Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

Coup de gueule. La France qui se contente d’un match nul devant la fraîcheur des "petits" Suisses, tombe sous le sens. Le Brésil qui ne gagne que d’un petit but, dans un tournoi où la moyenne est de presque trois "gools" par match, angoisse.
Entendons-nous, le Brésil est ma patrie de substitution qui chasse ma mélancolie lorsque  le Maroc rate bêtement une phase finale de la Coupe du monde.  Un lieu commun : c’est avec le Brésil et seulement avec le Brésil que le foot atteint son statut de huitième art. Une crainte : que les Brésiliens rééditent la mésaventure de 1982.

Coup de cœur. Pour Guy Carlier, les deux tonnes et demi de chair et de graisse, qui sévit aux côtés de Marc Olivier Flogiel dans «On ne peut pas plaire à tout le monde» de FR 3 et dont on pouvait apprécier l’humour pince sans rire avant que les faux génies de Derb Ghallef n’avouent leur incompétence. Guy Carlier vient de sortir chez Plon «Le cœur au ventre» comme la peur au même endroit. Peur du regard des autres, peur de la vie et de vivre quand la punition nourrit la boulimie.
Obèse jusqu’au bout du nombril, Monsieur Carlier en rit. Son ouvrage est une magistrale démonstration de ce que l’autodérision a de thérapeutique. Et aussi de subtile et de sublimant.

Moins subtile, Cheikh Yassine. Sa «kawma», que l’on traduit chez lui, semble-t-il, par «l’éveil suprême», est une proche parente, si ce n’est sa sœur jumelle, de l’insurrection. J’apprends que lui n’est pas de cet avis. Son «éveil suprême» est antinomique avec révolution. C’est ce qu’il assure. Là où la révolution recourt à la violence, la «kawma» utilise la force purificatrice. Nuance. Dont Lénine a usé toutes les subtilités en opposant «la violence révolutionnaire» à «la violence réactionnaire». L’une serait légitime parce que  tendant à faire le bonheur des gens, fut-ce malgré eux, l’autre à les maintenir sous la domination. Bref, avec la force de la «kawma» sans rapport avec la violence de la révolution, on est dans le même schéma que Brigitte Bardot qui trouve qu’il est plus barbare de manger le matin de l’Aïd un mouton égorgé à domicile que de se délecter la veille de Noël des centaines de milliers de dindes qui sont passées par l’abattage industriel.   

Le dindon de la farce, je le fus avec  Marock en déboursant 25 DH à un cinéma en déshérence. Pourtant, un lecteur m’en veut gentiment de ne pas avoir aimé le film et me conseille d’y refaire un tour. Nul besoin, ma religion est faite. Plus intéressant, le même lecteur me reproche de ne pas avoir observé «la neutralité que ce doit tout journaliste». Vaste débat. La neutralité ? Alors même que j’écris, que l’écriture est une expression des plus fortes de l’engagement ? La neutralité, je n’y crois pas! Pas plus qu’à l’objectivité ! Cependant, je crois à l’honnêteté, entre autres de l’information, sa sacralité disait Mohammed V. Le commentaire, lui, est libre. Dans certaines limites. Le commentaire ne se superpose-t-il pas en permanence au comment taire ? Le bon vieux sens populaire le sait bien, «toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire». Si la censure est condamnable, l’autocensure échappe à la condamnation. Dans le Parrain, Brando disait à Al Pacino, «celui qui viendra te parler de négociations sache que c’est lui le traître». Quel rapport ? Aucun si ce n’est de savoir que celui qui décrie l’autocensure et se targue de ne pas la pratiquer est, au choix, un aliéné mental, un fieffé menteur ou un parrain de la censure.
L’autocensure, j’en ai beaucoup usé dans ma critique de Marock. Le film m’a appris tout de même que l’autobiographie pouvait être exotisme. Se poser sur soi-même le regard d’un autre, faire le touriste dans ses propres entrailles, j’admets, c’est très inventif.  

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