris. Le président sénégalais Abdoulaye Wade était présent, ainsi que les anciens présidents français, mauritanien et indonésien Jacques Chirac, Ely Ould Mohamed Vall et Abdurrahman Wahid. Le Souverain marocain et le Royaume étaient représentés par le conseiller du Roi André Azoulay et par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq.
Le « Projet Aladin » est un programme culturel et éducatif qui vise à mettre à disposition de tous des informations historiques et culturelles fiables et accessibles, portant sur les enjeux liés aux relations judéo-musulmanes. L’urgence de sa création a été principalement motivée par le fait que, dans de nombreux pays musulmans, sont amplement diffusées, et reçoivent une large audience, les thèses dites «négationnistes» qui tendent à minimiser la politique d’extermination des Juifs mise en œuvre par Hitler. En Iran comme en Turquie, au Proche-Orient comme au Maghreb, circulent ainsi librement le livre «Mein Kampf» de Adolf Hitler, ou encore «Le protocole des sages de Sion», un ouvrage écrit au XIX ème siècle à Paris par un faussaire antisémite russe. Pour tenter d’inverser cette tendance, le «Projet Aladin» offre un site Internet en plusieurs langues ( dont l’arabe, le persan et le turc ) où est exposée la réalité du génocide hitlérien. Dans un message envoyé aux participants de la conférence de lancement, le Roi Mohammed VI a déclaré : «Ma lecture de l’holocauste et celle de Mon Peuple ne sont pas celles de l’amnésie. Notre lecture est celle d’une mémoire mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux, dans le Panthéon du Patrimoine Universel». Et le Souverain de rappeler que, durant le nazisme, le Maroc a donné refuge aux communautés juives européennes, et que son grand-père le Roi MohammedV a su s’opposer à l’application des lois racistes de Vichy aux citoyens marocains de confession juive.
Il faut souhaiter beaucoup de succès à ce «Projet Aladin», s’il permet vraiment de faire oeuvre de vérité. La profonde souffrance que vivent actuellement de nombreux peuples musulmans, à commencer par le peuple palestinien, ne saurait justifier la négation de ce qu’a connu le peuple juif sous Hitler. Mais ce programme ne sera vraiment recevable par les musulmans que si il sait, aussi, prendre en compte la douleur qui est aujourd’hui la leur.

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