Chroniques

Transmission : Jamel

Il est partout ! En tenue de Romain sur d’immenses affiches annonçant le film «Astérix et Obélix», au fronton des cinémas, en couverture de journaux, de revues, en invité vedette d’émissions sur toutes les chaînes de télévision… Le début de l’année 2002 en France est marqué par le triomphe d’un jeune de 25 ans. Et pas n’importe quel jeune puisqu’il s’appelle Jamel et qu’il est d’origine marocaine.
Jamel a un formidable talent et celui-ci éclate aujourd’hui au grand jour. Pour bien le connaître, je peux dire à quel point –depuis l’âge de 13 ans- de théâtres en maisons de jeunes, de «ligue d’improvisation» en spectacles associatifs, de banlieue en cités…Jamel a exercé et peaufiné son talent.
Ce qui lui arrive aujourd’hui est très largement mérité. Volonté, opiniâtreté, courage, persévérance… il lui a fallu tout cela pour surmonter nombre d’obstacles qui se dressent forcément sur le chemin de tout jeune issu de l’immigration, né d’une famille modeste dans une banlieue «défavorisée».
Jamel est donc devenu un symbole. Symbole d’une génération, symbole d’une population, symbole de la réussite et malgré tout ce que cela peut représenter comme fardeau et comme risque de «grosse tête», Jamel est resté lui-même. Il n’oublie ni d’où il vient, ni sa famille, ni ses amis de quartier, ni ses années de galère. Son naturel s’allie à une véritable intelligence et une faculté de répartie hors-pair. Il faut l’avoir vu chez Ardisson, chez Fogiel, dans l’émission «7 à 8»…
s’exprimer sur des sujets graves tels que la situation au Moyen-Orient, les attentats du 11 septembre, la mort du petit Larbi… toujours il a su trouver les mots justes et se sortir de questions par lesquelles on voulait le mettre en difficultés sur ses rapports avec l’Islam, le Maroc ou le Roi Mohammed VI.
Alors bien sûr que la réussite de Jamel ne peut cacher le trop grand nombre de situations d’échec vécues par les jeunes issus de l’immigration. Mais pourquoi bouder son plaisir, pourquoi ne pas célébrer ce qui doit l’être et souhaiter que de nombreux Jamel émergent dans tous les domaines.
D’autant plus que Jamel ne renie rien de son origine, de sa marocanité. Bien au contraire il les revendique fièrement. Pas une revendication aggressive, revancharde mais une assurance tranquille et digne. Jamel, c’est aussi –pour toutes ces raisons – une part de rêve. Un rêve devenu réalité qui prouve que le travail et l’authenticité sont des facteurs de réussite. Un exemple pour tous ceux que le quotidien peut parfois pousser au désespoir, même si, cela va de soi, tout le monde n’a pas vocation à devenir un Jamel.
Aujourd’hui, Jamel ne s’appartient plus vraiment ou en tous cas plus seulement; l’histoire de l’immigration, le contexte en font le fer-de-lance d’une communauté.

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