Chroniques

Souvenirs de « Al-Tahrir » (54)

© D.R

Pour mettre en exergue l’importance de ces dispositions de libération économique, je publiai, dans la rubrique ”Bonjour” du numéro du 19 octobre, un commentaire où l’on pouvait lire :
”Aujourd’hui seulement, les Marocains peuvent à juste titre se dire un peuple libre, vivant dans un pays indépendant. L’indépendance politique que nous avons réussi à obtenir il y a trois ans était en effet imparfaite, étant donné que ni notre économie, ni notre monnaie, n’étaient indépendantes. Mais si nous avons pu libérer notre économie, cela ne signifie nullement que le parti soit gagné, ni que le ciel du pays va désormais se mettre à nous arroser de dirhams. Engagé voici huit mois, notre combat économique est loin d’être achevé. Gagner une bataille n’est point gagner la guerre; or; notre gurre est celle de l’édification de notre économie nationale. Nous la menons contre la pauvreté, le chômage et l’ignorance.”

6- Des batailles et des réalisations
A l’occasion du premier anniversaire du gouvernement Ibrahim, et alors que le pays entamait la quatrième année de son indépendance, nous publiâmes une série d’articles expliquant les circonstances de la bataille. Dans le numéro précédent, nous reproduisons le premier de ces articles, consacré au drame de la famille de la résistance. Les quatres autres traitaient, eux, respectivement, des sursauts libérateurs que le pays avait connus durant les années 1958-1959, des dispositions de libération économiques entreprises par feu Abderrahim Bouabid, des pas que le gouvernement avait pu réaliser concernant la réforme agraire, et enfin, de la politique extérieure poursuivie par ce même gouvernement, politique bâtie sur le principe de la non-dépendance. Nous nous contentons d’en produire ici le troisième et le quatrième, tous deux directement attenants à la bataille pour la libération économique, objet du présent numéro. Le premier, troisième de la série, parut dans le numéro du 15 novembre 1959. Il était intitulé justement ”La libération économique”. En voici le texte :
”Il y a un an, jour pour jour, s’engageait une grande bataille que le Roi, le gouvernement et le peuple marocains devaient livrer contre le colonialisme et ses collaborateurs, et contre les profoteurs et autres arrivistes. Cette bataille, qui a commencé dès l’investiture du gouvernement Ibrahim, et qui se poursuit aujourd’hui ancore, est celle de la libération économique.
Nous nous rappelons tous que le premier problème auquel le gouvernement de Sa Majesté eût à faire face était celui de la dévaluation dont le franc français avait fait l’objet. Le franc marocain étant à l’époque lié à la monnaie française, et l’économie nationale tributaire de celle de la France, cette dévaluation, décidée unilatéralement par le gouvernement français, avait mis le Premier ministre, M. Abdallah Ibrahim, dans cette alternative : aligner notre monnaie sur le franc français -ce qui revenait à laisser l’économie nationale dans une inadmissible situation de dépendance- ou alors maintenir la valeur du franc marocain, le libérant de tout lien avec son homonyme français, mais engageant, par-là même, la bataille de la libération économique. Choisissant la seconde option, le gouvernement avait alors annoncé qu’il ne suivrait pas la dévaluation de la monnaie française.

• Par Mohammed Abed al-Jabri

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