Chroniques

Si tous nos cinéastes se donnaient la main…

© D.R

La belle ville du détroit est en train de vivre des jours merveilleux et elle montre qu’elle est fière et heureuse de recevoir nos stars et assimilés. Depuis l’ouverture officielle du Festival vendredi dernier, nous n’avons pas arrêté de voir des films, des courts, des longs, des bons et des moins bons, mais tout neufs, certains encore dans leur emballage. Nous avons débattu durant des heures et des heures et parfois jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Cet événement est considéré, et à juste titre d’ailleurs, comme une grande fête car c’est l’occasion où tout ce que notre cinéma compte comme cinéastes et cinéphiles se rencontre durant plus d’une semaine pour visionner ensemble la cuvée de l’année et en tirer les conclusions et les leçons qui s’imposent.

De l’avis de tous, cette édition a un goût un peu spécial, ne serait-ce que parce que c’est la première fois dans l’histoire de ce festival que les films qui sont en compétition ont été sélectionnés, autrement dit qu’on n’a pas pris tout ce qui a été produit dans l’année, comme c’était le cas avant, c’est-à-dire presque dans une autre vie. Et d’une. De deux, alors qu’avant les jurys étaient constitués essentiellement de membres venus de l’étranger, cette année les jurés sont totalement marocains et les jurées exclusivement nationales. Ce choix n’a rien à voir avec le chauvinisme, mais obéit à une approche tout-à-fait rationnelle et logique, à savoir que les oeuvres de nos cinéastes doivent d’abord être jugées par leurs pairs  du bled et pour une raison toute simple : il s’agit d’un festival NATIONAL.

Ceci étant dit, rien n’empêche que ces mêmes films participent plus tard  à d’autres festivals internationaux ici au Maroc ou ailleurs à l’étranger et êtres jugés, ces fois-ci, par des jurés étrangers.

En fait le vrai débat, dont d’ailleurs on commence à ressentir quelques prémices, c’est justement de faire en sorte que la qualité de ces œuvres soit relevée avec la volonté et le désir que certaines d’entre elles puissent  participer aux festivals les plus prestigieux dans le monde et avec l’espoir, pourquoi pas,  d’y être primées. Cet objectif est probablement très difficile, mais pas impossible à atteindre. En effet, nous avons des cinéastes très talentueux, rares, mais ils existent ; nous avons également des producteurs ambitieux, rarissimes, mais qui sont là ; et nous avons l’État qui, jusqu’à aujourd’hui, finance la quasi-totalité des films marocains. Si nos auteurs, nos réalisateurs et nos producteurs décident tous ensemble de faire preuve d’un peu plus de sérieux, un peu plus d’exigence, un peu plus d’audace et, il faut le dire, un peu plus de transparence et d’honnêteté, je suis persuadé que les institutions qui sont en charge de notre cinéma pourraient soutenir cette nouvelle dynamique car c’est dans l’intérêt de tous.

D’ailleurs, entre nous, nous n’avons plus le choix : soit nous optons pour la qualité et rien que la qualité, et, à ce moment-là, nous pouvons peut-être arriver à nous faire remarquer chez les grands ; soit nous continuons de faire dans la médiocrité et dans la suffisance, auquel cas, nous resterons des faiseurs de petits films, et nous aurons beau participer à tous les festivals mineurs à travers le monde, nous ne ferons que du surplace, et lorsqu’on fait du surplace – ça c’est scientifique – on ne risque pas d’aller bien loin.

Et il ne faut pas non plus oublier que nous avons deux autres grands défis complémentaires : d’une part, mettre enfin fin à cette hémorragie dramatique des salles et enclencher un mouvement inverse, et, d’autre part, faire revenir, bien entendu d’une manière progressive, les millions de spectateurs qui ont déserté ces salles. Oui, je sais que je rêve, mais, vous savez, le cinéma est d’abord un art qui fait rêver.  Alors, rêvons ensemble, et qui sait, peut-être…
En attendant, je souhaite  à tous les rêveurs et à toutes les rêveuses un très bon week-end. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rire un peu : pourquoi certains font souvent l’amalgame entre «darija» et francophonie, alors que la darija est avant tout arabophone ?

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